Italie : Letta obtient la confiance du Parlement et promet "un nouveau départ"

Le Premier ministre Enrico Letta a remporté le 11 décembre deux votes de confiance au parlement, en s'engageant à "un nouveau départ" pour son gouvernement qui fera tout pour que l'Italie "ne replonge pas dans la crise" et pour contrecarrer les populismes.

Le Premier ministre Enrico Letta s'engage à "un nouveau départ" pour son gouvernement.
Le Premier ministre Enrico Letta s'engage à "un nouveau départ" pour son gouvernement.

Son exécutif a obtenu la majorité d'abord à la Chambre des députés puis au Sénat. Dans cette chambre où le vote était un peu plus risqué, il s'est adjugé 173 "oui", 22 voix de plus que la majorité absolue.

Le vote avait été organisé après la sortie de Silvio Berlusconi et d'une partie de ses troupes, de la majorité droite-gauche qui avait été constituée en avril.

"Nous ne permettrons pas que l'Italie replonge", a déclaré M. Letta, devant les Chambres. Selon les économistes, l'Italie s'apprête à sortir de sa plus longue période de récession de l'après-guerre. Mais elle reste marquée par des tensions sociales.

Le 11 décembre, des militants "forconi" (fourches), mouvement hétéroclite rassemblant agriculteurs angoissés par la fiscalité, commerçants, chauffeurs routiers notamment, ont manifesté, bloquant des carrefours ou les voies ferrées dans plusieurs villes. À Milan, des échauffourées ont opposé des supporteurs hollandais de l'Ajax à des camionneurs qui bloquaient le trafic.

Le 9 décembre, des incidents importants (saccages, policiers blessés) s'étaient produits à Turin (Nord) et avaient reçu le soutien appuyé de l'ex-humoriste Beppe Grillo. Un appui stigmatisé par Enrico Letta qui s'en est pris à ceux qui "veulent mettre en ruines la démocratie représentative". À propos des "forconi", il a évoqué "une petite minorité qui ne représente pas l'Italie".

"Pacte à l'allemande"

M. Letta a dénoncé plus généralement les forces populistes, défendant avec énergie l'Union européenne, dont l'Italie assurera la présidence tournante à partir du 1er juillet 2014.

"Aujourd'hui, nous traçons une ligne nette : d'un côté ceux qui aiment l'Europe, en reconnaissent les contradictions et veulent la réformer mais savent que sans l'UE nous retombons dans le Moyen-Âge", a-t-il dit. "Et de l'autre côté, ceux qui veulent bloquer l'UE, qui veulent isoler l'Italie, qui cherchent le consensus à travers le populisme. Que ceux-là ne me votent pas la confiance !", a-t-il lancé.

Une allusion aux deux principaux partis d'opposition, le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) de Beppe Grillo et Forza Italia de Silvio Berlusconi, qui attaquent régulièrement l'UE et l'euro.

Les "faucons" du camp Berlusconi sont passés dans l'opposition en raison de l'expulsion du Cavaliere de son poste de sénateur après sa condamnation à un an de prison pour fraude fiscale.

L'issue du vote de confiance ne faisait guère de doute, grâce aux voix de la gauche et d'une cinquantaine d'ex-Berlusconiens rassemblés dans le Nouveau centre droit (NCD) dirigé par Angelino Alfano, vice-Premier ministre et ex-bras droit du Cavaliere.

Mais M. Letta a voulu demander la confiance pour "marquer une discontinuité, pour imprimer un "avant" et un +après" à la suite de la défection du Cavaliere. Un "nouveau départ", selon le Premier ministre, qui juge sa majorité désormais "plus unie" après des mois de "large entente", marqués en réalité par les pressions et les menaces incessantes du magnat des médias.

M. Letta voudrait nouer au sein de sa nouvelle majorité un "pacte à l'allemande", souscrit par toutes les forces favorables au gouvernement et fondé sur un programme de mesures à adopter tout au long de l'année prochaine.

M. Letta a prévu d'inclure dans ses consultations politiques M. Alfano, mais aussi les responsables des petits partis centristes alliés de son gouvernement.

Le Premier ministre a évoqué ce "pacte" et ses priorités pour 2014. Notamment l'adoption d'une nouvelle loi électorale, récemment partiellement invalidée par la Cour constitutionnelle. Il a aussi promis des coupes dans les coûts de la politique, avec notamment une baisse draconienne du nombre des parlementaires, réclamée avec force par le nouveau dirigeant du Parti démocrate (PD), l'ambitieux maire de Florence Matteo Renzi.

M. Letta a aussi réitéré son intention de lutter contre le chômage (supérieur à 12% de la population active), en réformant également le système des aides sociales, et de faciliter un redémarrage économique.

AFP/VNA/CVN

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