Un lundi plein de boue et de désespoir pour une ville tchèque inondée

Marek Prochazka fêtera ses 50 ans mercredi 18 septembre, mais il n'y pense pas au moment où il doit porter un seau rempli d'eau potable puisé d'un réservoir installé sur une place toute recouverte de boue.

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La place principale de Krnov, en République tchèque, couverte de boue et de flaques d'eau après une inondation, le 16 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

M. Prochazka vit à Krnov, une ville située à environ 240 km à l'est de Prague, balayée dimanche 15 septembre par une crue record des rivières Opava et Opavice.

Marchant sur les pavés d'une rue historique depuis la place principale, M. Prochazka estime que l'inondation de dimanche 15 septembre était même pire que celle, record, de 1997 qui avait aussi touché la ville.

L'inondation de 1997 avait fait 50 morts et causé des dégâts d'une valeur de trois milliards d’USD principalement dans l’Est de la République tchèque.

"C'est un désastre", a déclaré lundi 16 septembre à l'AFP cet homme barbu avec une boucle d'oreille, en arpentant la route. "Les autorités ont indiqué que 80% de Krnov était sous l'eau, nous pouvons donc deviner à quoi cela ressemblait. Nous étions coincés chez nous et n'avons rien pu voir d'autre que le torrent dans notre rue".

Avant le déluge, Krnov, qui compte 23.000 habitants, était fier de sa synagogue réparée, d'un château et de plusieurs églises bien entretenues.

Mais son centre ressemblait lundi 16 septembre à un champ de bataille, les gens déambulant au milieu de débris, contournant les mares et les nids-de-poule nouvellement apparus, ainsi que divers objets enfouis dans la boue profonde, comme une botte en cautchouc isolée.

"Un cauchemar" 

Dans un lotissement voisin, Eliska Cokreska, une retraitée marchant avec des béquilles, raconte sa promenade matinale près d'une petite colline pleine de voitures garées là par mesure de sécurité.

"Je suis allée jusqu'au jardin du château, c'est un désastre. Tous les trottoirs sont détruits, tout est renversé ici, tout est cassé autour du magasin, tout est détruit, c'est un cauchemar", dit-elle. "Il faudra une éternité pour tout remettre en état, et c'était vraiment bien réparé".

Les rivières de Krnov ont commencé à monter à cause de fortes précipitations qui ont commencé vendredi 13 septembre et se sont poursuivies jusqu'à dimanche matin 15 septembre.

Elles ont atteint leur niveau maximum dimanche 15 septembre, puis se sont rapidement retirées pour révéler les dégâts lundi 16 septembre, dès le matin.

Des voitures garées en hauteur pour les sauver de l'inondation, à Krnov, en République tchèque, le 16 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Dimanche, c'était le pire, l'eau arrivait de tous les côtés, on ne savait plus vraiment d'où elle venait", se souvient Mme Cokreska. "Nous en avons assez, nous avons eu une inondation (en 1997) et maintenant encore celle-ci", a-t-elle ajouté.

Une marque sur une maison du centre-ville et des taches d'eau indiquent que la vague de dimanche a atteint environ 30 centimètres de plus qu'en 1997.

"Je me disais simplement: +Oh mon Dieu, faites que ça passe+", confie Mme Cokreska.

"Les mots me manquent" 

Les autorités ont annoncé lundi matin qu'une personne était décédée et que sept autres étaient portées disparues à la suite des inondations en République tchèque, qui ont touché aussi d'autres pays d'Europe centrale.

Le trafic routier et ferroviaire a été interrompu sur l'ensemble du territoire tchèque et des dizaines de milliers de foyers restent encore privés d'électricité, en particulier dans le Nord-Est du pays, le plus durement éprouvé.

La pluie a repris lundi 16 septembre et devrait durer jusqu'à mercredi 18 septembre dans certaines régions tchèques.

Visiblement émue par le spectacle de la catastrophe, Marketa Duroskova Bezrucova, conseillère municipale de Krnov, se dit "stressée, triste et dévastée".

"J'étais coincée chez moi, au cinquième étage, mais entre les deux rivières, et je pensais à notre belle ville", indique-t-elle.

"Nous avons tellement pris soin d'elle et nous étions déjà sur la bonne voie pour la rendre vraiment belle, y compris les environs, et accessible aux touristes", souligne Mme Duroskova Bezrucova.

En parlant, elle fait de longues pauses pour se calmer, mais finalement les émotions l'emportent: "Je crois que les mots me manquent..."

AFP/VNA/CVN

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