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L’aérodrome de Lung Co, le premier construit durant la révolution vietnamienne, se trouve à environ 8 km de Tân Trào (province de Tuyên Quang, Nord), l’ancienne capitale de la résistance. Il est situé au milieu d’une petite vallée, précédée d’un champ de riz.
«L’aérodrome de Lung Co fait partie du Complexe historique de l’ancien Service de police central (actuelle Police populaire), d’une superficie totale de 30 ha. Il s’agit d’un lieu d’éducation pour les jeunes, afin qu’ils n’oublient pas l’histoire de la révolution», détaille le lieutenant Nguyên Nhu Trang, sous-chef de l’Équipe de guidage et de propagande du Comité de gestion du Complexe.
La stèle commémorative de l’aérodrome de Lung Co, province de Tuyên Quang (Nord). |
Photo : Quang Đán/VNA/CVN |
Une position géographique idéale
Début 1945, l’avion du pilote Shaw (lieutenant de l’US Air Force) est abattu par les forces de défense anti-aérienne japonaises. Utilisant son parachute, le soldat atterrit à Cao Bang (Nord). Secouru par la guérilla vietnamienne et amené à l’Oncle Hô, il se dit très ému. Signe de la volonté de coopération des Vietnamiens, le lieutenant est accompagné vers la Chine pour qu’il soit renvoyé aux Alliés.
Le 29 mars 1945 à Kunming (Chine), Hô Chi Minh, représentant du Front de l’indépendance du Vietnam (Viêt-minh), rencontre le général Claire Lee Chennault, commandant de la 14th USAAF (Forces aériennes de l’armée des États-Unis). Lors de leur entretien, ils s’accordent sur plusieurs questions importantes, dont la construction d’un aérodrome pour assurer la communication entre les deux pays.
À cette époque, la situation nationale et mondiale était favorable au développement du mouvement révolutionnaire. L’occasion de se soulever était imminente. Début mai 1945, l’Oncle Hô quitte la base de Pac Bó (à Cao Bang) pour Tân Trào (à Tuyên Quang), afin de poursuivre la direction du mouvement révolutionnaire au Vietnam. Simultanément, il élabore le plan de construction d’un aérodrome de campagne pour accueillir les Alliés.
En juin 1945, l’Oncle Hô demande à Lê Gian, directeur du Service de police central, et à Ðàm Quang Trung, officier du Viêt-minh, de choisir un emplacement afin de construire cet aérodrome dans les plus brefs délais, en collaboration avec un commandant de l’US Air Force. Leur ordre de mission reçu, deux cadres vietnamiens et le conseiller américain se rendent à Lung Co pour examiner le terrain. Ils y découvrent une langue de terre d’environ 4 ha de large, au milieu d’une vallée. Une configuration idéale pour permettre le décollage et l’atterrissage des avions. De plus, Lung Co n’était pas loin de la base de Tân Trào.
Deux jours pour construire une piste
Mi-juin 1945, l’Oncle Hô se déplace lui-même à Lung Co pour examiner l’emplacement et donner son accord pour débuter les travaux. Une unité militaire et quelque 200 habitants des communes environnantes qu’étaient Thanh La, Trung Yên, Tân Trào et Tú Trac sont mobilisés. Grâce à un travail de terrassement acharné, une piste de fortune voit le jour en seulement deux jours, alors qu’une semaine était prévue. Elle était longue de 400 m et large de 20 m. À l’extrémité, une végétation luxuriante permettait de cacher les avions. Des drapeaux blancs trônaient sur les deux côtés pour signaler la piste aux avions L5 américains.
Un L5 de l’US Air Force exposé à Lung Co. |
Photo : Huy Du/CVN |
Le premier avion qui atterrit à l’aérodrome de Lung Co transportait deux officiers alliés, des vivres et des médicaments. Lê Gian, Ðàm Quang Trung et la population locale organisent une célébration pour marquer l’événement. Des slogans en l’honneur de la coopération entre le Viêt-minh et les Alliés dans la lutte contre les fascistes japonais sont scandés.
Alors que les Alliés travaillaient à Tân Trào, des L5 décollent et atterrissent à Lung Co avec comme mission de transporter médicaments et armes en provenance de Kunming. Fin juillet 1945, l’Oncle Hô se rend à Lung Co et séjourne chez Ma Van Yên une dizaine de jours pour coordonner les vols des Alliés, aux côtés de huit soldats alliés. L’un d’entre eux fonctionnait en tant que contrôleur aérien. En vietnamien, on l’appelait Nguyên.
Lors de l’attaque d’un poste japonais à Tam Ðao (Nord), le Viêt-minh libère les Français prisonniers du Japon et les ramène à Tân Trào. Le 30 juillet 1945, ces Français, y compris femmes et enfants, embarquent à Lung Co à bord d’un L5 pour rentrer chez eux.
Le dernier avion à décoller de cet aérodrome, en août 1945, transporte le lieutenant Keent, un officier de renseignement de l’OSS (Office of Strategic Services) vers les États-Unis. Lê Gian l’escorte et lui souhaite le meilleur. Le lieutenant Keent déclare alors : «La guerre est terminée pour nous. Mais pour vous, une nouvelle guerre extrêmement ardue commence. Je vous souhaite une victoire éclatante».
Un prélude à l’aviation vietnamienne
«Bien qu’il n’ait été exploité que de juin à août 1945, l’aérodrome de Lung Co a grandement contribué à la victoire commune de l’insurrection générale d’Août 1945. Il était non seulement le symbole de la solidarité internationale contre le fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi l’une des preuves de la capacité des Vietnamiens à s’en sortir dans l’adversité», estime Hoàng Nhu Loan, directrice du Comité de gestion du Site historique national spécial de Tân Trào. En outre, l’aérodrome témoigne du commandement ingénieux de l’Oncle Hô et du Parti, qui ont profité de l’aide des Alliés. Ils ont préfiguré la création et le développement de l’aviation du Vietnam.