>> Clôture du Forum socio-économique du Vietnam 2022
>> La croissance vietnamienne sur de bons rails malgré tout
>> Entreprises et travailleurs au cœur des préoccupations du gouvernement
Une chaîne de fabrication de Vinatex. |
Photo : VNA/CVN |
“En raison des ressources limitées, il faut déterminer des priorités”
Depuis fin 2021, l’industrie textile est entrée dans une période propice à son développement et ses entreprises ont su en profiter avec succès. Sur les huit premiers mois de 2022, le secteur a réalisé un chiffre d’affaires à l’exportation d’environ 31,2 milliards d’USD, soit une hausse de plus de 20% en glissement annuel. Il s’agissait du plus haut niveau de croissance de ces dix dernières années.
Lê Tiên Truong, président du conseil d’administration du Groupe national du textile-habillement du Vietnam (Vinatex). |
Cependant, depuis quelques temps, la demande internationale a fortement chuté en raison du ralentissement de l’économie mondiale. Ainsi, alors qu’entre janvier et août 2022, la filière a enregistré mensuellement 3,7 à 3,8 milliards d’USD d’exportations, ces chiffres ne seraient que de 3,1 à 3,2 milliards d’USD/mois pendant les quatre derniers mois de l’année.
Lorsque les ressources sont limitées, il est nécessaire de déterminer les priorités. Ainsi, le Groupe national du textile-habillement du Vietnam (Vinatex) doit se concentrer sur le développement des articles d’exportation qui apportent un excédent commercial au Vietnam et de l’employabilité pour augmenter la production nationale.
À court terme, l’industrie textile rencontrera quelques difficultés en ce qui concerne les taxes. Plus précisément, lorsqu’une entreprise importe des matières premières au service de sa soustraitance pour l’étranger, elle en est exemptée d’impôt. Mais quand elle en achète dans le pays, elle doit à la fois payer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et avancer la taxe d’importation qui ne lui sera remboursée qu’une fois ses produits exportés.
Ainsi, Vinatex propose que les entreprises qui achètent des matières premières dans le pays au service de leur exportation puissent décaler le paiement de la TVA et ne pas payer la taxe à l’importation à l’avance afin d’encourager la consommation des produits nationaux.
“Passer de la quantité à une haute qualité des ressources humaines”
Nguyên Hai Minh, vice-président de la Chambre de Commerce européenne au Vietnam (EuroCham). |
Ces derniers temps, le monde a fait face à de nombreuses agitations telles que le conflit russo-ukrainien, la politique restrictive chinoise autour du COVID, l’inflation ou encore la crise énergétique en Europe… Malgré tout, le Vietnam a une excellente opportunité d’attirer des investissements étrangers et de renforcer ses échanges commerciaux avec les grandes économies mondiales.
Pour cela, il est important que le pays s’équipe d’infrastructures vertes pour les secteurs de l’énergie, de la logistique, des ports maritimes... Il s’agit en effet d’une des conditions primordiales pour attirer les investisseurs européens.
En outre, la réforme administrative doit être continuée pour améliorer la compétitivité des entreprises et la position du Vietnam dans l’attraction des capitaux étrangers.
En particulier, il est l’heure pour le pays de changer sa perception des ressources humaines, afin de passer de la priorité de quantité et bas coût à celle de haute qualification. Et ce, pour d’une part répondre aux exigences des investisseurs de la nouvelle génération, et d’autre part modifier les stratégies d’investissement au Vietnam, en attirant davantage dans la technologie, réduisant l’usage de la main-d’œuvre en nombre.
Aujourd’hui, la demande des investisseurs européens de travailleurs hautement qualifiés est très importante, mais le marché vietnamien n’a pas encore la capacité d’y répondre.
Il faut donc une coordination entre les secteurs public et privé pour investir dans le développement de ces ressources.
“Gros investissements publics, petit décaissement”
Nguyên Quôc Hiêp, président de l’Association vietnamienne des entreprises du BTP (VACC). |
Dans la structure économique actuelle, le secteur du BTP (Bâtiment et travaux publics) contribue pour environ 20% au PIB national. Or, seulement 34% des investissements publics ont été déboursés ces huit derniers mois alors qu’il y en a beaucoup. Le problème réside dans les procédures d’investissement et les règlements qui restent encore complexes.
Récemment, le Premier ministre Pham Minh Chinh a chargé le ministère des Communications et des Transports d’établir un mécanisme d’appel d’offres, avec une enveloppe totale de plus de 3.000 milliards de dôngs (plus de 130,5 millions d’euros). Mais le nombre d’entrepreneurs vietnamiens qui peuvent répondre à ses critères ne dépasse pas 50.
Une autre difficulté rencontrée par les entrepreneurs vietnamiens du BTP concerne le manque de normes spécialisées dans l’établissement du bordereau de prix par les maîtres d’ouvrage. En effet, certains de ces derniers proposent un prix manifestement plus bas que le coût réel d’exécution des travaux. Ainsi, les soumissionnaires ne veulent pas répondre aux appels d’offres publics, de peur de se retrouver dans une situation où le contrat s’exécute à perte.
Alors, l’Association des entreprises du BTP propose d’ajuster les prix unitaires au bordereau de soumission pour qu’ils soient commercialement raisonnables. Elle souhaite également que les documents contractuels gouvernant un appel d’offres public encadrent les prix unitaires qui équivalent aux coûts du marché.
Ensuite, il est nécessaire de simplifier considérablement les formalités administratives et les règlements pour faciliter le décaissement des investissements publics.
Diêp Anh - My Anh/CVN