Séisme dans la zone euro, tempête en Grèce

La zone euro a brutalement replongé dans l'instabilité le 1er novembre après l'annonce surprise d'un référendum en Grèce, un coup de poker qui menace la survie du gouvernement grec et le plan de sauvetage sur lequel les partenaires européens d'Athènes s'étaient mis d'accord le 27 octobre.

Stupeur et indignation dominaient les réactions en Europe et dans le monde à l'annonce surprise, lundi soir, de ce référendum sur le plan de sauvetage par le Premier ministre grec Georges Papandréou, car un "non" des électeurs grecs pourrait être un prélude à une faillite du pays qui menacerait la viabilité de la zone euro.

Réuni en session extraordinaire dans la nuit du 1er au 2 novembre, le cabinet grec a approuvé "à l'unanimité" la tenue de ce référendum et la décision du Premier ministre de demander demain un vote de confiance du parlement, a indiqué le porte-parole du gouvernement Elias Mossialos.

"Le référendum fournira un mandat clair, mais aussi un message clair à l'intérieur et à l'extérieur de la Grèce sur notre engagement européen et notre appartenance à l'euro", a déclaré M. Papandréou lors de la réunion d'urgence du cabinet, selon un communiqué du gouvernement. "Nous devons faire en sorte que les choses soient claires à tous points de vue, et je dirai au G20 qu'il leur faudra finalement adopter des politiques qui garantissent que la démocratie soit maintenue au-dessus des appétits des marchés", selon le communiqué.

Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, qui devaient se rencontrer le 2 novembre à Cannes (Sud-Est de la France), où doit se tenir un G20 à partir du 3 novembre, se sont déclarés le 1er novembre "déterminés" à faire appliquer le plan de sauvetage de la Grèce malgré l'annonce de référendum.

M. Papandréou devait se rendra aussi à Cannes le 2 novembre, où il doit rencontrer les dirigeants allemand et français, ainsi que ceux de l'Union européenne et du Fonds monétaire international.

L'accord européen du 27 octobre prévoit que les banques créancières de la Grèce acceptent de réduire de moitié la valeur des obligations de dette grecque qu'elles détiennent, ainsi que la poursuite du soutien financier des États européens à la Grèce, écrasée par sa dette et par la récession causée par les plans d'austérité successifs.

En échange, il prévoit un renforcement du contrôle des créanciers sur la marche budgétaire du pays, une accélération du programme de privatisations et la poursuite des sévères mesures d'austérité débutées en 2010.

L'accord est "la seule voie possible pour résoudre le problème de la dette grecque", a martelé Nicolas Sarkozy à l'issue d'une réunion interministérielle à l'Élysée. Le message que les deux poids lourds de la zone euro devaient adresser le 2 novembre à M. Papandréou est brutal, mais limpide. "Il a le droit de faire un référendum, mais avant Noël et uniquement pour poser la question de l'appartenance à la zone euro", a commenté une source proche du gouvernement français, "et s'ils disent +non+, eh bien qu'ils en sortent".

Journée noire pour les Bourses mondiales

Dans la zone euro, toutes les Bourses ont dévissé le 1er novembre, les actions des banques subissant une descente aux enfers. À la clôture, Paris a lâché 5,38%, Francfort 5%, Milan 6,80%, Madrid 4,19%. Athènes a plongé de 6,92%.

Londres a terminé sur un recul de 2,21%, Wall Street creusait ses pertes à la mi-journée, et l'euro se dépréciait fortement face au dollar. La bourse de Tokyo a dévissé le 2 novembre de 1,93% à la mi-séance et celle de Hong Kong a ouvert en baisse de 1,77%.

Le coup de poker de M. Papandréou a "pris les marchés par surprise et les a choqués", a estimé à Paris la société de courtage IG Market.

L'Italie, de plus en plus dans le collimateur des marchés, a vu ses taux sur le marché de la dette s'envoler. Rome a promis à Bruxelles de présenter les grandes lignes d'un plan ambitieux de relance de la croissance d'ici au 15 novembre. "Je ne peux pas exclure" une faillite de la Grèce en cas de non au référendum, a averti le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe. Il a confirmé que M. Papandréou avait "pris sa décision sans en informer ses collègues européens". Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a comparé le référendum à "un coup de dés"."Si cela échoue, ce sera le bazar!", a-t-il mis en garde.

La Maison Blanche a réagi avec plus de prudence, le porte-parole du président américain Barack Obama se contentant de dire que cette annonce surprise "renforçait l'idée que les Européens doivent expliquer davantage et appliquer rapidement les décisions qu'ils ont prises la semaine dernière".

À Bruxelles, les présidents de l'UE, Herman Van Rompuy, et de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont dit avoir "pleine confiance" dans le respect par la Grèce de ses engagements à l'égard de la zone euro.

Dans un communiqué commun, les deux principaux dirigeants de l'UE ont estimé que le plan conclu à l'arraché dans la nuit du 26 au 27 octobre à Bruxelles, qui prévoit une recapitalisation des banques européennes afin qu'elles puissent réduire de 50% leurs créances sur la Grèce, était "le meilleur" pour Athènes.

AFP/VNA/CVN

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