Prime à la casse : Chevalier blanc de l'économie américaine ?

Des concessionnaires qui liquident leurs stocks, des constructeurs qui connaissent un léger regain d'activité : la prime à la casse mise en place fin juillet aux États-Unis connaît un succès fulgurant et pourrait bien doper l'économie... au moins momentanément.

"Du liquide contre votre guimbarde", c'est sous ce sobriquet que l'administration Obama a lancé la "prime à la casse" la semaine dernière, offrant jusqu'à 4.500 dollars aux Américains souhaitant se débarrasser de leur ancienne voiture pour en acheter une neuve, moins gourmande en carburant.

Le succès a été foudroyant. À tel point que le Sénat a dû voter une rallonge de 2 milliards de dollars jeudi dernier pour maintenir le programme à flot.

Logiquement, plus les automobilistes se ruent sur les nouveaux véhicules, plus les ventes augmentent, entraînant dans leur sillage une augmentation des recettes des constructeurs avec, au pire, des emplois sauvegardés dans le secteur, et au mieux des créations de postes.

L'objectif primordial de la prime est d'ailleurs d'aider une industrie dont 2 des grands représentants, General Motors et Chrysler, viennent d'échapper à la faillite avec l'aide gouvernementale, et de promouvoir les véhicules propres.

La prime à la casse est "un très bon coup de pouce à court terme. Elle va aider à faire pencher la balance de la consommation du bon côté au troisième trimestre", estime Peter Kretzmer, économiste chez Bank of America.

Son homologue Dean Maki de Barclay's Capital va même plus loin. Il avance que la "prime à la casse" pourrait bien apporter un point de croissance au trimestre en cours. Il table sur une croissance de 3,5% pour cette période.

Pour Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, l'embellie sera certes de courte durée mais la prime aura pour effet d'aider l'économie à repartir du bon pied. "Beaucoup de gens ont conservé leur emploi, malgré la crise et ils s'en sortent. Mais ils ne dépensent pas leur argent. C'est pourtant ce qu'ils devraient faire pour donner un coup de fouet à l'économie", lance M. Naroff. Mais alors que le président Obama s'appuie sur les nouveaux chiffres du chômage moins catastrophiques que prévu (9,4% de la population active sans emploi en juillet) pour clamer que "le pire est derrière nous", d'autres analystes sont beaucoup plus prudents sur les effets -avérés ou fantasmés- de la "prime à la casse".

Le programme "ne fait qu'accélérer le rythme des ventes qui auraient eu lieu de toute façon", observe Cary Leahey, économiste à Decision Economics. Et Jeremy Anwyl, directeur de recherches chez Edmunds.com, d'estimer que le premier milliard de dollars affecté à la "prime à la casse" n'a permis que 50.000 ventes de véhicules supplémentaires.

Conclusion de M. Anwyl : "la prime à la casse n'a rien d'un ballon d'oxygène pour l'économie". Mais d'autres économistes, tout aussi sceptiques, arguent surtout que l'argent offert aux automobilistes n'est en fait qu'une simple hypothèque -remboursable à terme, avec intérêts.

Du côté des adversaires républicains de Barack Obama, les voix s'élèvent aussi. À l'image du sénateur texan (Sud) John Cornyn qui s'interroge, faussement candide : "Les gens aiment bien qu'on leur donne de l'argent. Moi aussi. Mais tout cela ne fait que renforcer une tendance vers des dépenses inconsidérées. Et après, on va faire quoi ? On va offrir du liquide pour que les gens s'achètent des chaussures ? Des produits frais ?"

AFP/VNA/CVN

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