>>Plaidoyer pour un retour de la matière grise au Vietnam
Nguyên Van Thuân. |
Le professeur Nguyên Van Thuân a été fort surpris que sa lettre ouverte parue dans le journal en ligne VnExpress, déclarant son intention de retourner au Vietnam, ait suscité un aussi vif débat.
«D’abord, je pensais que 90% des lecteurs m’auraient recommandé de ne pas revenir. Mais j’ai été très heureux que 40% des lecteurs me conseillent de rentrer à des moments différents. Pour les étudiants ou ceux qui commencent à faire des recherches postdoctorales, je déconseillerai un retour immédiat comme je l’ai écrit dans ma lettre ouverte», rappelle-t-il.
D’après lui, beaucoup d’hommes de talent vietnamiens à l’étranger ne retournent pas encore dans le pays pour des questions familiales ou personnelles. Mais il y a d’autres moyens d’aider le pays natal, à distance pourrait-on dire, comme le partage d’expériences, le transfert de technologies, l’accueil d’étudiants vietnamiens à l’étranger… «Tout est apprécié et je fais aussi cela depuis dix ans», informe Nguyên Van Thuân.
Ces dix dernières années, le professeur est rentré au Vietnam à raison d’une ou deux fois par an. Pour assister à des conférences scientifiques ou faire passer des entretiens à des étudiants désireux d’entrer dans des laboratoires de ses collègues au Japon, en République de Corée, aux États-Unis et dans d’autres pays à travers le monde. Il connaît donc bien les difficultés du Vietnam actuel en matière de sciences et d’éducation. Mais lors de ses rencontres avec de nombreux scientifiques, il a vu des «taches lumineuses» dans le sombre tableau de la recherche au Vietnam. Et «cela m’a renforcé dans ma décision de revenir au pays», affirme-t-il.
Préparation du retour
En fait, son retour est en gestation depuis longtemps. Nguyên Van Thuân a décidé de rentrer l’année prochaine, même s’il est actuellement professeur membre de la faculté académique (Academic Faculty Member) de l’Université de Konkuk. Avec cette position, il peut travailler jusqu’à la retraite. De plus, lui et ses confrères publieront cette année leurs travaux de recherche dans des revues scientifiques de premier rang mondial comme Stem Cells and Development (Cellules souches et Développement)...
Actuellement, environ 10% des Vietnamiens en âge de procréer souffrent de stérilité. Un chiffre faible qui croît toutefois de plus en plus vite. |
«Mes collègues sud-coréens ont été surpris de m’entendre parler de mon intention de revenir au Vietnam. Mais je pense que le Vietnam, le Japon et la République de Corée du Sud sont géographiquement proches, nous pourrons nous rencontrer chaque année lors des conférences. Mes enfants, quant à eux, devront rester pour suivre des études universitaires. Heureusement, ma femme est aussi une scientifique travaillant en République de Corée», raconte-t-il.
Un grand projet en gestation
En vue de son retour, Nguyên Van Thuân a collaboré avec le professeur-médecin Morimoto, président et directeur général de la FIV-Japon, ainsi qu’avec l’hôpital de traitement de la stérilité CHA à Séoul, et l’université de Tân Tao (province de Long An, Sud) pour la création d’un centre de traitement de l’infertilité. «Les préparatifs sont presque tous achevés et il est certain qu’il entrera en service l’année prochaine», prévoit-il.
Nguyên Van Thuân en quelques dates
• Naissance en 1966.
• Diplômé de l’Université de Kobe (Japon) en 2002.
• 2002-2007 : postdoctorat à l’Institut de biotechnologie du RIKEN (Institut de recherche scientifique au Japon).
• Depuis mars 2007 : professeur à la Faculté de biotechnologie animale de l’Université de Konkuk, à Séoul (République de Corée).
• Actuellement président de l’Association des biotechnologies de la reproduction d’Asie.
Par ailleurs, il participera à la formation de boursiers de thèse à l’Université internationale de Hô Chi Minh-Ville.
Le projet qu’il envisage de mettre en œuvre au Vietnam sur la différenciation cellulaire et les produits pharmaceutiques régénérés a été discuté avec le ministère des Sciences et des Technologies. «Le ministre Nguyên Quân s’intéresse beaucoup à ce projet et il souhaite qu’il soit réussi au Vietnam comme je le fais actuellement en République de Corée. J’espère bénéficier du soutien et de la coopération du ministère de l’Agriculture et des scientifiques vietnamiens afin de créer des produits de valeur pour le pays», fait savoir le professeur Nguyên Van Thuân. Il ajoute qu’en même temps, il est toujours prêt à transmettre ses connaissances personnelles aux étudiants de sa spécialité si les écoles vietnamiennes le lui demandent.
«Il y aura beaucoup d’innovation dans le domaine de la recherche scientifique ainsi que dans la nomination des hommes de talent à des postes importants. L’objectif est de créer des conditions favorables pour que les scientifiques vietnamiens, qu’ils soient à l’étranger ou dans le pays, puissent consacrer leur talent au service du pays», assure le ministre des Sciences et des Technologies, Nguyên Quân.
Huong Thu/CVN