Un analyste à Islamabad a indiqué que les relations entre les deux pays finiraient par se remettre de cet incident, mais qu'il laisserait des traces. Suite aux frappes aériennes de l'OTAN, de nombreuses manifestations ont eu lieu à travers le Pakistan. Les dirigeants des partis d'opposition ont demandé au gouvernement de se retirer de l'alliance américaine dans la lutte contre le terrorisme.
Le 4 décembre matin, les médias pakistanais ont rapporté que les troupes américaines avaient commencé à évacuer la base aérienne de Shamsi sous la surveillance des forces de sécurité pakistanaises.
Située à 320 km au sud-ouest de Quetta, chef-lieu de la province de Baloutchistan, dans le Sud-Ouest du Pakistan, la base aérienne de Shamsi est une plate-forme importante qui aurait été utilisée par les États-Unis depuis 2001 pour lancer des opérations militaires en Afghanistan et des raids aériens dans les régions tribales du Nord-Ouest du Pakistan où les militants de différents groupes mènent souvent des attaques transfrontalières sur les troupes de l'OTAN en Afghanistan.
Le Pakistan demande des excuses
Il s'agit du premier appel téléphonique du président américain au président pakistanais depuis le raid meurtrier. Ce geste témoigne de la profonde inquiétude américaine concernant la détérioration des relations entre les deux pays suite à cet incident.
Lors de l'attaque de l'OTAN du 26 novembre, 24 soldats pakistanais ont été tués et 13 autres blessés. À la suite de cette attaque, le gouvernement pakistanais a immédiatement ordonné la fermeture de deux points de passage pour les convois d'approvisionnement destinés aux troupes de l'OTAN stationnées en Afghanistan transitant à travers le Pakistan, ainsi que l'évacuation de la base aérienne de Shamsi dans les 15 jours.
Quelques jours plus tard, le Pakistan a aussi décidé de boycotter la conférence de Bonn sur l'Afghanistan prévue le 5 décembre en Allemagne, signe des tensions accrues entre les deux pays, alliés dans la lutte antiterroriste. En dépit de ces trois mesures prises par le gouvernement pakistanais, le Pakistan n'a jusqu'ici reçu aucune excuse officielle de la part des États-Unis sur les frappes aériennes de l'OTAN en dehors de gestes symboliques de condoléances et de promesses d'enquête sur l'incident.
Les États-Unis tentent de récupérer leur allié
L'évacuation américaine de la base aérienne de Shamsi pourrait être considérée comme une victoire du Pakistan. Mais pour certains observateurs dans le pays, le retrait américain déshonorant effectué sous la pression du Pakistan pourrait aussi signifier que les États-Unis feront difficilement d'autres concessions au Pakistan même si Islamabad souhaite obtenir davantage cette fois-ci.
Les observateurs pakistanais sont convaincus que quelles que soient les circonstances, aucun des deux pays ne peut se permettre d'agir de façon extrême. "Les blessures finiront par guérir mais il restera des cicatrices", a indiqué un analyste pakistanais sous couvert d'anonymat. Après tout, les deux pays ont de nombreux intérêts communs, a-t-il indiqué. En dehors des intérêts communs dans la lutte contre le terrorisme, ils ont besoin l'un de l'autre sur de nombreux points, comme par exemple le soutien américain à un gouvernement démocratique au Pakistan, le maintien de l'équilibre sur le sous-continent sud-asiatique, etc., a-t-il ajouté.
Lors d'une interview accordée à la chaîne CNN, le premier ministre pakistanais M. Gilani a indiqué que le Pakistan souhaitait maintenir ses relations avec les États-Unis à con-dition qu'ils respectent la souveraineté pakistanaise. Dans une discussion par téléphone samedi soir avec M. Gilani, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a indiqué qu'il ne fallait pas laisser le problème actuel mettre en péril les relations bilatérales.
Le récent appel téléphonique du président Barack Obama pour présenter ses condoléances à son homologue pakistanais est un nouveau signe de la volonté américaine de restaurer les liens avec le Pakistan afin de ramener son allié sur la voie de la lutte antiterroriste.
XINHUA/VNA/CVN