Un accord pour apaiser la crise de la zone euro se dessine

Les dirigeants européens ont tracé le 23 octobre les grandes lignes d'un plan de sortie de crise de la dette qui menace la zone euro, malgré des désaccords persistants, et fait pression sur le dirigeant italien Silvio Berlusconi.

Un sommet à Bruxelles a apparemment permis de rapprocher un peu le couple franco-allemand, qui affichait jusqu'ici de fortes divergences sur la manière de renforcer la force de frappe du Fonds de soutien de la zone euro (FESF), un instrument financier indispensable pour enrayer la contagion de la crise de la dette.

Un "assez large accord" se dessine sur ce point, a assuré le président français Nicolas Sarkozy, alors que ce sujet empoisonnait les relations entre Paris et Berlin depuis plusieurs jours. "Les discussions progressent bien, il n'y a pas de blocage", a-t-il dit.

Prudent, le président français a toutefois averti qu'il faudrait "encore de longues heures de discussions" pour parvenir à une solution définitive demain, au cours d'un nouveau sommet européen qui se veut cette fois décisif.

À l'issue d'un bras de fer, Paris a été contraint d'abandonner son idée d'impliquer la Banque centrale européenne (BCE) dans le renforcement du pare-feu de la zone euro. La chancelière allemande Angela Merkel s'y opposait catégoriquement, au motif que cela aurait violé l'interdiction juridique faite à la Banque centrale européenne (BCE) d'aider budgétairement les gouvernements.

Deux scénarios pour le FESF

Désormais, deux scénarios, mais assortis de multiples variantes, sont encore à l'étude pour donner au FESF une puissance de feu d'au moins 1.000 milliards d'euros, selon les chiffres qui circulent.

L'un propose qu'il agisse comme un système d'assurance partielle de la dette publique de pays en difficulté, l'autre envisage la création d'une sorte de fonds spécial destiné à accueillir des contributions d'investisseurs tiers, et qui pourrait être adossé au Fonds monétaire international.

Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, a expliqué à l'issue des réunions de le 23 octobre que "combinés, ces deux modèles pourraient avoir un effet cumulatif".

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a fait part de sa satisfaction en quittant la réunion le 23 octobre. "On a fait de très bons progrès, c'était vraiment une réunion efficace, et j'espère qu'on est vraiment dans la bonne direction pour le 26 octobre", a-t-elle dit.

Le modèle impliquant le FMI provoque toutefois la controverse, car des pays émergents comme la Chine pourraient y investir. "Les Chinois ont dit qu'ils étaient intéressés mais certains États membres sont sceptiques à l'idée d'intégrer une contribution chinoise au FESF", a souligné un diplomate.

En plus du FESF, la réponse à la crise consiste à stabiliser la Grèce surendettée, imposer aux banques créancières du pays des pertes importantes, les recapitaliser pour qu'elles encaissent le choc et donc armer davantage le FESF.

Dans le détail, les pays de la zone euro se sont mis d'accord pour exiger des banques des pertes d'au moins 50%. La Grèce est actuellement asphyxiée par une dette colossale de quelque 350 milliards d'euros. Des négociations sont en cours avec le secteur financier.

Concernant la recapitalisation des banques, le montant envisagé est d'environ 108 milliards d'euros, selon une source européenne. Les Européens doivent encore définir les modalités de ce plan. Des annonces devraient être faites demain sur ce point. "Il n'y aura pas de solution à cette crise pan-européenne si l'Europe ne prend pas de décision globale", a insisté le Premier ministre grec, Georges Papandréou.

L'Italie sous pression

Le ministre australien des Finances, Wayne Swan, a accusé le 24 octobre les dirigeants européens d'avoir "perdu leur temps" ces 18 derniers mois et les a pressés de présenter un plan sérieux, sous peine de mettre en danger la croissance mondiale.

Inquiets d'un risque de contagion de la crise, les dirigeants européens se sont par ailleurs montrés sévères le 23 octobre envers l'Italie qui croule sous une dette de 1.900 milliards d'euros. Rome est accusé de ne pas tenir ses engagements de rigueur budgétaire et de ne pas assez réformer son économie. "Nous avons dit clairement à Silvio Berlusconi que l'Italie doit tout faire pour être à la hauteur de ses responsabilités", a déclaré la chancelière allemande. "Il n'est pas question de faire appel à la solidarité des partenaires si on ne fait pas les efforts nécessaires", a averti pour sa part M. Sarkozy.

Ces avertissements sévères semblent avoir été entendus par le chef du gouvernement italien : ce dernier a annoncé son intention de convoquer un conseil des ministres extraordinaire le 24 octobre pour réformer le système des retraites.

Rome suscite l'irritation de ses partenaires qui redoutent une crise de grande ampleur dans la zone euro si ses comptes publics ne sont pas fermement tenus.

Dernier chantier : la réforme de la gouvernance de la zone euro. Les dirigeants européens ont nommé M.Van Rompuy à la tête des réunions des sommets de la seule zone euro, en plus de sa casquette de patron de l'UE.

Les pays de l'UE non membres de la zone euro, comme la Suède, n'apprécient pas cette Europe à deux vitesses qui prend forme. Ils ont obtenu le 23 octobre qu'un sommet des 27 ait lieu le 26 octobre, une heure avant celui de la seule zone euro.

Le Premier ministre britannique David Cameron a reporté les visites officielles qu'il devait effectuer en Nouvelle-Zélande et au Japon afin d'assister à cette rencontre cruciale.

AFP/VNA/CVN

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