Numérique : développer aujourd’hui les compétences de demain

Dynamique et innovante, Hô Chi Minh-Ville rêve de devenir le leader de l’économie numérique du pays. Pour y parvenir, la technopole doit mettre en œuvre une stratégie de renforcement de la qualification de la main-d’œuvre dans ce secteur.

>>Un centre financier international en vue

>>L’industrie de haute technologie, un avantage concurrentiel à saisir

>>L’économie numérique créera de plus en plus de richesses

Pratique du fonctionnement du robot au Centre de formation du Parc de haute technologie de Hô Chi Minh-Ville (Saigon Hi-Tech Park - SHTP).
Photo : VNA/CVN

Le Pr. associé-Dr. Vu Tuân Hung, directeur adjoint de l’Institut des sciences sociales de l’Académie vietnamienne des sciences sociales, estime que le développement des ressources humaines dans le secteur numérique sera nécessaire si la mégapole du Sud veut se hisser parmi les villes les plus innovantes au monde.

D’après lui, il faut entendre la "main-d’œuvre" sous deux aspects. Le premier, de manière traditionnelle, concerne les travailleurs qualifiés, capables de contrôler et d’utiliser des machines et des équipements numériques et automatisés. Le second, nouveau, concerne l’intelligence artificielle (IA) et les robots aux capacités de travail surhumaines.

Une main-d’œuvre robotisée

Afin de minimiser l’impact de l’épidémie sur la production, notamment en ce qui concerne la pénurie de travailleurs, les entreprises devraient numériser et utiliser largement la main-d’œuvre numérique. Selon Vu Tuân Hung, cela contribuera à réduire au maximum la force humaine en la remplaçant par des systèmes automatisés, les robots et l’IA. Ceux-ci sont programmés pour la production avec des performances élevées, sans limite de temps, de culture, de psychologie, d’émotions..., et bien sûr insensibles au COVID-19. Cette tendance sera développée et promue dans un proche avenir.

Un rapport 2019 de McKinsey montre par exemple que le renforcement de l’automatisation peut soutenir le recrutement et garder les travailleurs en créant de nouveaux postes avec de meilleurs salaires, opportunités et conditions de travail.

Aujourd’hui, la main-d’œuvre numérique joue déjà un rôle extrêmement important, permet-tant aux entreprises d’être plus proactives et flexibles dans leur adaptation aux catastrophes naturelles et aux pandémies similaires au COVID-19.

Une formation encore limitée et lacunaire

Alors que les besoins en ressources humaines numériques sont urgents, la capacité de formation en technologie numérique des établissements de formation à Hô Chi Minh-Ville et du Vietnam en général reste encore limitée.

Depuis quelques années, malgré la mise en œuvre de nombreuses politiques sur le développement de la main-d’œuvre dans les technologies de l’information (TI) et l’ouverture de plusieurs écoles dans ce domaine, la mégapole du Sud doit toujours faire face à une pénurie de personnel qualifié. Or, la transformation numérique nécessite de nombreux travailleurs formés dans les spécialités liées aux technologies informatiques comme l’IA, les méga-données (big data), l’informatique en nuage (cloud computing), l’Internet des objets (IdO), la réalité virtuelle (VR), la réalité augmentée (AR), la chaîne de blocs (blockchain) et l’impression tridimensionnelle. Cependant, très peu d’établissements de formation disposent aujourd’hui de filières spécialisées dans ces domaines.

Même des spécialités comme l’administration, le commerce, le marketing numérique, l’analyse de données numériques, le management en réseau, la logistique... ne sont pas au cœur des politiques éducatives des écoles du pays.

La plupart des établissements universitaires formant dans le secteur du numérique doivent faire face à de nombreux défis comme le manque d’enseignants et d’infrastructures. Dans beaucoup de cas, les programmes de formation ne sont pas suffisamment standardisés.

L’éducation au numérique, une priorité

Une main-d’œuvre qualifiée est nécessaire pour la transformation numérique.
Photo : VNA/CVN

La Dr. Nguyên Thi Ly, de l’Université des sciences sociales et humaines (Université nationale de Hô Chi Minh-Ville), fait savoir que la mégapole du Sud est une localité dynamique qui s’adapte rapidement aux nouvelles technologies et dispose d’une main-d’œuvre jeune, venue de différentes localités. Pourtant, cette génération montre aussi des lacunes en termes techniques et de connaissances de la transformation numérique à l’œuvre.

Afin d’accélérer ce processus, en dehors des investissements dans les infrastructures et de la mise en œuvre des solutions techniques avancées, le développement de la main-d’œuvre numérique répondant aux exigences des nouveaux enjeux économiques joue un rôle important.

D’après le boursier de thèse Nguyên Duy Vinh, de l’Académie des cadres de Hô Chi Minh-Ville, la mégapole du Sud devrait mettre en œuvre de manière synchrone des mesures de promotion de la formation et du développement des ressources humaines pour la transformation numérique. Selon lui, il est nécessaire pour la ville de définir clairement les objectifs, tâches et solutions à réaliser. Il est ainsi important de construire et développer une force humaine spécialisée dans la transformation numérique, un contingent d’experts en technologie numérique pour répondre aux exigences des organismes, organisations, entreprises de la localité.

En parallèle, il faut favoriser et sensibiliser à la transformation numérique et à la gouvernance numérique les responsables, enseignants, fonctionnaires et employés des universités et écoles de formation préprofessionnelle clés de la ville. L’accent doit être mis sur la mise à jour des connaissances en la matière

chez les enseignants.

Pour Vo Thi Trung Trinh, directrice adjointe du Service municipal de l’information et de la communication de Hô Chi Minh-Ville, la transformation numérique de la mégapole du Sud se divise en deux périodes, avec une vision jusqu’en 2030. Dans l’immédiat, la ville envisage de se concentrer sur l’amélioration de la prise de conscience et des compétences en la matière de ses habitants, de son contingent de cadres, de fonctionnaires et d’entreprises.

Nguyên Huy Dung, vice-ministre de l’Information et de la Communication, fait savoir, quant à lui, que l’avenir de chaque ville et de chaque pays commence par ses écoles. La ville doit mettre l’accent sur la transformation digitale dans les écoles en développant des universités numériques pour devenir les principaux centres de formation des ressources humaines numériques dans le pays et dans la région.

En outre, des experts estiment que Hô Chi Minh-Ville a besoin d’une stratégie pour introduire ces enseignements dans les écoles. Le secteur municipal de l’éducation doit généraliser les compétences numériques et de cybersécurité basées sur des plateformes ouvertes afin de former tôt les compétences nécessaires aux citoyens numériques.

Actuellement, le Vietnam compte environ un million de programmeurs. Il est le 2e exportateur mondial de logiciels et figure dans le Top 10 en termes de formation d’ingénieurs technologiques.


Huong Linh/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top