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Le Conseil d’État chargé de l’attribution des titres de Professeur a décidé d’octroyer ce titre à 52 enseignants et celui de Professeur associé à 470 autres. Le plus jeune est Nguyên Van Hiêu, 43 ans, Professeur de physique à l’Institut polytechnique de Hanoi. Le plus âgé est Nguyên Nhuoc Kim, 65 ans, de l’Université de médecine de Hanoi.
Fait exceptionnel, cette année, une femme a reçu le titre de Professeur en mathématiques. Il s’agit de Lê Thi Thanh Nhàn, vice-rectrice de l’Université des sciences naturelles relevant de l’Université de Thai Nguyên (Nord).
Lê Thi Thanh Nhàn (1re à droite) reçoit le prix Kovalevskaïa en 2012. |
Photo : Phuong Hoa/VNA/CVN |
«C’est la deuxième fois que le Vietnam a une femme Professeur en mathématiques, après Hoàng Xuân Sinh», s’est réjoui Pham Vu Luân, ministre de l’Éducation et de la Formation, également président du Conseil d’État chargé de l’attribution des titres de Professeur.
Lê Thi Thanh Nhàn est née en 1970, dans la province centrale de Thua Thiên-Huê. Plus tard, sa famille a déménagé dans la province montagneuse de Thai Nguyên (Nord).
Son père était militaire pendant la résistance anti-américaine. Il a survécu à la guerre mais est décédé quand Nhàn était encore très jeune. Sa mère, une enseignante, a dû travailler dur pour élever seule ses cinq enfants. Nhàn, la troisième de la fratrie, a eu une enfance particulièrement difficile et s’est souvent privée de nourriture pour ses jeunes frères et sœurs.
«À l’époque je rêvais de devenir professeur de mathématiques, entre autres pour aider ma famille à manger à sa faim», a-t-elle confié.
Une passion pour les mathématiques
Malgré les difficultés familiales, Nhàn a suivi ses études au Département de mathématiques de l’Université de pédagogie du Viêt Bac. Une fois diplômée, elle est devenue maître de conférences à l’université.
La passion de Nhàn pour les maths l’a incitée à faire une maîtrise puis un doctorat. Le Dr Nguyên Tu Cuong, maître de thèse de Nhàn, a confié qu’au début, en voyant la frêle jeune femme, il s’est demandé comment elle pourrait suivre un doctorat. «Mais quand j’ai vu sa détermination et sa passion, j’ai accepté de la prendre sous ma coupe», a-t-il ajouté. Elle a soutenu sa thèse de doctorat à l’âge de 31 ans et est devenue en 2005 le plus jeune Professeur associé au Vietnam.
En dehors de l’enseignement, Nhàn consacre beaucoup de temps à la recherche scientifique. Elle est l’auteur de près de 20 travaux de recherche, dont beaucoup ont été publiés dans des magazines réputés, dont celui de l’Association américaine de mathématiques et, en Europe, le Science Citation Index et le Science Citation Index Expanded. Notamment, cinq travaux en algèbre commutative de Lê Thi Thanh Nhàn figurent dans le fameux Journal of Algebra.
En 2007, elle a reçu, à l’âge de 40 ans, le prix scientifique de l’Institut de mathématiques et également un satisfecit du Premier ministre Nguyên Tân Dung.
En 2010, Nhàn a été parmi les rares femmes scientifiques invitées à assister à une conférence internationale au Japon consacrée à l’algèbre commutative. «Mes rapports ont été très applaudis lors de la conférence», a-t-elle raconté, une lueur de fierté dans le regard. Nhàn a aussi dirigé des travaux de recherche de niveau d’État sur l’algèbre commutative, qui ont trouvé des applications concrètes.
En 2012, elle a reçu le Prix Kovalevskaïa qui honore des femmes de sciences de pays en développement.
Même si elle a été invitée par l’Institut français de mathématiques, les Instituts de physique théorique d’Italie et de Suisse, Lê Thi Thanh Nhàn a décidé de rester au Vietnam et de travailler à l’Université des sciences naturelles relevant de l’Université de Thai Nguyên, qu’elle considère le «berceau de son succès».
«Le chemin vers le succès est pavé de défis», a estimé Nhàn. Pour une carrière réussie, les scientifiques doivent consentir de gros efforts, et pour les femmes parfois sacrifier leur bonheur familial.
L’exemple de Nhàn est vraiment respectable et, espérons-le, les femmes seront de plus en plus nombreuses à embrasser des métiers scientifiques, pour faire avancer la science mais aussi la place des femmes dans la société.
Thuy Hà/CVN