"On a un accord, tout le monde y a mis du sien", a annoncé la présidence française de ce forum des principaux pays riches et émergents qui représentent ensemble 85% de la richesse de la planète. "Cela n'a pas été simple", a reconnu devant la presse la ministre française des Finances, Christine Lagarde, au terme d'une réunion avec ses pairs, évoquant des "négociations franches, parfois tendues, mais fructueuses" ayant abouti à un "compromis final".
Paris voulait un accord dès sa première réunion à la tête du G20 sur une liste d'indicateurs des déséquilibres accusés d'avoir nourri la crise mondiale et la "guerre des monnaies" qui a fait rage à l'automne. Mais elle butait sur l'hostilité de certains pays émergents, Chine en tête, à certaines mesures. "C'est la Chine contre le reste du monde", avait lâché le 19 février au matin le membre d'une délégation, après une nuit de tractations infructueuses.
Les indicateurs retenus pour analyser "les déséquilibres majeurs et persistants qui appellent des mesures", selon le communiqué final, concernent "la dette et les déficits publics, le taux d'épargne et l'endettement privé". La mesure des déséquilibres extérieurs se fera de manière indirecte, "à partir de la balance commerciale, des flux nets de revenus d'investissement et des transferts, en tenant pleinement compte du taux de change et des politiques budgétaire, monétaire ou autre".
La manière d'inclure le taux de change "a fait l'objet de longs débats", a reconnu Christine Lagarde. Et cette liste ne comprend pas les réserves de change, une des mesures les plus controversées. La Chine, du haut de ses 2.700 milliards de dollars de réserves, s'y opposait, tout comme le Brésil et la Russie. "Je crois que les choses essentielles figurent" dans la liste, a estimé le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, jugeant le résultat "acceptable".
Ces indicateurs doivent servir de thermomètre pour établir un diagnostic partagé et faire, dans la seconde moitié de l'année, des recommandations de politique économique aux pays qui présentent des excédents ou des déficits excessifs.
Entretemps, le G20 devra définir, d'ici à sa prochaine réunion prévue mi-avril à Washington, de simples "lignes directrices", sur la manière d'utiliser ces indicateurs, loin de l'idée, pourtant chère à certains pays, de fixer des objectifs contraignants pour réduire les déséquilibres.
La difficulté à parvenir à un compromis sur un sujet aussi technique en dit long sur les obstacles qui se dressent face aux ambitions réformatrices de la France.
Sur la réforme du système monétaire international, les ministres ont "débattu de ses défauts" et de la nécessité d'avoir un "code de conduite" pour réguler les flux de capitaux, a-t-elle dit, ajoutant que les ministres attendaient désormais un rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur ces questions.
Quant à la lutte contre la volatilité des prix des matières premières agricoles, une "grande convergence de vues" s'est esquissée sur la nécessité d'une plus forte "transparence", a-t-elle ajouté.
Les grands argentiers de la planète se sont enfin dits prêts à "accompagner les réformes" en Égypte et en Tunisie.
AFP/VNA/CVN