Reprise des négociations sur le climat à Bangkok

Après des réunions politiques de haut niveau plutôt décevantes aux États-Unis, les négociations sur le climat reprennent le 28 septembre à Bangkok, avec des doutes croissants sur la possibilité d'aboutir à un accord à Copenhague.

Les scientifiques rappellent inlassablement les données de l'équation : pour tenter de limiter le réchauffement de la planète à + 2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent cesser d'augmenter en 2015. Si l'enjeu est clair, les échéances donnent le tournis : à 70 jours du début du "rendez-vous de la planète" dans la capitale danoise (7 au 18 décembre), il reste seulement 3 semaines de négociations formelles (2 à Bangkok, une à Barcelone) et un texte de quelque 200 pages, plus proche d'un catalogue de revendications que d'une déclaration consensuelle. "Ce texte est un bazar intégral. Les traducteurs ont renoncé à le traduire en faisant valoir qu'il n'a aucun sens", confie, amer, Yvo de Boer, le plus haut responsable du climat aux Nations unies. "Le document tel qu'il est quasiment inutilisable", reconnaît un négociateur européen. "Il faudra un effort gigantesque d'ici Copenhague pour arriver à un accord".

Lors d'un sommet extraordinaire de l'ONU à New York, le 22 septembre, le principal encouragement est venu de la Chine, qui s'est engagée à réduire ses émissions de CO2 de son pays par point de PIB "de façon notable" d'ici à 2020.

À Pittsburgh, lors de la réunion du G20, la déception fut nettement plus marquée avec une déclaration finale extrêmement vague.

Les Européens ne cachent pas leur pessimisme et un certain agacement. "Les négociations ralentissent, elles ne vont pas dans la bonne direction", a déploré le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, qui assure la présidence tournante de l'Union européenne (UE).

De fait, en dépit du récent changement de cap du Japon - "assez incroyable", selon les termes d'un négociateur - à la faveur de l'arrivée de Yukio Hatoyama au pouvoir (-25% en 2020), l'objectif d'une réduction pour les pays industrialisés de 25% à 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020 apparaît hors d'atteinte.

"Aujourd'hui, on est en-dessous, on est dans une fourchette entre 15% et 20%", explique Emmanuel Guérin, de l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), basé à Paris. Cependant, souligne-t-il, 2020 ne doit pas être une obsession. "Le point essentiel sur la trajectoire, c'est 2030", estime-t-il, jugeant que l'échéance 2020 est trop proche, en particulier pour les Américains, de retour dans le jeu climatique depuis l'arrivée de Barack Obama, après des années de déni sous l'ère Bush.

Si nombre de négociateurs reconnaissent qu'il sera désormais extraordinairement difficile d'arriver à Copenhague à l'adoption d'un texte de nature juridique, ils jugent encore envisageable un accord politique. Mais personne ne s'aventure à faire un pronostic, d'autant que la plupart des pays restent très silencieux, attendant que les autres abattent leurs cartes. "Il y a toujours un petit jeu tactique, comme dans les courses poursuite à bicyclette où on fait du surplace pendant un certain temps pour que l'autre avance et se découvre le premier", résume Brice Lalonde, ambassadeur français pour les négociations sur le climat. "Il faut faire attention quand même, c'est un jeu un peu dangereux", ajoute-t-il aussitôt.

AFP/VNA/CVN

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