Ukraine : signature d'un cessez-le-feu mais une paix durable incertaine

L'accord sur un cessez-le-feu en Ukraine, signé jeudi 12 février à Minsk après une nuit marathon de négociations entre dirigeants allemand, français, ukrainien et russe, apporte un soulagement à ce pays déchiré par un conflit meurtrier, mais une paix durable est encore très incertaine selon les Européens.

>>Ukraine : négociations marathon à Minsk pour tenter d'arracher la paix
"La négociation a été très difficile, et nous ne nous attendons pas à une mise en œuvre facile du processus", a déclaré jeudi soir 12 février le président ukrainien Petro Porochenko, qui participe au sommet des dirigeants européens à Bruxelles, largement dominé par l'Ukraine et la Grèce.
Cet "accord sur l'essentiel" annoncé par Vladimir Poutine "ne garantit pas un succès durable", estime quant à lui le président français François Hollande, tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a fait état de "gros obstacles" subsistant sur la voie d'un rétablissement de la paix dans l'Est de l'Ukraine.
Le président russe Vladimir Poutine (centre) serre la main du président ukrainien Petro Porochenko (droite), le 11 février à Minsk (centre).
Photo : AFP/VNA/CVN

Cette région est meurtrie par dix mois de conflit qui ont fait plus de 5.300 morts et ont conduit à une confrontation inédite depuis la Guerre froide entre Moscou et les Occidentaux.
"Les négociations ont été constructives, mais parfois dures et très émotionnelles", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, selon lequel "aucun ultimatum n'a été adressé ni à la Russie, ni par la Russie".
Les États-Unis ont "salué" l'accord trouvé, tout en réclamant qu'il soit "suivi de mesures immédiates et concrètes". Et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé un "cessez-le-feu véritable et durable".
Signé par les séparatistes et Kiev, l'accord prévoit un cessez-le-feu à partir de dimanche minuit heure de Kiev (samedi 22H00 GMT) et le retrait des belligérants et de leurs armes lourdes permettant la création d'une zone tampon d'une profondeur de 50 à 140 kilomètres. Les précédents accords fixaient une zone de 30 km.
En outre, une nouvelle Constitution devra être adoptée d'ici à fin 2015 en vue notamment de faire bénéficier les régions de Donetsk et de Lougansk d'une "décentralisation".
Mises au point
Arraché après 16 heures de pourparlers entre Vladimir Poutine, Petro Porochenko, Angela Merkel et François Hollande, l'accord compromet la perspective de livraisons d'armes américaines à Kiev, mais ne règle pas définitivement le conflit, soulignent des analystes.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, le 12 février à Minsk. Photo : AFP/VNA/CVN

M. Poutine a ainsi relevé que les séparatistes attendaient des soldats ukrainiens encerclés à Debaltseve, localité devenue ces dernières semaines un point chaud particulièrement symbolique, qu'ils "déposent les armes" afin que le cessez-le-feu puisse entrer en vigueur.
Le gouvernement ukrainien, pour sa part, considère qu'il n'y a pas d'encerclement, selon le chef de l'État russe.
"Il faut qu'on soit très clair envers Vladimir Poutine, qui doit savoir que les sanctions ne seront pas levées à moins que son attitude ne change", a insisté de son côté le Premier ministre britannique David Cameron.
D'ailleurs, l'Union européenne va confirmer lundi 16 février des sanctions ciblées -reportées d'une semaine le 9 février en raison des négociations alors en cours- contre des personnalités séparatistes et russes, malgré l'accord de cessez-le-feu, a-t-on appris jeudi 12 février de sources diplomatiques. Et l'UE "n'hésitera pas" à prendre d'autres "mesures" si le cessez-le-feu n'est pas appliqué, a averti le président du Conseil européen, Donald Tusk.
AFP/VNA/CVN

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