Montée des eaux : le contre-la-montre est lancé

Le delta du Mékong est une des régions les plus affectées par le changement climatique dans le monde. Un phénomène qui nuit à l’agriculture et à la vie des habitants. Il est grand temps de chercher des solutions.

>>Un enjeu de taille dans la production alimentaire

Situé dans la sub-région du bassin du Mékong, proche de la Mer Orientale et du Golfe de Thaïlande, le delta du Mékong est tributaire de l’exploitation des ressources en eau prélevées en amont, qui ont un effet sur le volume et la qualité des eaux, la quantité d’alluvions charriés par le fleuve et, de fait, les ressources aquatiques. Une lourde menace pèse sur ce delta, variations du niveau des eaux en tête, accentuées par la montée du niveau des océans.

Nguyên Thái Lai, vice-ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement, a fait savoir : «Après la construction en amont de 11 barrages hydroélectriques, 55% du cours du Mékong s’est transformé en lacs réservoirs, avec de lourdes conséquences en matière de débit. De plus, 75% des alluvions charriés par le fleuve sont depuis stoppés, avec pour effet une baisse de la production aquatique de l’ordre de 330.000 tonnes par an».

De plus, le delta du Mékong est en proie ces dernières années aux caprices répétés du temps. La saison sèche dure plus longtemps, avec des températures moyennes plus élevées. La saison des pluies est plus brève, avec des phénomènes hors saison qui entraînent des inondations aux conséquences parfois désastreuses. Sans oublier l’incursion de l’eau salée dans les terres, qui aujourd’hui ne se limite plus aux seules zones proches du littoral, mais détériorent les sols - et, de fait, les cultures - des provinces intérieures comme Cân Tho, Hâu Giang et Vinh Long.

Selon les prévisions faites pour le Vietnam, en 2100, la température moyenne du delta du Mékong sera de 1,3-2,8oC plus élevée qu’aujourd’hui. La pluviométrie augmentera de 4-8%, avec en parallèle une élévation du niveau de la mer de 66 à 99 cm, selon la fourchette médiane. On sait qu’une montée des océans d’un mètre peut inonder et rendre incultivable 39% de la superficie du delta du Mékong, et perturber la vie de 35% de la population qui y vit.

Bùi Ngoc Suong, chef adjoint du Comité de pilotage de la région du Sud-Ouest, a souligné : «Le développement de cette région est menacé, dans la mesure où c’est une des régions les plus affectées par les effets du changement climatique. Ce phénomène fait planer une lourde menace sur le développement socio-économique, et surtout la production agricole».

Le changement climatique affecte la vie des habitants de la région.

La sécurité alimentaire dans la région et dans le monde risque fort d’être remise en jeu. En effet, 20% du riz vendu sur le marché international provient du Vietnam, et le delta du Mékong fournit à lui seul 90% de ces exportations. Une question vitale donc, pour laquelle il faut, et ce dès maintenant, s’atteler avec la plus grande détermination.

Agir dès maintenant

Les impacts du changement climatique menacent la vie de près de 18 millions d’habitants ainsi que le développement socio-économique de la région. Il faut donc que les bureaux centraux, provinciaux, régionaux, mais aussi les spécialistes, experts locaux et étrangers travaillent main dans la main pour chercher des solutions susceptibles de contrecarrer ses effets.

Actuellement, les gouvernements vietnamien et hollandais coopèrent afin de construire un plan sur le delta du Mékong (MDP), avec pour perspectives 2100, dans l’objectif de faire du delta une région prospère sur le plan socioéconomique. Cela passe par une utilisation raisonnée des ressources naturelles, une adaptation à tous les niveaux concernant la nouvelle donne climatique, et la construction d’ouvrages spécifiques pour limiter ses impacts. Les Pays-Bas, qui ont été en partie conquis grâce à la poldérisation, sont fort d’un grand savoir-faire dans ce domaine. Une occasion pour le Vietnam de profiter de ces expériences.

Selon le professeur-Docteur Nguyên Ngoc Trân, directeur du Centre d’étude pour le développement du delta du Mékong, la plantation de mangroves est la première solution à mettre en place dans la lutte contre le changement climatique et l’élévation de la montée des océans. Et d’ajouter : «Il est également impératif de construire des digues de protection en bord de mer».

Le professeur Dick Kevelam, chef du groupe des experts hollandais, a souligné : «Afin de lutter contre le changement climatique, il faut empêcher toutes formes d’activités qui augmentent les risques de voir le phénomène s’amplifier localement, comme par exemple l’exploitation non régulée des nappes phréatiques, l’assèchement des zones humides à des fins de construction…».

Dang Huong/CVN

 

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top