Premiers résultats positifs pour le modèle de jardin-forêt

Un jardin-forêt à sept strates est conçu à titre expérimental dans le district de Vân Hô, province de Son La (Nord), dans le cadre d’un projet financé par l’OIF. Ce dernier permet de renforcer les capacités d’adaptation au changement climatique des femmes locales.

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Un matin ensoleillé de début d’hiver. Comme à son habitude, Hà Thi Xoan, une paysanne résidant dans le village de Buot, commune de Chiêng Yên, se consacre à son jardin-forêt : arroser les plantes, arracher les mauvaises herbes, s’occuper des jeunes pousses. Elle ne cache pas sa satisfaction en contemplant son jardin-forêt où cohabitent diverses sortes de plantes : légumes, théiers, fleurs, arbres fruitiers…

Edgar Doerig, représentant régional pour l’Asie et le Pacifique de l’OIF, accompagné par Đinh Thi Huyên, directrice du TABA, visite fin novembre le modèle de jardin-forêt à Vân Hô, province montagneuse de Son La (Nord).

"Auparavant, sur cette colline, nous ne cultivions que des théiers car le sol était pauvre. Les autres plantes ne pouvaient pas se développer", se souvient Hà Thi Xoan. Elle vient d’ajouter près de 2.000 plantes de toutes sortes pour enrichir son jardin-forêt.

Ce modèle est mis en place à titre expérimental dans le cadre du projet "Renforcement des capacités d’adaptation au changement climatique et création de moyens de subsistance durables par l’installation du modèle de jardin-forêt pour les femmes du district de Vân Hô, province de Son La". Celui-ci, financé par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a été mis en œuvre de novembre 2021 au 30 avril 2022 par le Centre de coopération pour le développement du Nord-Ouest (TABA).

La province montagneuse de Son La est la plus grande du Nord-Ouest du Vietnam. La dégradation des terres (appauvrissement et érosion du sol) combinée à la déforestation est observée dans toute la localité, affectant plus de 70% des terres agricoles, 91,34% des terres sylvicoles et 93,5% des terres non exploitées. Ce phénomène, dû au relief montagneux, au changement climatique (sécheresse et/ou pluies torrentielles) et aux activités anthropologiques, menace la sécurité alimentaire et restreint les sources de revenus.

À noter que plus de 80% des femmes à Son La tirent leur revenu principal de la production agricole. Elles méritent de nouvelles opportunités économiques, via l’application de modèles de production agroforestière intelligents, la participation à des formations pour acquérir de nouvelles connaissances et compétences en matière d’utilisation durable des ressources foncières pour, in fine, avoir des moyens de subsistance durables.

Face à cette situation, le projet s’est fixé pour objectif de renforcer les capacités d’adaptation au changement climatique des femmes du district de Vân Hô et de la commune de Chiêng Yên en particulier, en établissant un modèle-pilote de jardin-forêt sur un terrain en pente.

Il visait également à sensibiliser les autorités locales sur le rôle joué par les femmes dans la production agro-sylvicole, en vue de l’adoption d’un plan de développement socio-économique décliné en plan d’adaptation au changement climatique, incluant la participation des femmes.

Dégradation des sols, un problème alarmant

Avant de choisir de mener un tel projet, "nous avons étudié plusieurs rapports du gouvernement, de ses organes ainsi que d’organisations internationales sur la dégradation des terrains, notamment ceux en pente qui occupent jusqu’à plus de 80% des terres arables à Son La", informe Đinh Thi Huyên, directrice du centre TABA.

Après une longue période d’application de la mono-culture, les terrains ont subi l’érosion et perdu peu à peu leurs nutriments organiques. C’est pour cette raison que ces dernières années, la culture locale n’a pas été efficace en raison de la mauvaise qualité de la terre, déplore-t-elle.

Au Vietnam et dans le monde, il existe des modèles agro-sylvicoles novateurs. Récemment, la nouvelle notion de jardin-forêt a émergé. "Il s’agit d’un modèle qui présente de nombreux avantages pour lutter contre l’érosion du sol et exploiter plus efficacement et durablement les terrains en pente", insiste Đinh Thi Huyên.

Après des recherches, "nous avons décidé d’expérimenter le modèle de jardin-forêt à sept strates dans le village de Buot, commune de Chiêng Yên", poursuit-elle. Un hectare de colline a été végétalisé avec plus de 1.000 espèces de plantes. Le projet a bénéficié directement à 700 femmes de Chiêng Yên.

"C’est un nouveau modèle au Vietnam qui valorise la mutualité entre les strates et garantit l’efficacité économique", explique la directrice.

La strate du haut sera réservée aux arbres pluriannuels, celle du bas aux légumes. Les strates du centre seront destinées aux arbres fruitiers, théiers, plantes à fleurs, soja et haricot. "On essaie de former un écosystème complet dans le jardin-forêt", souligne-t-elle.

Un modèle efficace

Ce modèle présente une efficacité économique significative pour les habitants, surtout que les terres arables dans les régions montagneuses sont limitées. Les paysans peuvent récolter tout au long de l’année. À long terme, ils peuvent exploiter les arbres fruitiers, tandis qu’à court terme, les légumes, les plantes de soja, d’haricot et de cacahuète constituent une source de revenu.

"En outre, nous appliquons également le modèle de tourisme agricole. Nous avons lancé des circuits au cours desquels les visiteurs, notamment les élèves, peuvent observer la nature, la terre et l’écosystème", fait savoir Đinh Thi Huyên.

Dans le cadre de ce projet, les femmes de la commune de Chiêng Yên ont participé à plusieurs cours de formation. Elles ont acquis des connaissances sur l’écosystème, l’utilisation des engrais organiques, la production d’engrais à base d’herbes, ainsi que sur le jardin-forêt.

"Nous avons fait face à de nombreuses difficultés au début de la mise en place du projet. Il est expérimenté sur une colline où les paysans cultivent les théiers depuis longtemps. En raison de l’abus d’engrais chimiques, le sol est appauvri. Il est rare de voir un ver de terre dans le sol", partage Hà Thi Xoan.

Hà Thi Xoan, une paysanne bénéficiaire du projet.

Récemment, on a observé l’apparition de nombreux insectes tels que les criquets et les sauterelles et les vers de terre sont de plus en plus nombreux. Cependant, ces insectes mangent les jeunes plantes. "Nous devons choisir d’autres plantes plus adaptées", indique Đinh Thi Huyên.

Sur le terrain, Edgar Doerig, représentant régional pour l’Asie et le Pacifique de l’OIF, a apprécié l’efficacité de ce modèle. "Dans ce jardin-forêt, on a toutes sortes de plantes de différentes tailles combinées qui vont contribuer à éviter l’érosion du sol et évidemment donner des fruits et accroître les revenus des villageois", souligne Edgar Doerig.

"Ce modèle nous aide à augmenter nos revenus. En attendant des arbres donner leurs fruits, on peut récolter plantes et légumes", partage Hà Thi Xoan en souriant.

Profitant d’un petit repos sous l’ombre d’un arbre, elle regarde avec une grande satisfaction les tournesols qui fleurissent. Symbole de la vitalité de sa terre natale.

Texte et photos : Vân Anh - Phuong Mai/CVN

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