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Un moustique de l'espèce "Aedes aegypti", dans le laboratoire du Centre d'études de parasitologie et vecteurs de l'Institut de recherche CONICET à La Plata, en Argentine, le 26 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'insecte est un des principaux vecteurs de transmission à l'Homme de virus comme la dengue, la fièvre jaune, le zika ou la chikungunya. Un dommage collatéral à son simple objectif de se repaître de sang, humain de préférence.
Pour l'atteindre, il intègre simultanément plusieurs moyens de détection, rappelle l'étude conduite par des chercheurs de l'Université de Californie à Santa Barbara.
Aedes aegypti détecte d'abord l'infime fluctuation de dioxyde de carbone (CO2) dans l'air, induite par la respiration d'un être humain. Cette détection opère jusqu'à plus de dix mètres du sujet.
Elle a pour effet, selon l'étude parue mercredi 21 août, d'"élever son activité locomotrice et d'accroître sa réactivité à d'autres stimuli issus de l'hôte". Notamment les indices olfactifs propres à l'odeur humaine, détectables jusqu'à un à deux mètres.
Seulement, Aedes aegypti étant doté d'une "pauvre acuité visuelle", l'efficacité de ces indices pour trouver le chemin vers sa cible est diminuée par d'éventuels courants d'air.
En revanche l'insecte sait qu'il touche au but une fois tout proche de la peau humaine, à moins de 10 cm, en y détectant humidité et chaleur. Reste à arriver jusque là.
Serpent à sonnettes
L'équipe de l'université de Californie, menée par le Professeur Craig Montell, a cherché à savoir si Aedes aegypti pouvait, comme le serpent à sonnettes ou certains coléoptères, s'aider aussi du rayonnement infrarouge émis par tout être vivant pour affiner sa position.
Le corps humain perd naturellement de l'énergie, en partie sous forme de rayonnement infrarouge. Le même qui révèle, à l'aide de lunettes de vision nocturne, la forme d'un homme ou d'un animal dans la nuit.
Vue au microscope d'un moustique de l'espèce "Aedes aegypti", dans le laboratoire du Centre d'études de parasitologie et vecteurs de l'Institut de recherche CONICET à La Plata, en Argentine, le 26 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les chercheurs ont procédé à une expérience comportementale en plaçant 80 moustiques femelles dans une cage, distante de quelques centimètres de deux plaques dont l'une à température ambiante de 29,5 degrés Celsius, typique d'un pays chaud, et l'autre pouvant être amenée à celle de la peau humaine : 34 degrés Celsius.
Ce dispositif permettait par ailleurs l'émission d'un discret nuage de CO2 et la diffusion de l'odeur de sueur humaine émanant d'un vieux gant.
En combinant ensuite ces éléments et en filmant le comportement des moustiques, ils ont constaté qu'un indice unique, CO2, odeur ou rayonnement infrarouge de la plaque portée à température de la peau, entraînait une réponse très faible. Elle était nettement plus marquée avec une combinaison d'odeur et de CO2. Et maximale en associant rayonnement infrarouge, odeur et CO2.
L'étude note que la température de surface d'autres mammifères dans l'environnement des humains peut varier jusqu'à 10 degrés Celsius. Pas de chance, c'est celle de la peau humaine "qui est la plus attirante pour les moustique", selon l'étude.
Qui précise que selon les observations Aedes aegypti peut détecter le rayonnement infrarouge de la peau jusqu'à au moins 70 cm du sujet. À une distance "intermédiaire" entre celle où il repère CO2 et odeurs corporelles d'une part et chaleur et humidité de la peau d'autre part.
L'équipe de l'université de Californie explique cette capacité par le chauffage via le rayonnement infrarouge de l'extrémité de neurones situés sur les antennes de l'insecte. Ce réchauffement "active à son tour des récepteurs thermosensibles", selon l'étude.
Les auteurs supposent que "la détection par infrarouge pourrait être largement utilisée parmi les moustiques se nourrissant de sang pour se diriger vers des hôtes à sang chaud". Et si c'est le cas, les chercheurs évoquent la possibilité de concevoir "des pièges à moustiques plus efficaces".
AFP/VNA/CVN