Plans de relance : l'Europe refuse de se faire forcer la main par Washington

Les pays de la zone euro ont rejeté le 9 mars un appel des États-Unis en faveur de nouveaux plans de relance, laissant apparaître de premières fissures transatlantiques avant le sommet du G20.

"Nous sommes tombés d'accord (pour dire) que les récents appels américains exigeant un effort budgétaire supplémentaire ne nous conviennent pas (...). Nous ne sommes pas prêts à augmenter les paquets conjoncturels que nous avons (déjà) ficelés", a déclaré le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker. "Nous avons fait ce que nous devions faire", a ajouté M. Juncker, qui s'exprimait à l'issue de la réunion mensuelle du forum des grands argentiers de la zone euro qu'il préside, l'Eurogroupe, à Bruxelles (Belgique).

Le Premier ministre et aussi ministre luxembourgeois des Finances réagissait à des propos du conseiller économique de la Maison Blanche, Lawrence Summers, en vue du sommet du G20 de Londres le 2 avril. Ce dernier a exhorté dans une interview le 9 mars les pays industrialisés à ne pas relâcher leur effort de relance, car l'économie mondiale "a besoin de plus de demande" et d'"une action extraordinaire des pouvoirs publics".

"Le G20 doit se concentrer sur la demande mondiale. Le monde a besoin de plus de demande", a dit M. Summers.

Pour stimuler leur économie, les États-Unis ont lancé en février un plan de relance doté de 787 milliards de dollars.

Les pays de l'Union européenne ont engagé des mesures d'un montant total moins important, évalué à 400 milliards d'euros par la Commission européenne pour 2009 et 2010, soit 3,3% de leur Produit intérieur brut.

Ce chiffre inclut des plans nationaux de relance des gouvernements, des investissements européens mais aussi l'augmentation automatique des dépenses sociales (allocations chômage par exemple) induite en Europe par la crise économique. Ce que les économistes appellent les "stabilisateurs automatiques".

Pour l'Allemagne, principale économie européenne, il est exclu dans l'immédiat de faire des efforts supplémentaires, alors que les déficits publics de la plupart des pays européens s'envolent, tout en restant à un niveau bien moindre qu'aux États-Unis.

"Nous ne prévoyons pas de mesures supplémentaires, a dit le 9 mars à Bruxelles le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, nous devons déjà mettre en place ce que nous avons décidé".

La fin de non-recevoir adressée par les Européens à Washington, moins d'un mois avant le grand sommet du 2 avril à Londres sur la crise économique et financière, est le premier signe public d'un différend avec l'administration du nouveau président américain Barack Obama sur la manière d'affronter la récession.

AFP/VNA/CVN

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