Ukraine : manifestation pro-russe à Donetsk, tension en Crimée

Une grande manifestation pro-russe doit se tenir samedi 8 mars à Donetsk, bastion russophone de l’Est de l’Ukraine, alors que la tension restait toujours aussi vive en Crimée (Sud), où le parlement local a décidé de se séparer de Kiev.


Des manifestants devant le portail de la base aérienne de Belbek en Crimée.
Des manifestants devant le portail de la base aérienne de Belbek en Crimée.


Donetsk est la capitale du Donbass, un bassin minier frontalier de la Russie, dont est originaire le président déchu Viktor Ianoukovitch. Depuis sa fuite en Russie, cette région est agitée par de vives tensions entre pro-russes et défenseurs de l’unité de l’Ukraine.
Les partisans d’un ralliement à Moscou ont déjà occupé pendant trois jours l’administration régionale et y ont hissé le drapeau russe blanc bleu rouge, avant d’être délogés par la police jeudi 6 mars au petit matin. En outre, des manifestations concurrentes des deux camps ont réuni des milliers de personnes, tournant mercredi 5 mars à la bagarre générale. Signe que les autorités prennent la menace au sérieux, la justice a ouvert une enquête sur l'"atteinte à l’intégrité nationale" contre Pavel Goubarev, un homme d’affaires local propulsé leader des pro-russes, au même titre que les dirigeants de Crimée qui ont demandé le rattachement à Moscou. Il a été arrêté jeudi 6 mars et risque dix ans de prison.
En Crimée, le Parlement local a décidé de se séparer de Kiev et d’organiser le 16 mars un référendum de rattachement de la Crimée à la Russie.
Soumis à des sanctions économiques et diplomatiques des États-Unis et de l’Union européenne, Moscou a menacé d’avoir recours à l’arme énergétique. Le géant russe Gazprom a mis en garde Kiev contre une interruption de ses exportations de gaz si le pouvoir intérimaire ne s’acquittait pas au plus vite de ses quelque deux milliards de dollars de dette.
Cette annonce a ébranlé les principales bourses européennes. Paris a cédé 1,15%, Londres 1,12%, mais c’est Francfort qui a subi la plus forte baisse, cédant 2,01%.

Des activistés pro-russes essaient de pénétrer dans les locaux des services de sécurité à Donetsk pour libérer leur chef de file, le 6 mars.

Échec des négociations

Sur la scène diplomatique, malgré d'intenses consultations depuis une semaine, Occidentaux et Russes n'ont pas réussi à trouver une issue à la crise qui a éclaté fin février.
Après des tergiversations, Bruxelles et Washington ont finalement brandi l'arme des sanctions diplomatiques et économiques.
Le président américain Barack Obama a salué vendredi 7 mars les "positions coordonnées" de l'Union européenne et des États-Unis face à la Russie dans la crise ukrainienne au cours d'une conversation téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Vendredi 7 mars, pendant son second long entretien téléphonique avec Vladimir Poutine en moins d'une semaine, Barack Obama a ajouté que la Russie avait "violé la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine", ce qui conduisait les États-Unis "à prendre des mesures de représailles, en coordination avec ses partenaires européens".
Pour sa part, Vladimir Poutine a mis en garde son homologue américain contre le risque de "sacrifier" les relations américano-russes pour des "problèmes internationaux isolés", selon le Kremlin.
Le président Obama a ordonné des restrictions de visas et autorisé des gels d'avoirs, visant potentiellement des responsables russes et ukrainiens.
Les dirigeants européens ont pour leur part suspendu les négociations sur les visas avec la Russie et menacé de prendre davantage de sanctions, notamment économiques, si la situation continuait à se détériorer.
Dans la soirée, son porte-parole Dmitri Peskov a assuré que la Russie ne cherchait pas une nouvelle Guerre froide. "On voudrait l'éviter, j'espère (...) qu'elle n'a pas encore commencé et qu'elle ne commencera pas", a-t-il déclaré.
Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a annoncé jeudi 6 mars que l'UE allait signer les volets politiques de l'accord d'association avec Kiev avant l'élection présidentielle du 25 mai en Ukraine. Le refus du président Viktor Ianoukovitch de signer cet accord a été à l'origine du mouvement de contestation.

AFP/VNA/CVN

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