Le président français François Hollande (gauche) et la chancelière allemande Angela Merkel, le 18 décembre à l'Élysée |
"Du temps nous est donné, Mme Merkel pour quatre ans, nous, un peu moins, mais nous avons un horizon commun qui doit devenir un agenda commun car l'Europe a besoin de la relation entre la France et l'Allemagne", a lancé le président français aux côtés de la chancelière.
François Hollande a prôné "une relation confiante, une relation forte, une relation ouverte".
"Nous pouvons amorcer maintenant une nouvelle étape", a approuvé la chancelière. Angela Merkel est depuis mardi 17 décembre à la tête d'un gouvernement de coalition rejoint par six pointures sociales-démocrates dont le ministre des Affaires étrangères Franz-Walter Steinmeir qui l'accompagnait à l'Élysée.
Cette nouvelle constellation politique nourrit à Paris l'espoir d'un rapprochement sur les dossiers européens, économiques ou sociaux. Les deux gouvernements auront l'occasion de le manifester dès le 19 février lorsqu'ils seront réunis pour un conseil des ministres franco-allemand.
Après s'être adressés à la presse, François Hollande et Angela Merkel se sont retrouvés pendant une demi-heure pour un quasi tête-à-tête décrit comme chaleureux et animé par des témoins de l'entretien, avant de partager un dîner de travail.
En venant à Paris au lendemain de sa réélection la chancelière a respecté un usage qui veut que les dirigeants des deux pays consacrent à leur partenaire leur première visite à l'étranger.
François Hollande s'était ainsi envolé pour Berlin dès sa prise de fonctions, le 15 mai 2012, voyage marqué par un incident rarissime quand la foudre s'était abattue sur son avion. "Je constate simplement qu'elle (Mme Merkel) n'a pas eu d'incident d'avion et qu'elle est arrivée parfaitement à l'heure", a-t-il plaisanté mercredi soir 18 décembre.
Au delà d'une tradition bien ancrée, symbole du rôle moteur que le couple franco-allemand entend jouer en Europe, Angela Merkel et François Hollande devaient accorder leurs violons à la veille d'un sommet européen décisif. Les deux pays ont "une responsabilité particulière pour le destin de l'Europe", a observé le président français.
Les vingt-huit se retrouveront les 19 et 20 décembre à Bruxelles pour tenter de mettre la dernière main à un projet d'union bancaire, censé parer le risque d'une nouvelle crise du secteur bancaire européen, et faire avancer un tant soit peu une Europe de la défense désespérément embourbée. Français et Allemands pourront ainsi apprécier sans plus attendre l'impact de la "grande coalition" au pouvoir à Berlin sur leur degré de complicité.
François Hollande ne manquera pas d'être interrogé aussi sur l'"évolution" des traités européens à laquelle Angela Merkel a de nouveau appelé mercredi 18 décembre lors de son premier discours devant les députés allemand depuis sa réélection pour faire progresser l'intégration européenne. Le président français s'y est montré jusqu'à présent hostile, préférant des avancées concrètes sur des dossiers précis.
Le chef de l'État français entend pour sa part arracher à tout prix un accord sur l'union bancaire mais plaidera aussi pour la création d'un instrument européen de financement permanent des interventions militaires d'urgence dans les pays en crise. Celui-ci ne bénéficierait, reconnaît-on à Paris, qu'aux opérations conduites sous la bannière de l'Union européenne. Ainsi, ni l'opération Serval lancée par la France au Mali en janvier, ni Sangaris, déclenchée le 5 décembre en Centrafrique, "ne seraient concernées en l'état", concède-t-on. De la même manière, le montant de sa dotation ou son calendrier sont encore dans les limbes même si Paris évoque "la fin du premier semestre" 2014.
Mais quoi qu'il en soit, la position de Berlin sur ces différents dossiers sera scrutée avec une attention toute particulière.
AFP/VNA/CVN