La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, en visite-éclair dans le cadre d'une tournée latino-américaine, apportait à Santiago 20 téléphones satellitaires, parmi les besoins prioritaires avec des hôpitaux de campagne et purificateurs d'eau, pour des milliers de sinistrés. "Ils ont demandé du matériel de communication, dont j'apporterai une partie avec notre avion", a déclaré Mme Clinton à Montevideo le 1er mars. À Santiago, elle doit s'entretenir avec la présidente Michelle Bachelet, et le président élu Sébastian Pinera, qui sera investi le 11 mars.
Un avion d'aide brésilienne était aussi attendu, annoncé par le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva, premier chef d'État étranger à se déplacer pour exprimer sa solidarité au Chili lors d'une brève visite le 1er mars.
Talca, Cauquenes et Constitucion, 3 villes de plus dans le centre sinistré du Chili, ont passé la nuit sous couvre-feu et présence militaire renforcée, comme Concepcion depuis le 28 février, pour prévenir pillages et troubles à l'ordre public, qui ont maintenu une situation explosive.
Parmi les plus violents débordements, un centre commercial et un supermarché ont été pillés et incendiés le 1er mars à Concepcion, la 2e agglomération du pays et l'une des plus touchées par le séisme. Une immense volute de fumée planait en fin de journée au-dessus du centre-ville.
Des déploiements en cours devaient porter le 2 mars à 7.000 les effectifs militaires dans les régions du Maule et de Concepcion, a annoncé la présidente Michelle Bachelet. Avec maintien de l'ordre et distribution d'aide pour double mission.
"Nous sommes en train d'atteindre toutes les communautés qu'il faut ravitailler, par voie maritime, aérienne, terrestre", a affirmé le général Bosco Pesse, commandant militaire de la brigade du Maule. "Nous allons arriver à préserver le calme".
Meurtri, le Chili panse ses plaies
Le bilan du séisme de magnitude 8,8, un des plus violents depuis un siècle, s'est alourdi le 1er mars à 723 morts et 19 disparus, selon le Bureau national des urgences (Onemi). Près de 2 millions de personnes, un Chilien sur 8, ont été touchées.
Sur la chaîne du littoral, dans plusieurs stations balnéaires dévastées par un tsunami, l'ampleur du dégât restait pourtant très partielle, tant humaine que matérielle.
"Cette partie était pleine de maisons. Il y en avait plus de cent", a raconté Silvia Aparicio, en désignant le front de mer de sa station balnéaire de Pellehue, transformé en désert de sable par le tsunami qui a suivi le séisme. La vague a atteint 2 à 6 m selon les endroits du littoral.
À Concepcion, des secouristes continuaient à s'acharner pour accéder à des traces de vie dans les décombres, dans un immeuble de 14 étages du centre ville, où 35 personnes seraient prisonnières. Neuf corps ont déjà été extraits, et 3 ou 4 survivants repérés.
Un miraculé de l'immeuble a raconté "l'indescriptible" sentiment de l'effondrement, ses enfants dans les bras, et leur pénible extraction des décombres dans le noir total, guidés par un courant d'air.
"On a juste pu prendre nos enfants dans nos bras, et on est tombé... J'ai dit : Dieu, aide-nous !" a déclaré Alex Tapia.
Le coût des destructions au Chili pourrait dépasser 15 milliards de dollars, ont calculé 2 sociétés américaines de modélisation des risques, Eqecat et Air Worldwide. Soit environ 10% du produit intérieur brut (PIB) annuel du pays parti en fumée. Les experts de risques financiers estimaient toutefois que les solides bases économiques du Chili devraient lui permettre de se remettre rapidement.
Sur les marchés des métaux, le cours du cuivre, dont le Chili est premier producteur mondial (il en fournit un tiers), a bondi de 5% le 1er mars, mais il a reflué lorsque les opérateurs se sont aperçus que les grandes mines n'avaient pas été touchées.
AFP/VNA/CVN