Le département du Commerce a abaissé à 2,8% en rythme annuel, contre 3,2% initialement, son estimation de la croissance au quatrième trimestre. Pour l'ensemble de 2010, la croissance est désormais estimée à 2,8%, contre 2,9%.
C'est une accélération par rapport au troisième trimestre (2,6%), mais une déception pour des analystes qui se sont révélés trop optimistes, puisqu'ils tablaient sur 3,3%.
La bonne nouvelle du quatrième trimestre avait été la vigueur du moteur traditionnel de la croissance américaine, la consommation des ménages, qui représente 70% du produit intérieur brut.
Cette consommation a progressé de 4,1% en rythme annuel, moins que le gouvernement ne le pensait jusqu'ici. Mais les ménages n'avaient pas autant accru leurs achats depuis la fin 2006, époque de faible chômage et d'optimisme.
Le chômage reste aujourd'hui élevé, à 9,0%, et les consommateurs ne sont plus aussi sûrs de voir leurs revenus progresser. Beaucoup tâchent de se refaire une santé après avoir emprunté à outrance.
En 2011, ils seront aidés par l'amélioration du marché de l'emploi et la reconduction de réductions d'impôts votée en décembre par le Congrès, parie Augustine Faucher, un économiste de l'agence Moody's. Il prévoit une croissance qui "se renforcera tout au long de l'année 2011".
Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, n'en est pas aussi sûr. "Avec l'explosion des prix de l'essence, les exonérations fiscales °... serviront maintenant davantage à payer l'énergie qu'à générer une nouvelle demande", a-t-il estimé. Il trouve la croissance actuelle "lente", comparé à celle qui avait suivi les récessions de 1981-1982 ou de 2001.
Le quatrième trimestre 2010 a marqué le retour du produit intérieur brut, mesuré en dollars constants (corrigé des effets de l'inflation), au-dessus de son niveau de fin 2007, soit avant ce que les économistes ont appelé "la grande récession" de 2008-2009. Mais le retour de la croissance profite très diversement aux Américains.
Les exportateurs sont stimulés par la santé de certains des partenaires commerciaux des États-Unis, et le secteur financier accumule les profits (87,5 milliards de dollars pour l'ensemble des banques en 2010). Par contraste, le niveau de vie des salariés stagne et le niveau des embauches reste très insatisfaisant.
L'État fédéral, et plus encore les États fédérés et collectivités locales, sont parmi ceux pour lesquels la crise se ressent encore.
D'après le gouvernement, "l'économie américaine continue son expansion, avec une hausse de la croissance fin 2010 et un nouveau renforcement attendu début 2011", résumait le 25 février l'économiste en chef du département du Commerce, Mark Doms. Mais les dépenses publiques sont désormais un facteur négatif : elles ont retranché 0,31 point de croissance. Et il est illusoire de croire qu'il y aurait une marge de manœuvre budgétaire pour des mesures de relance si la croissance devait faiblir face à certains risques, comme une hausse du pétrole. "Les faiblesses qui subsistent dans l'emploi et la croissance des revenus, un excès non négligeable d'offre sur le marché immobilier, et la reconstitution des finances du privé devraient rester un poids pour la demande privée", prévenait dans sa dernière note de conjoncture le Fonds monétaire international.
AFP/VNA/CVN