La chancelière allemande Angela Merkel lors d'une conférence de presse, le 15 décembre à Berlin. |
Le nom de "Wolfgang Schäuble est associé à la stabilité de l'euro et à la politique qui l'accompagne et à tout ce qui est important en Europe", a affirmé Mme Merkel, en détaillant le 15 décembre les postes obtenus par son parti, la CDU.
S’ils n’ont pas toujours été sur la même longueur d’onde, une complicité s’est forgée entre eux depuis 2009 - date à laquelle M. Schäuble a pris ce poste -, au fil de la crise de l’euro qui a placé l’Allemagne sur le devant de la scène en Europe.
Mme Merkel doit être réélue mardi 17 décembre par les députés du Bundestag pour un troisième mandat de quatre ans comme chancelière.
Le chef du SPD, Sigmar Gabriel Gabriel, qui hérite du titre honorifique de vice-chancelier, a annoncé qu'il prenait la tête d'un grand ministère de l'Économie et de l'Énergie. Les sociaux-démocrates ont également obtenu la nomination de Frank-Walter Steinmeier aux Affaires étrangères, un poste qu'il occupait pendant le premier mandat de Mme Merkel (2005-2009), déjà dans une "grande coalition".
Avec les Finances, en plus du poste de chancelière, les Unions chrétiennes (CDU/CSU - Union chrétienne-démocrate / Union chrétienne-sociale), arrivées largement en tête des législatives du 22 septembre avec 41,5% des voix, disposaient des principaux leviers du pouvoir.
Ainsi, "la gestion de la crise de l'euro se fait d'abord à la chancellerie et ensuite elle se fait aux Finances", soulignait dimanche 15 décembre Claire Demesmay, experte du Conseil allemand des relations internationales (DGAP), un centre de réflexion berlinois.
Elle tablait sur une continuité de la politique étrangère allemande, d'autant plus que le SPD a "soutenu le gouvernement précédent dans pratiquement toutes les mesures de gestion de crise".
"Le SPD renonce au ministère des Finances. C'est le poste le plus important après celui de chancelier", relevait le grand quotidien de Munich Süddeutsche Zeitung.
Mme Demesmay s'attendait toutefois à "des inflexions qui vont venir de la politique intérieure" avec des dépenses supplémentaires "pour les infrastructures ou la politique sociale". Selon elle, cela "aura forcément un impact sur la politique européenne et la situation des pays voisins".
L'Allemagne a été abondamment critiquée pour s'être trop serrée la ceinture ces dernières années au détriment des exportations de ses partenaires.
À la tête du ministère du Travail, la secrétaire générale du SPD, Andrea Nahles, devra concrétiser la principale avancée sociale du contrat de coalition : la mise en place d'un salaire minimum universel, fixé à 8,50 euros de l'heure.
L'amélioration des petites retraites et un mécanisme de limitation de la hausse des loyers figurent aussi au programme du nouveau gouvernement.
"Une tâche immense"
Les milieux d'affaires allemands et une grande partie de la presse ont critiqué les dépenses et investissements évalués à 23 milliards d'euros d'ici à 2017.
Le quotidien conservateur Die Welt fustigeait dimanche 15 décembre "un gouvernement dirigé par la droite qui mène une politique de gauche" et qui va "coûter cher" à l'Allemagne.
M. Gabriel, qui pourrait défier Mme Merkel aux prochaines élections de 2017, prend un risque en choisissant d'endosser la responsabilité de la transition énergétique, l'un des plus gros chantiers de l'Allemagne pour les années à venir, et l'un des plus délicats.
Cette transition à marche forcée est une conséquence de l'abandon du nucléaire décidé en 2011 par la chancelière Angela Merkel après la catastrophe de Fukushima.
"C'est une tâche immense", a reconnu dimanche 15 décembre M. Gabriel, qui était chargé de l'Environnement dans le premier gouvernement Merkel.
Il devra œuvrer pour l'essor des énergies renouvelables tout en maintenant des prix de l'énergie raisonnables pour les ménages et les entreprises. Il aura également la rude tâche de développer les infrastructures manquantes pour le transport de l'électricité et endiguer la hausse des émissions de gaz à effet de serre constatée depuis deux ans.
Par ailleurs, Ursula von der Leyen (CDU), ancienne ministre de l'Emploi et dauphine potentielle de Mme Merkel, deviendra la première femme à occuper en Allemagne le poste de ministre de la Défense.
Plus symboliquement, le SPD a choisi Mme Aydan Özuguz pour être secrétaire d'État auprès de la chancellerie chargée des Migrations, des Réfugiés et de l'Intégration. Elle devient la première femme d'origine turque à faire partie d'un gouvernement allemand.
Après des semaines de négociations parfois tendues, l'accord de coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates, conclu fin novembre, a été approuvé samedi 15 décembre par les adhérents du SPD à une très large majorité (76%) au cours d'un référendum interne.
AFP/VNA/CVN