Proche-Orient : Washington refroidit l'espoir français

Wait and see (atten-dre et voir) : Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, a laissé entendre le 6 juin à son homologue Alain Juppé qu'elle jugeait prématurée l'idée française d'une conférence de paix sur le Proche-Orient, faute de volonté des parties.

M. Juppé, en visite dans la capitale américaine après une tournée dans la région, a fait mine de se contenter de cet accueil réservé, préférant relever la convergence entre Paris et Washington sur le fait que "le statu quo ne peut plus durer" entre Israéliens et Palestiniens.

La réponse de Mme Clinton en forme de 'wait and see' "est déjà pour moi une ouverture très importante", a affirmé M. Juppé estimant que la probabilité d'aboutir à cette conférence était "aujourd'hui d'une chance sur dix". "Mais même cela, il faut le saisir", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse après la rencontre.

La France a dévoilé le 2 juin un projet de conférence de paix israélo-palestinienne sur la base des paramètres énoncés en mai par le président américain Barack Obama : la création de deux États sur la base des lignes de juin 1967, modifiées par des échanges agréés par les deux parties.

Ce projet de réunion, que Paris aimerait organiser avant la fin juillet, n'a jusqu'à présent vraiment suscité l'adhésion que du président palestinien Mahmoud Abbas, et encore, puisque le Hamas avec lequel M. Abbas s'est réconcilié juge "absurde" l'idée de négocier avec Israël.

Côté israélien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait savoir, sans plus de détails, qu'il "soupesait" l'offre française.

M. Juppé a souligné que faute d'avancée avant l'Assemblée générale des Nations unies en septembre à New York, le processus de paix se trouverait dans une situation encore plus désespérée. Il faisait référence à l'intention des Palestiniens de demander l'adhésion de leur État à l'ONU sur les lignes de 1967 (Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza). Il a en outre exprimé des doutes sur la stratégie "de fuite en avant sécuritaire" d'Israël.

"Je ne suis pas sûr qu'il y ait un avenir à long terme pour Israël dans cette espèce de fuite en avant sécuritaire. C'est peut-être très bon à très court terme pour les prochaines élections israéliennes mais je ne suis pas sûr que ce soit bon pour l'avenir de ce pays", a-t-il estimé lors d'un point presse à l'ambassade de France.

Mais Hillary Clinton a insisté sur les obstacles à l'initiative de Paris.

"L'idée d'une réunion quelle qu'elle soit ou d'une conférence doit être associée à une volonté des parties de reprendre la négociation", a-t-elle observé. "Nous soutenons fermement un retour aux négociations, mais nous ne pensons pas qu'une conférence sur le retour aux négociations serait productive."

Les Américains sont "sceptiques sur le principe d'une conférence parce qu'ils ont beaucoup essuyé de plâtres dans le domaine (...). Ils n'ont pas envie de s'engager dans un processus qui pourrait ne pas réussir", a plus tard interprété M. Juppé.

Pour la secrétaire d'État, il faut d'abord "un retour aux négociations, qui demandera beaucoup de persuasion et de travail préparatoire, de manière à organiser une rencontre productive entre Israéliens et Palestiniens".

C'est ce que fait l'administration américaine : outre M. Juppé, Mme Clinton a reçu successivement le 6 juin Saëb Erakat, le négociateur palestinien, puis l'émissaire israélien Yitzhak Molcho.

En conclusion selon elle, "notre attitude actuelle est d'attendre de voir, parce que nous n'avons encore aucune assurance des parties" concernant leur volonté de reprendre le dialogue.

Commentant sa tournée dans la région ces derniers jours, ainsi que son entretien avec Mme Clinton, Alain Juppé s'est toutefois voulu optimiste. "Je suis assez agréablement surpris", a-t-il dit, "parce que les Palestiniens ont réagi positivement, les Israéliens n'ont pas dit non, et la secrétaire d'État a dit +wait and see+".

Français et Américains partagent la même analyse, a dit un peu plus tard à la presse Saëb Erakat.

"Je ne pense pas que le problème soit Juppé, ni que le problème soit Clinton, ni la Suède ou la Chine", a-t-il lancé aux journalistes : "Le problème, c'est le Premier ministre d'Israël, qui refuse la solution à deux États".

AFP/VNA/CVN

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