Yémen : le parlement vote une interdiction d'attaques de drones

Le parlement yéménite a voté le 15 décembre une loi interdisant les attaques de drone après un raid controversé qui a fait des victimes civiles jeudi 12 décembre, a rapporté l'agence officielle Saba.

Des hommes passent devant un mur où est peint un drone américain et portant l'inscription "Pourquoi avez-vous tué ma famille ?", le 13 décembre à Sanaa, capitale du Yémen.
Des hommes passent devant un mur où est peint un drone américain et portant l'inscription "Pourquoi avez-vous tué ma famille ?", le 13 décembre à Sanaa, capitale du Yémen.

"Les élus du peuple ont voté pour l'interdiction des raids des drones au Yémen", a indiqué l'agence en rendant compte d'une réunion ordinaire du parlement. Les députés ont souligné, selon l'agence, "l'importance de mettre les citoyens à l'abri de toute agression" et celle de "maintenir la souveraineté de l'espace aérien yéménite".

Un raid de drone mené jeudi 12 décembre a fait 17 morts, principalement des civils, dans le Centre du Yémen et déclenché de vastes protestations.

La Haute commission de la sécurité au Yémen a affirmé tard vendredi 13 décembre que ce raid visait des membres présumés d'Al-Qaïda. Le réseau extrémiste est fréquemment visé au Yémen par des raids de drones américains. Des proches de civils tués par la frappe ont réclamé samedi 14 décembre la fin des raids de drones américains.

"Si le gouvernement ne parvient pas à empêcher les aéronefs américains de (...) bombarder la population du Yémen, alors il n'a aucun pouvoir sur nous", avait lancé un chef tribal à Rada où l'attaque s'est produite, Ahmad al-Salmani.

Au même moment, des centaines d'hommes armés de la puissante tribu des Qayfah, dont nombre de victimes du raid étaient issues, bloquaient la route entre Rada et Sanaa, qui relie la capitale à plusieurs régions du Sud du pays.

Les protestataires ont levé leur blocage samedi 14 décembre, après un accord avec le commandement régional de l'armée sur la compensation des familles des victimes.

Des manifestants avaient déjà bloqué cette route vendredi 13 décembre pendant les funérailles de 13 membres d'une même famille, présentés comme étant tous des civils.

Selon un responsable local, les médiateurs ayant finalisé l'accord, sont allés à Sanaa présenter les revendications des protestataires : la fin des frappes de drone et "une compensation financière et morale".

La Commission de sécurité, dirigée par le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, a affirmé que la frappe controversée menée jeudi 12 décembre visait "une voiture appartenant à un des dirigeants d'Al-Qaïda".

"À bord du véhicule (...), il y avait de hauts dirigeants ayant organisé plusieurs attaques terroristes contre les forces armées, la police, des civils et des infrastructures gouvernementales vitales", a affirmé la Commission dans un communiqué publié par l'agence Saba.

Ce communiqué ne donne pas de bilan, n'évoque pas de victimes civiles et ne reconnaît pas qu'elle a été menée par un drone américain.

Selon des témoins et des sources au sein des services de sécurité, les deux missiles tirés par un drone ont touché un cortège nuptial, tuant principalement des civils.

Les États-Unis sont le seul pays à disposer de drones dans la région, qui ont été utilisés de façon particulièrement intense cette année pour soutenir la lutte des autorités de Sanaa contre Al-Qaïda, tuant des dizaines d'insurgés.

Plusieurs organisations ont réclamé la fin des raids menés par des drones, dénonçant le nombre important de victimes civiles.

"Même s'il s'avère que dans ce cas, (les civils) ont été tués en raison d'une erreur d'identification ou de renseignements peu fiables, ceux qui sont responsables de cet acte doivent reconnaître leur erreur et dire honnêtement ce qui s'est passé", a ainsi insisté Amnesty International.

AFP/VNA/CVN

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