>>Hô Chi Minh-Ville : les SDF priés de plier bagage
Hân offre du riz à une femme SDF, à Hanoi. |
Tous les mardis et vendredis, de 23h00 à 02h00, Trinh Thi Hân et ses amis distribuent des repas à des SDF de la capitale. «Pour acheter ce gros cuiseur de riz électronique, tout mon salaire mensuel y est passé», confit-elle. Le soir, une fois le riz cuit, Hân et ses amis font 60 portions qu’ils placent dans autant de boîtes de polystyrène, y ajoutent sachets de sel, cacahouètes et sésame. Ensuite, vers 23h00, ils montent à moto pour leur mission caritative nocturne. Direction la gare de Hanoi, la station de bus Giap Bat, le pont Chuong Duong, la rue Bà Triêu… où ils savent qu’ils trouveront des sans-abris.
«Au début, un copain m’accompagnait car j’avais un peu peur d’être seule. Puis d’autres amis nous ont rejoints. C’est ainsi que ce groupe est né, et nous nous retrouvons chaque semaine, les mardis et vendredis», informe Trinh Thi Hân. Et d’ajouter : «Ce travail demande du temps, un peu de courage aussi. Mais je suis très heureuse. Je fais quelque chose de concret pour venir en aide à des personnes malheureuses. Lorsque je leur donne un repas, leur sourire suffit à me récompenser de ma peine».
Après la gare, le groupe de Hân se dirige vers la station de bus Giap Bat, puis le pont Chuong Duong, des distributeurs automatiques de billets. Vers 01h00 du matin, le groupe se sépare et Hân remonte seule la rue Bà Triêu. «J’apporte cette dernière portion à une vieille femme qui dort devant le centre commercial Vincom», explique-t-elle. «Aujourd’hui c’est mardi. Je savais que tu viendrais. Je t’attendais», dit la vieille dame avec un large sourire. Hân lui répond : «Le riz est encore tiède. Mangez-le et après nous discuterons un peu».
Une jeune femme accablée par le sort
Trinh Thi Hân lors d’une «mission humanitaire» à Hà Giang (Nord). |
Photo : Trinh Hân/CVN |
Trinh Thi Hân est née dans la commune de Vân Trung (district de Viêt Yên, province septentrionale de Bac Giang). À 18 mois, elle a perdu ses parents dans un glissement de terrain. À l’époque, sa sœur aînée avait huit ans, son frère sept ans et sa petite sœur six mois. Hân, sa grande sœur et son frère ont été pris en charge par la grand-mère maternelle, la benjamine par une tante. Quand Hân a eu 16 ans, sa grand-mère maternelle est décédée. La fratrie est alors retournée vivre dans la maison des parents, de façon indépendante. «Je n’arrive pas à m’imaginer comment étaient mes parents, car je les ai perdus très jeunes. Je n’ai d’eux qu’une très vieille photo, rendue floue par les larmes... Je me suis aussi créé une image d’eux à partir de ce que ma grand-mère m’a raconté», partage Hân
En 2008, après avoir obtenu le bac, des gens de sa famille l’ont invitée à venir vivre en Russie. Mais, trois ans après, elle est revenue au Vietnam, ses proches lui manquant trop. Elle a ainsi suivi un cours de formation continue à l’Université FPT (spécialisée dans les technologies de l’information) de 2011 à 2013. Il y a quelques mois, elle a fini ses études à l’École supérieure des technologies Bac Hà (ville de Bac Ninh, province éponyme, Nord).
«J’ai eu une enfance difficile. C’est peut-être la raison pour laquelle le sort des personnes malheureuses me touche autant», confie Trinh Thi Hân. Il y a plus d’un an, elle et ses amis sont partis dans des communes pauvres des provinces Hà Giang et Hai Duong (Nord) pour distribuer vêtements et fournitures scolaires aux enfants de familles en difficulté.
Hân a travaillé à mi-temps comme femme de ménage, serveuse, plongeuse dans les restaurants, baby-sitter... Ses rares temps libres, elle les passe à surfer sur le Net comme beaucoup de jeunes de son âge, mais pour mobiliser le soutien de généreux donateurs.
«Je cherche maintenant un vrai emploi. En attendant, je continue mes activités philanthropiques. Quand j’aurai 50 millions de dôngs, j’ouvrirai un restaurant pour les personnes en difficulté où une portion sera vendue 5.000 dôngs», assureTrinh Thi Hân.