Téléphonie mobile : un réseau piratant les codes de sécurité démantelé en France

Un vaste réseau, qui piratait les codes de sécurité des téléphones portables, a été démantelé, avec l'interpellation de 9 personnes dans toute la France, notamment des employés d'opérateurs de téléphonie mobile, a-t-on appris le 26 septembre auprès des enquêteurs.

Le réseau opérait depuis plus de 10 ans, une fraude évaluée à plusieurs millions d'euros, selon les enquêteurs à l'origine de ce démantèlement qui constitue, selon eux, une première en France, et qui poursuivent désormais leurs investigations à l'étranger.

Les arrestations ont eu lieu mercredi à Rennes (Ouest), où se situait la tête du réseau, et dans d'autres villes de France, au terme d'une enquête menée par une section de la gendarmerie de Marseille (Sud). Quatre spécialistes des nouvelles technologies ont travaillé pendant près d'un an sur cette affaire, usant de la surveillance informatique et de "téléperquisitions", des moyens autorisés par le législateur depuis quelques mois à peine.

L'enquête a démarré fin 2009 à la suite d'une plainte à Marseille de l'opérateur SFR, qui avait constaté la présence de brèches dans son système de sécurité avec pour origine "une source humaine". Les 2 autres opérateurs Bouygues Telecom et Orange sont également concernés et devraient rejoindre la procédure, selon les enquêteurs, qui évoquent pour les sociétés "un préjudice de plusieurs millions d'euros".

Le réseau s'introduisait dans les systèmes de données, en achetant notamment les codes, pour environ 3 euros par unité, à des employés des opérateurs : des chargés de clientèle ou des cadres supérieurs qui, pour disposer de ces informations, avaient accès à un haut niveau de sécurité. Ces employés pénétraient les bases de données. L'un d'eux a pu avec ce système engranger jusqu'à 25.000 euros par mois.

Les codes liés à chaque appareil, qui permettent de désactiver les verrous de sécurité (dits "simlock") des téléphones, étaient ensuite proposés sur des sites internet (pour environ 30 euros le code). L'argent recueilli partait sur des comptes à l'étranger, au Luxembourg, aux États-Unis et dans des paradis fiscaux.

Obtenir ces codes permet notamment à un particulier d'utiliser n'importe quelle carte sim, y compris étrangère, avec son téléphone. Ils peuvent aussi servir à des boutiques pour la mise en service frauduleuse de combinés, ou permettre que les appareils qui se volent parfois par palettes entières puissent être utilisés n'importe où.

Trois personnes ont été écrouées sur le lieu de leur arrestation. Les 6 autres ont été relâchées et devraient être convoquées ultérieurement.

Parmi ces personnes figurent les instigateurs du réseau, le propriétaire d'un site internet et 5 "taupes".

L'information judiciaire a été ouverte pour vol en bande organisée et atteinte aux systèmes de traitement automatisé des données.

Les investigations doivent se poursuivre, notamment à l'étranger, a-t-on ajouté, sans préciser où : "on a coupé la tête française, mais l'enquête se poursuit", a-t-on expliqué, relevant que l'investigation s'intéresse aussi à d'éventuelles taupes chez les fabricants d'appareils.

AFP/VNA/CVN

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