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Réunis à Barcelone (Espagne) pour l'Esmo, le congrès annuel de la Société européenne d'oncologie médicale, rendez-vous majeur consacré à la lutte contre le cancer, les plus grands spécialistes internationaux mettent à l'honneur cette technique thérapeutique considérée comme "révolutionnaire".
Au congrès annuel de la Société européenne d'oncologie médicale (Esmo), à Vienne, en Autriche, en 2012. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'immunothérapie consiste non plus à agir sur la cellule cancéreuse elle-même, mais à stimuler le système immunitaire du patient pour l'amener à lutter contre les tumeurs.
À l'Esmo, médecins spécialistes et chercheurs mettent en avant un traitement, ayant déjà montré des résultats prometteurs pour des cancers du poumon et de la peau (mélanome), qui améliore la survie à long terme dans de nombreuses autres tumeurs.
C'est le cas, par exemple, dans le cancer du sein triple négatif. Particulièrement agressif, il touche environ 9.000 femmes chaque année, souvent jeunes.
Il est particulièrement difficile à traiter, notamment car il ne réagit pas à l'administration d'oestrogène ou de progestérone, à la base d'autres traitements couramment utilisés dans d'autres formes du cancer du sein.
Or, l'immunothérapie associée à la chimiothérapie, une combinaison administrée avant et après la chirurgie, a permis une amélioration de la survie à long terme chez les patientes atteintes d'un cancer triple négatif, selon une étude qui doit être présentée dimanche.
Selon les résultats de l'étude, le taux de survie globale à cinq ans était de 86,6% chez les patients ayant reçu une immunothérapie et de 81,7% dans le groupe placebo.
"Moins de récidives"
On a là la preuve que "l'utilisation de l'immunothérapie permet d'accroître l'efficacité de la chimiothérapie", décrypte à l'AFP François-Clément Bidard, oncologue à l'Institut Curie à Paris.
Et quand on la donne avant la chirurgie, les chances sont plus grandes de voir les cellules tumorales totalement éliminées avant l'opération.
"On s'attend désormais à moins de récidives, donc à guérir plus, ce qui est le but ultime en oncologie", commente Benjamin Besse, oncologue médical à Gustave-Roussy, au sud de Paris.
Michèle Borges-Soler, 51 ans, a bénéficié de ce traitement. Elle est aujourd'hui en rémission d'un cancer du sein triple négatif qu'on lui a diagnostiqué en novembre 2022. "Un cancer avancé, rapide et agressif", lui assène-t-on à l'époque.
"Au départ, il n'était pas opérable", raconte-t-elle à l'AFP. Mais elle fait partie des premières patientes à être soignées avec de l'immunothérapie pour ce type de tumeur.
Associé à la chimio, le traitement donne chez elle "des résultats encourageants" et rend possible une opération en juin 2023. Depuis janvier, elle ne prend plus "aucun médicament".
"Je pense possible qu'il n'y ait jamais de récidive", veut croire cette "éternelle optimiste".
Questions sans réponses
Une amélioration similaire de la survie globale avec l'administration d'une immunothérapie avant la chirurgie a été observée dans une étude présentée à l'Esmo portant sur des patients atteints d'un cancer de la vessie invasif sur le plan musculaire.
Samedi, les résultats d'une étude sur le cancer du col de l'utérus localement avancé à haut risque sont encore arrivés à des conclusions similaires: une association de l'immunothérapie à la chimiothérapie a montré un taux de survie globale à 3 ans de 82,6% chez les patients concernés contre 74,8% pour ceux n'ayant pas bénéficié d'immunothérapie.
"Le principal message de toutes ces études est que l'immunothérapie continue de tenir ses promesses et de faire espérer une survie à long terme pour de nombreux patients atteints de différents types de cancer", a déclaré le Dr. Alessandra Curioni-Fontecedro, professeure d'oncologie à l'Université de Fribourg.
Mais des questions majeures demeurent encore sans réponse. Il faut ainsi comprendre pourquoi l'immunothérapie ne fonctionne pas chez certaines personnes. Et pourquoi des cancers récidivent chez des patients qui semblaient pourtant répondre initialement au traitement.
Les effets secondaires, plus ou moins graves, qui peuvent être induits par l'immunothérapie doivent aussi être pris en compte avant l'administration de ce traitement.
AFP/VNA/CVN