>>Sur les sentiers des villages horticoles de Hanoi
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| Le peintre autodidacte Nguyên Huu Khoa. |
| Photo : CTV/CVN |
Au Nord du Vietnam, la fleur de pêcher (hoa dào en vietnamien) est la messagère du printemps. Au Nouvel An lunaire (le Têt), qui marque traditionnellement la transition de l’hiver au printemps, il est de tradition de décorer sa maison d’un pied ou d’une branche de pêcher, en fleurs bien sûr.
Hanoi compte de nombreux villages horticoles traditionnels le long du fleuve Rouge, dont Nhât Tân et Phu Thuong, spécialisés dans la culture des pêchers du Têt. «Mon village natal a changé ces derniers temps à cause de l’urbanisation galopante. Les vergers de pêchers ont reculé comme peau de chagrin», déplore le peintre autodidacte Nguyên Huu Khoa, 40 ans.
Une culture très exigeante
Originaire de Phu Thuong, Nguyên Huu Khoa n’a jamais oublié les pêchers de son enfance. Sa famille cultivait en effet un jardin de 300 pieds. «La culture du pêcher est très exigeante car il doit fleurir exactement à l’occasion du Têt. S’il fait trop froid, il ne fleurit pas ; s’il fait trop chaud, c’est l’inverse, la floraison est trop précoce. Dans les deux cas, les ventes chutent», raconte Khoa.
Il se souvient notamment de l’arrosage difficile à la saison sèche où il fallait puiser l’eau du fleuve et la ramener au moyen de deux seaux accrochés à une palanche portée sur les épaules. «Malgré leurs efforts continus, les cultivateurs ont souvent de mauvaises récoltes, d’où des revenus inégaux d’une année à l’autre».
La physionomie des villages floricoles a beaucoup changé des dernières décennies. Boom immobilier oblige, beaucoup de jardins de fleurs ont disparu sous le béton. C’est le cas à Nhât Tân et Phu Thuong. N’ayant plus de terre arable pour les pêchers, nombre de familles fidèles au métier traditionnel ont du «replier» leur jardin vers les berges du fleuve Rouge. C’était lorsque Khoa est entré à l’université que sa famille a décidé de jeter l’éponge.
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| Un œuvre de Nguyên Huu Khoa. |
Doué pour la peinture, Khoa a été admis à l’Université des beaux-arts de Hanoi, pour apprendre la sculpture. Mais il n’a jamais cessé de prendre le pinceau, avec un net penchant pour la peinture à l’huile. «Enfant, j’ai suivi des cours de dessin au Palais culturel des enfants de Hanoi. J’ai réalisé nombre de gouaches, dont plusieurs ont été primées et publiées sur le journal Thiêu niên tiên phong (Pionniers d’avant-garde)», détaille Khoa avec fierté. Plus grand, le lycéen a été invité, en tant que collaborateur, à illustrer certains journaux et revues dont Hoa hoc tro (Fleur d’élèves) très connu des écoliers. Les pseudonymes divers comme Khoa, Com et Khoai sont bien connus des lecteurs de tous âges.
Nostalgie d’enfance d’un peintre autodidacte
À sa sortie de l’université, Khoa travaille pour la Société de la culture et de la communication Nha Nam. Chef de la section beaux-arts, Khoa se charge aussi de la conception de la Une et de l’illustration d’une vingtaine de journaux et revues. Le peintre autodidacte a aussi organisé sur ses propres deniers trois expositions de caricatures.
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Quelques œuvres de Nguyên Huu Khoa. Photo : CTV/CVN
La récente exposition de Khoa avait pour thème la fleur de pêcher. Des dizaines de peintures ont été présentées, très variées. Les dào bich (aux fleurs rouges) et les dào phai (fleurs rose clair) rivalisaient de beauté et de charme. «J’éprouve toujours de la nostalgie pour cette fleur attachée étroitement à mon enfance, confie l’auteur. Le sort des jardins de pêcher à Hanoi m’a peiné, à tel point que j’ai désiré immortaliser, au moyen du pinceau, l’image de ces fleurs printanières». Les peintures exposées ne sont qu’une partie de ses œuvres inspirées des fleurs de pêcher. Nguyên Huu Khoa ne cache pas son ambition d’enrichir encore sa collection, et de monter d’autres expositions sur les hoa dào.