La tradition de chantiers navals perdure à Berlin

Les voiliers qu'il restaure, presque centenaires, croisent sur la Baltique et la mer du Nord mais son chantier naval est à Berlin, à 200 km à l'intérieur des terres.

À Spandau, à 10 minutes en voiture du coeur de la capitale allemande, les ateliers de Bernhard Welkisch sont perdus dans un fouillis de hangars, de show-rooms et de yachts à moteur en radoub au bord de la Havel.

Ce solide barbu souriant est spécialisé dans les bateaux traditionnels en bois. Avec une équipe de 10 personnes, son chantier naval est le plus gros de Berlin pour ce secteur.

Il est l'héritier d'une longue tradition, dont témoigne encore le nom de "Schiffbauerdamm", le quai des constructeurs de bateaux, le long de la Spree.

La plupart des clients de Welkisch ont leur bateau à Berlin. Pour leurs croisières, ils gagnent la mer en 3 ou 4 jours, en descendant l'Elbe jusqu'à Hambourg, ou l'Oder jusqu'au port polonais de Szczecin, sur la Baltique.

Parfois aussi, d'autres clients lui demandent de venir réparer leur bateau dans leur port d'attache, à Lübeck ou Travemünde. "Ils ont eu de mauvaises expériences avec d'autres chantiers navals", explique-t-il fièrement.

Mais, ajoute son partenaire Ralph Eckert, le chantier travaille surtout sur des voiliers qui sillonnent Berlin et sa région, une terre de forêts, de lacs et de canaux qui s'étend jusqu'à la frontière polonaise à l'est et aux côtes de la Baltique au nord.

Welkisch, 49 ans, a découvert sur les quais les métiers d'un chantier naval. Il a été fasciné par toutes les facettes du travail. "Un constructeur doit savoir tout faire, dit-il, la charpente, la machinerie, l'électricité comme les sanitaires, et travailler différents matériaux, la laque comme le bois".

En chantier : un bateau de croisière de 1924, de 12 m de long; le pont et la structure sont moisis. Il y en pour 6 mois de travail, pour 2 à 4 ouvriers selon les tâches.

Acajou pour la coque, teck pour le pont, pin Douglas, chêne et mélèze pour la charpente, le bois embaume dans le hangar exigu.

"C'est la fascination pour le bois" qui a amené Stella Dietel, une grande brune de 30 ans, à quitter son travail de communication dans le cinéma.

"Je ne me voyais pas faire ça encore 30 ans. J'avais envie de travailler le bois", raconte l'apprentie en montrant les planches de chêne non équarries qui sèchent sous un appentis.

Le bois aussi, et un retour aux sources maritimes, ont attiré Daniel Mascaras, un Marseillais de 42 ans. "Après 15 ans comme éducateur, le moment était venu de changer", dit-il. Daniel est apprenti depuis un an; dans 2 ans et demi il sera charpentier de marine.

À côté, un bateau de croisière construit en 1914 attend son tour. L'étrave et la quille doivent être refaites. Il a été racheté par un internat huppé, qui possède déjà une flotte de dériveurs pour ses élèves.

La passion de la navigation est multiforme à Berlin, qui compte 70 lacs, 200 km de cours d'eau et un millier de ponts - plus que Venise.

À Köpenick, au sud-est la ville, une autre entreprise répare les canots de luxe des années 30, époque où les très riches venaient à Berlin en hydravion...

AFP/VNA/CVN

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