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Village de Vang Môn, commune de Nga My. |
Photo : CTV/CVN |
Parmi les 54 communautés ethniques du Vietnam, l’ethnie O Du est l’une des cinq les moins peuplées, aux côtés des Si La, Pu Peo, Brâu et Ro Mam.
Auparavant, les O Du résidaient essentiellement dans deux villages, Xôp Pôt et Kim Hoa, de la commune de Kim Da, district de Tuong Duong.
En 2006, ils ont été déplacés vers le village de relogement de Vang Môn, situé à environ 70 km du centre du district de Tuong Duong, le long de la Nationale 48C, dans la commune de Nga My. Cette décision a été prise pour faciliter la construction de la centrale hydroélectrique de Ban Ve.
Certaines familles O Du ont choisi de s’installer aux côtés des groupes ethniques Thai et Kho Mu, résidant dans quatre communes : Tam Dinh, Thach Giam, Xa Luong et Luong Minh, toutes situées dans le district de Tuong Duong.
Faire peau neuve
Les conditions de vie des O Du se sont nettement améliorées. |
Photo : VNA/CVN |
Vi Thi Mùi, vice-présidente du Comité populaire de la commune de Nga My, affirme que la communauté O Du de Vang Môn compte actuellement 102 ménages, regroupant une population totale de 345 personnes. Après avoir passé 17 ans dans leur nouveau lieu de vie, ils ont connu des améliorations significatives tant sur le plan matériel que spirituel. La transformation la plus remarquable réside dans l’attention accrue portée au développement de l’agriculture et de l’élevage, ainsi qu’à l’éducation des enfants.
Par ailleurs, la préservation des coutumes, des traditions et de l’identité culturelle demeure une priorité absolue. Le village a établi un club et un groupe de spectacles culturels. La tradition séculaire du tissage du brocart est toujours pratiquée avec passion par les femmes locales. Divers rituels, festivals, danses folkloriques, cuisine traditionnelle et produits tissés en bambou sont respectés et perpétués. Tous les foyers ont désormais accès à l’électricité et à l’eau potable, en plus de disposer d’une assurance maladie.
Les autorités à tous les niveaux sont engagées dans la mise en œuvre des politiques et soutiennent activement les initiatives, telles que la plantation d’arbres, l’élevage, et les prêts de développement économique.
Une femme O Du et son fils. Photo : VNA/CVN |
L’une des améliorations les plus notables dans le village de Vang Môn est le réseau routier bien entretenu, récemment bétonné. En effet, la Nationale 48C traversant le village a considérablement aidé les habitants locaux à s’engager dans des activités commerciales, échanger des marchandises et dynamiser leur économie.
Mme Mùi a également souligné l’impact significatif de divers programmes et projets gouvernementaux, qui ont permis de fournir des ressources agricoles et de l’eau potable aux zones ethniques pauvres situées dans des communes et des villages en extrême difficulté.
De plus, la politique de soutien à la réinstallation et le nouveau programme de développement rural et de réduction durable de la pauvreté ont joué un rôle essentiel dans cette transformation. Deux décisions gouvernementales ont été particulièrement importantes : le programme de développement socio-économique au sein de groupes minoritaires ethniques extrêmement restreints et le programme de développement culturel pour la période 2016-2020.
En 2017, le projet de soutien au développement socio-économique du groupe ethnique O Du pour la période 2016-2025, mis en œuvre par la province de Nghê An, a permis le forage de puits, le développement du tissage traditionnel, la construction de nombreux enclos à bétail avec plus de 300 vaches reproductrices, l’acquisition de machines agricoles, la culture des terres et des semences de gazon, ainsi que des cours de langue O Du.
Une culture menacée
Vi Thi Dung conserve le métier ancestral de tisser des costumes traditionnels des O Du. Photo : VNA/CVN |
La vice-présidente du Comité populaire de la commune, Vi Thi Mùi, informe que la commune de Nga My comprend neuf villages, avec plus de 1.110 habitants, appartenant aux ethnies : Thai, Kinh, O Du et Kho Mu. Parmi eux, le groupe ethnique Thai représente 90%. La cohabitation entre ces groupes ethniques a engendré une saine émulation et un mélange d’us et coutumes au sein de la communauté O Du.
Bien que les O Du conservent encore leurs caractéristiques uniques, telles que les activités et rituels traditionnels lors des festivals et des célébrations du Nouvel An, leur culture est toujours menacée de disparition. Leurs vêtements traditionnels ne sont désormais visibles que lors d’occasions spéciales et de festivals, tandis qu’ils adoptent habituellement au quotidien des styles vestimentaires influencés par les groupes ethniques Thai, Kho Mu et Kinh. De plus, leurs logements traditionnels ont évolué vers un style plus moderne.
Dans une classe de l’École primaire de Nga My, village de Vang Môn. |
Photo : VNA/CVN |
Ce qui suscite de vives inquiétudes est la disparition progressive de leurs vêtements traditionnels, de leur langue et de leurs pratiques culturelles, ajoute-t-elle. Vi Thi Dung, âgée de 76 ans, est l’une des rares personnes à posséder encore les connaissances et les compétences requises pour confectionner les vêtements traditionnels O Du. Elle explique que la confection de ces vêtements est un processus complexe, impliquant de nombreuses étapes. Malheureusement, le métier de tissage a perdu de nombreux artisans talentueux au fil du temps, avec peu d’intérêt de la part de la jeune génération.
Suite à leur déménagement en 2007 dans le village de réinstallation et aux inquiétudes concernant le déclin des traditions de leur ethnie, elle a pris sur elle de relancer l’art du tissage. Cependant, en raison de son grand âge, la confection d’une tenue O Du complète lui prend environ deux semaines.
Pourtant, la préservation de la culture O Du est confrontée à un problème urgent concernant la langue et d’écriture. Lo Thanh Binh, un habitant de 75 ans du village de Vang Môn, partage : “À l’heure actuelle, il n’y a que quelques personnes à Vang Môn qui conservent une certaine connaissance de la langue et du vocabulaire O Du. Dans le passé, la langue O Du était largement utilisée. Cependant, à mesure que les générations plus âgées sont décédées et que leurs descendants ont commencé à vivre avec d’autres groupes ethniques, notre langue a progressivement disparu. Actuellement, très peu de villageois parlent la langue O Du, en partie à cause de sa prononciation et de sa mémorisation difficiles. Les efforts visant à l’enseigner la langue O Du dans la communauté ont donné des résultats limités”.
Maison de la culture des O Du dans le village de Vang Môn. |
Photo : VNA/CVN |
D’après Luong Xuân Hiêp, chef du Bureau des affaires ethniques du district de Tuong Duong, certains cours ont été organisés pour enseigner la langue O Du par la tradition orale.
La préservation de la langue est en effet une tâche difficile car très peu de personnes la connaissent. “Nous sommes toujours à la recherche de documents et de personnes connaissant l’écriture O Du”, dit-il.
Xuân Tiên - Huong Linh/CVN