>>Valls chez Merkel à Berlin pour une délicate mission de conviction
Souvent dépeinte en modèle de rigueur budgétaire, l'Allemagne détient encore la plus importante dette publique de la zone euro, à 2.147 milliards d'euros en 2013.
Le cap des 2.000 milliards tout juste franchi par la France, l'Allemagne l'a passé en 2010, crise économique et soutien à la conjoncture obligent.
La dette de l'Allemagne recule grâce à la croissance du pays et à une démagrophie atone |
La dette allemande représentait à fin décembre 78,4% du Produit intérieur brut (PIB), en recul par rapport aux 81% de 2012, mais encore loin du plafond européen fixé à 60%. Elle se situe aujourd'hui "à son plus haut niveau en temps de paix", selon une étude l'an dernier de l'institut Ifo et du Centre des études économiques.
Le ratio devrait toutefois décliner progressivement jusqu'à revenir dans les clous du pacte de stabilité en 2024, selon les projections du gouvernement allemand.
Principale raison, un budget fédéral attendu à l'équilibre à partir de 2015, pour la première fois depuis 1969, qui permettra de "ne contracter aucune dette l'an prochain", a promis le ministre des Finances Wolfgang Schäuble. Berlin veut réitérer l'exploit les années suivantes jusqu'à au moins 2018.
L'Allemagne, qui a comme ses partenaires gonflé ses dépenses publiques au plus fort de la crise en 2009 et 2010, profite depuis la bonne tenue de sa conjoncture, qui fait augmenter les rentrées fiscales et minore les dépenses sociales (allocations chômage par exemple), ainsi que de taux d'intérêt historiquement bas.
Depuis le début de la crise de la dette en zone euro, le pays s'endette à nettement moindre coût que ses partenaires européens, les obligations émises par la première économie de la région jouant le rôle de valeur refuge. Résultat, sa charge d'intérêt, l'un des plus gros postes de son budget, a fondu.
Sous la houlette de M. Schäuble, le pays bride également ses autres dépenses - qui continuent à augmenter d'année en année, mais à petite vitesse. Le budget militaire en a fait les frais, de même que les investissements publics dans les infrastructures.
La population vieillissante, problématique à terme lorsqu'il s'agira de financer les retraites et d'innover, joue pour le moment aussi en sa faveur, en limitant les dépenses dans l'éducation ou certaines prestations sociales, et ce alors que beaucoup des baby-boomers sont encore en activité.
Ces derniers temps, en Allemagne, de plus en plus de voix critiquent l'obsession de l'équilibre budgétaire comme une fin en soi, au détriment de la dynamique économique. Infrastructures par endroits délabrées et, récemment, déboires de l'armée et son matériel vétuste, apportent de l'eau à leur moulin.
Mais pour Mme Merkel et M. Schäuble, faire baisser la dette est un devoir envers les générations futures, et un impératif pour un pays vieillissant. La chancelière a fait valoir l'argument la semaine dernière auprès du Premier ministre français Manuel Valls.
AFP/VNA/CVN