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Pham Thi Huê s’est vu décerner le titre de «Héros de l’Asie» par le Times Magazine en 2004. Photo : |
Avec 19 autres lauréats asiatiques, Pham Thi Huê, 36 ans, a été choisie en 2004 par le magazine américain Times Magazine comme «Héros de l’Asie». Elle a été honorée pour avoir bravé la discrimination sociale et aidé beaucoup de victimes du VIH/sida.
Cette femme originaire de la ville de Hai Phong (Nord) a confié qu’elle fait 11 kg de plus qu’en 2001, année où elle a appris sa séropositivité. Difficile de croire qu’une femme apparemment en bonne santé et avec un sourire radieux soit porteuse du VIH depuis 15 ans. Huê non seulement vit, mais en plus aide les autres. C’est une figure connue des médias sur toutes les questions ayant trait au VIH.
Huê a fondé en 2003 l’association «Hoa Phuong Do» (Flamboyant rouge) dont les membres sont tous séropositifs. Son association diffuse des informations sur le VIH/sida et prend soin des malades, en particulier ceux qui sont rejetés par leurs proches.
Le jour où sa vie a basculé
Huê a appris son infection en 2001, alors qu’elle était à l’hôpital, prête à donner naissance à son fils. Son mari, un ancien toxicomane séropositif, l’avait contaminée. Le bonheur de donner naissance à un enfant a été de courte durée, car elle et son fils ont rapidement dû faire face au rejet du voisinage et d’une partie de leurs proches. Couturière, Huê a perdu ses clients, de même que ses beaux-parents qui ont dû fermer leur café. Ne voyant pas d’issue à ce calvaire tant moral que physique, Huê a parfois songé à mettre fin à ses jours. Ce qui l’a fait tenir, c’est son fils, assez chanceux pour ne pas avoir été contaminé.
Après un séminaire en 2002, où elle a eu un dialogue très motivant avec le Dr Khuât Thu Hông, chef adjoint de l’Institut d’étude du développement social, Huê a décidé de prendre le taureau par les cornes et de ne plus se replier sur elle-même. La jeune femme a commencé diverses activités, comme conseil aux personnes contaminées et accompagnement de malades en phase terminale.
Pham Thi Huê sensibilise le public |
Notre «Héros de l’Asie» est actuellement chef chargé des relations publiques au Centre d’assistance communautaire dans la santé, de prévention et de lutte contre le VIH/sida à Hai Phong. Son centre travaille actuellement sur un projet d’aide aux parents d’enfants infectés par le virus.
Parrainé par l’Agence sud-coréenne de coopération internationale, «le projet a été mis en œuvre dans l’arrondissement de Lê Chân en 2003 et est en cours dans celui de Hông Bàng», informe Huê.
La stigmatisation recule mais la lutte continue
Huê donne des conseils directs ou par téléphone, oriente les patients vers les hôpitaux, les incite à combattre leur maladie et à résister à la stigmatisation, la discrimination ou l’ostracisme. Elle donne des conseils chaque jour et communique même son numéro personnel aux personnes qui le lui demandent. On l’appelle souvent dès l’aube et aussi tard que 02h00 ou 03h00 du matin.
«Je fais de mon mieux pour aider les personnes séropositives sur la base de mes expériences personnelles. Je suis contente d’être utile», confie Huê.
Actuellement, l’association Hoa Phuong Do a des antennes dans différents lieux dans la ville. «Ces dernières années, la discrimination à l’encontre des séropositifs et sidéens a reculé à Hai Phong, témoignant d’une évolution positive des mentalités. Les personnes contaminées ont également été plus actives avec 23 groupes d’auto-assistance mis sur pied», a-t-elle informé.
«Maintenant que la stigmatisation et la discrimination reculent, la chose qui me préoccupe désormais ce sont les emplois pour les séropositifs, partage Huê. Car la séropositivité expose toujours à l’isolement professionnel. Donc la lutte continue et j’espère vivre encore longtemps et en bonne santé pour aider plus de personnes».
La vie de Huê a inspiré la dramaturge américano-vietnamienne Nguyên Don, qui a composé la pièce de théâtre «Hoa Phuong Do». Parrainée par Amazin Lethi, militante, elle aussi américano-vietnamienne, de la cause des séropositifs et des sidéens aux États-Unis, la pièce a été jouée à New York en avril dernier.
Thuy Hà/CVN