Proche-Orient : un climat de vive tension à Jérusalem-Est

De violents heurts, les plus importants depuis plusieurs années, ont opposé le 16 mars Palestiniens et forces de sécurité israéliennes à Jérusalem-Est, dans un climat de vives tensions politico-religieuses et de crise diplomatique.

À Gaza, le Hamas a appelé à une nouvelle "intifada", un soulèvement populaire palestinien. L'envoyé spécial américain George Mitchell a reporté à la fin mars sa visite prévue le 16 mars au Proche-Orient, au moment où les relations entre les alliés israélien et américain connaissent un sérieux coup de froid.

À Jérusalem-Est, 60 Palestiniens ont été arrêtés et 15 policiers israéliens blessés, dont 4 ont été hospitalisés, dans des accrochages à l'intérieur et autour de la Ville sainte, où 3.000 membres des forces de l'ordre avaient été déployés, selon un dernier bilan de la police. Un des policiers a été touché à la main par une balle, a précisé un porte-parole.

Vingt-et-un manifestants ont été hospitalisés, a indiqué de son côté le directeur des services d'urgence du Croissant-Rouge palestinien, Amin Abou Ghazali. Des dizaines d'autres ont été soignés sur place.

Des agents en civil d'unités spéciales de la police, déguisés en manifestants, ont procédé à de nombreuses arrestations. Le calme est revenu en soirée dans la plupart des quartiers, selon la police.

Les Palestiniens manifestaient pour "la défense de Jérusalem", au cœur des frictions avec Israël. Ils protestaient en particulier contre l'inauguration la veille de la synagogue historique de la Hourva, reconstruite dans le quartier juif de la Vieille ville et perçue comme une nouvelle provocation.

L'Organisation de la conférence islamique (OCI) a dénoncé sa construction sur ce qu'elle considère être des terrains palestiniens.

Dans le camp de réfugiés de Choufat et le quartier arabe d'Issawiyeh, des manifestants ont caillassé les policiers et gardes-frontières qui ont riposté en tirant des grenades assourdissantes, des gaz lacrymogènes et des balles caoutchoutées.

Des affrontements ont aussi eu lieu à Wadi Joz, autre quartier arabe de Jérusalem-Est annexée, ainsi que dans la Vieille ville et à Qalandiya, principal point de passage entre Jérusalem et Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne. En Cisjordanie, des incidents ont été signalés notamment à Hébron.

En outre, dans la ville majoritairement arabe de Jaffa, à la périphérie de Tel-Aviv, un bus a été la cible de jets de pierre. Il n'y a pas eu de blessés dans cet incident, le premier à éclater hors de Jérusalem et ses environs.

La police restera en état d'alerte jusqu'à vendredi compris, selon son chef Dudi Cohen, qui a toutefois estimé que ces heurts ne s'apparentaient pas à une "troisième intifada", une allusion aux soulèvements sanglants de la fin des années 1980 et du début des années 2000. Il a dit espérer "un retour à la normale dimanche".

À Jérusalem, la police maintient l'interdiction d'accès à l'esplanade des Mosquées aux fidèles musulmans âgés de moins de 50 ans, ainsi qu'à tous les visiteurs non musulmans.

Dans la bande de Gaza, des milliers de personnes ont participé le 16 mars à une "journée de colère" du Hamas, tandis que Moussa Abou Marzouk, un chef du mouvement, appelait à une nouvelle "intifada".

Les nouveaux heurts à Jérusalem surviennent pendant que l'administration Obama s'efforçait de ranimer le processus de paix.

Les États-Unis avait arraché la semaine dernière, après des mois d'efforts, un accord palestinien à des négociations indirectes avec Israël. Mais ces discussions, dites "de proximité", semblent mort-nées depuis le récent feu vert israélien à la construction de 1.600 logements dans un quartier de colonisation à Jérusalem-Est. L'Autorité palestinienne a dit qu'elle ne reprendrait pas les négociations sans un gel complet de la colonisation.

AFP/VNA/CVN

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