>>Les États-Unis ferment leur ambassade au Yémen et évacuent leur personnel
>>Yémen : menacés d'isolement, les miliciens chiites acceptent de renouer le dialogue
Les Houthis, ces miliciens chiites qui contrôlent la capitale yéménite, ont profité du départ des Américains pour saisir une trentaine de leurs véhicules à l'aéroport de Sanaa, dont ceux des militaires chargés de la sécurité de l'ambassade, selon des sources diplomatiques et aéroportuaires. Avant leur départ précipité, les Américains avaient détruit tous les équipements et documents sensibles, selon des employés yéménites de la chancellerie.
Des miliciens Houthis armés devant l'ambassade des États-Unis au Yémen, le 11 février à Sanaa. |
En début de soirée, des dizaines de miliciens chiites en armes ont pris position près de l'ambassade fermée des États-Unis, située dans l'Est de la capitale yéménite, selon des habitants du quartier.
Washington avait justifié mardi soir 10 février la fermeture de l'ambassade par "la détérioration de la situation sécuritaire à Sanaa". Le personnel a été transféré vers le Sultanat d'Oman, d'après des sources de sécurité à l'aéroport.
Ce retrait pourrait compliquer la lutte que mènent les États-Unis contre Al-Qaïda, très actif dans le pays, en l'absence d'autorités yéménites reconnues internationalement depuis la démission du président et du Premier ministre sous la pression des miliciens chiites.
Dans un nouvel avertissement de voyage qui évoque un "niveau de menace élevée dû aux activités terroristes et aux troubles civils", les États-Unis recommandent à leurs ressortissants de ne pas se rendre au Yémen et à ceux qui s'y trouvent de "quitter le pays".
L'Iran a critiqué la fermeture de l'ambassade américaine en parlant "d'une action hâtive", selon des propos de son vice-ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdolahian.
'Risque accru'
Le Royaume-Uni a également annoncé mercredi 11 février la suspension temporaire des opérations de son ambassade et l'évacuation de son personnel diplomatique. "La situation sécuritaire au Yémen a continué à se dégrader ces derniers jours. Nous estimons (...) que le personnel et les locaux de l'ambassade courent un risque accru", a déclaré le ministre britannique chargé du Moyen-Orient, Tobias Ellwood.
La France a conseillé à sa centaine de ressortissants de quitter le Yémen "dans les meilleurs délais", et a annoncé la fermeture "provisoire" de son ambassade à compter de vendredi 13 février et ce "jusqu’à nouvel ordre", dans un message sur son site diplomatique. Il s'agit d'une recommandation, pas d'une évacuation, a précisé une source diplomatique, ajoutant que les intérêts français seraient représentés par l’ambassade du Maroc.
À Berlin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré que son pays avait "adapté les mesures de sécurité qui étaient déjà élevées" autour de l'ambassade à Sanaa" et que l’Allemagne déconseillait fermement à ses ressortissants tout voyage au Yémen.
Dans un discours télévisé mardi soir 10 février, le chef de la milice chiite Abdel Malek al-Houthi s'était pourtant voulu rassurant. "Certains suscitent des craintes chez les missions diplomatiques pour que (leurs employés) fuient le pays", a-t-il dit, affirmant que ces craintes étaient infondées. "La situation sécuritaire est très stable" à Sanaa, a-t-il assuré.