Les Bourses européennes avaient accueilli le 27 octobre dans l'euphorie le plan dessiné à Bruxelles la nuit précédente par les dirigeants européens. Mais le 28 octobre l'heure était aux bilans plus nuancés, et au constat que beaucoup restait à faire pour préciser et surtout mettre en œuvre les décisions prises. "Des risques pèsent sur la mise en application des principales mesures du sommet", estiment ainsi les économistes de Goldman Sachs.
Ces questions n'ont pas empêché les indices boursiers new-yorkais d'afficher une certaine résistance, le Dow Jones grignotant 0,18% et le Nasdaq s'effritant de 0,05%. À Francfort, le Dax s'est adjugé 0,13%.
Sur les autres places européennes, le retour de balancier n'a pas tardé. Le CAC 40 à Paris a cédé 0,59%, l'Ibex à Madrid 0,50% et Londres a glissé de 0,20% le 28 octobre.
L'indice FTSE Mib de la Bourse de Milan a même lâché 1,78% après une émission obligataire italienne jugée décevante.
L'opération avait valeur de test de la capacité à ramener la confiance sur les marchés à l'égard du pays, malmené depuis l'été. Un recul des taux d'intérêt était attendu, mais ils se sont établis au-delà de 6%.
L'euro, qui avait dépassé 1,42 dollar jeudi pour la première fois depuis le 6 septembre, son plus haut niveau depuis huit semaines, valait 1,4156 dollar vers 21h00 GMT.
L'accord européen trouvé à l'arraché prévoit une réduction de la dette de la Grèce et le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour éviter la contagion à d'autres pays. Mais les problèmes de la Grèce restent non résolus : si les banques européennes ont accepté d'effacer 50% de leurs créances cela ne va réduire que d'un sixième la dette publique totale du pays, relevait le 28 octobre Bernhard Eschweiler, économiste de la banque privée allemande Silvia Quandt.
L'agence de notation Fitch Ratings a ainsi indiqué que la restructuration de la dette grecque maintiendrait le pays dans la catégorie de valeur spéculative.
Fitch a aussi provoqué de l'inquiétude en estimant que la décote de 50% demandées aux banques constituerait un "événement de crédit" selon ses critères, en d'autres termes une situation de défaut de paiement susceptible d'entraîner l'activation de contrats d'assurance contre le risque de défaillance de pays notamment, appelés "credit default swap" (CDS).
Ce scénario est susceptible de provoquer un engrenage à haut risque sur le marché de la dette de la zone euro.
L'association de référence ISDA avait pourtant estimé de son côté que l'accord européen ne devrait pas déclencher les CDS car la restructuration de la dette grecque se fait sur une base volontaire.
Les analystes mettaient aussi en avant le manque de détails sur les nouveaux instruments du FESF, devant par "effet de levier" doper ses capacités à 1.000 milliards d'euros contre 440 milliards d'euros actuellement.
Ainsi le taux de couverture de son nouveau mécanisme d'assurance-crédit n'a pas encore été précisé, et il n'est pas garanti que des pays émergents comme la Chine et la Russie soient séduits par son autre nouvelle structure qui pourrait être adossée au Fonds monétaire international (FMI).
Pékin a indiqué le 28 octobre attendre des clarifications avant de s'engager à participer au nouveau FESF, dont le directeur Klaus Regling est venu discuter dans la capitale chinoise. "Nous devons attendre les détails techniques pour y voir clair et entreprendre des études sérieuses avant de décider d'un investissement", a déclaré le vice-ministre chinois des Finances, Zhu Guangyao.
Les détails sur l'expansion du fonds seront connus fin novembre, début décembre, a-t-il rappelé. Aussi la question ne sera-t-elle pas à l'ordre du jour au G20 de Cannes des 3 et 4 novembre, selon lui.
AFP/VNA/CVN