L'UE sans illusions sur la Conférence sur le climat de Durban

Fauchés et frustrés, les Européens se préparent sans illusions pour la conférence sur le Climat prévue du 28 novembre au 9 décembre à Durban, car ils savent ne pas être en mesure de forcer la main aux grands acteurs de cette négociation.

Les ministres de l'Environnement des 27 se sont retrouvés le 10 octobre à Luxembourg pour arrêter la position de l'UE, mais l'affaire n'a pas été aisée, et le compromis trouvé a mis en évidence des divisions et a laissé des frustrations, comme l'a raconté la ministre française Nathalie Kosciusko-Morizet, un peu déçue par le résultat.

Un débat "très tactique" sur la "méthode de négociation" a en effet opposé la France, partisane d'une position "très volontariste", à un bloc plus "mesuré" formé par le Royaume-Uni, l'Allemagne et la Commission. "Le processus de négociations international est pour l'instant un bateau ivre, sans capitaine et sans port où arriver", a commenté un responsable européen sous couvert de l'anonymat.

Une idée défendue par la Norvège et l'Australie propose un nouveau sommet en 2015 pour laver l'échec de celui de Copenhague en 2009. Mais pour ce faire, il faut prolonger le protocole de Kyoto, seul instrument légal qui contraint les pays industrialisés à réduire leurs émissions et dont les dispositions s'achèvent en 2012.

Il faudra également à Durban abonder le fonds vert de 100 milliards de dollars prévu pour aider les pays pauvres a lutter contre les effets du réchauffement du climat pendant la période 2013-2020.

Les Européens sont restés discrets le 10 octobre sur ce point. En pleine crise budgétaire, leurs efforts se portent en priorité sur le sauvetage de l'euro.

La bataille a surtout porté sur la prolongation de Kyoto. La France, soutenue par l'Espagne, la Belgique, la Roumanie, la Bulgarie et l'Estonie, a défendu l'adhésion de l'UE à une deuxième période d'engagements sans conditions, a expliqué Mme Kosciusko-Morizet. Mais tous ses partenaires n'étaient pas sur cette ligne. Les signataires de Kyoto en 1997 contribuaient pour 30% des émissions mondiales. Mais le Canada, le Japon et la Russie ont annoncé qu'ils ne s'engageraient pas pour une seconde période.

Les partisans d'une prolongation de Kyoto -UE, Norvège, Suisse, Australie et Nouvelle-Zélande- ne représentent désormais que 15% des émissions. "À quoi sert de maintenir en vie un instrument si personne n'emboîte le pas à l'Union européenne", a soutenu la Commissaire européenne au climat Connie Hedegaard, suivie dans ce raisonnement par plusieurs gouvernements.

Aucun accord contraignant ne sera conclu à Durban et un nouveau cycle sera nécessaire en 2012. Deux pays, le Qatar et la Corée du Sud, sont candidats pour accueillir la prochaine conférence. "Il faut que les autres pays émetteurs s'engagent", a-t-elle insisté. Mme Hedegaard a plaidé pour que l'UE obtienne à Durban la confirmation par tous les pays émetteurs de leur engagement à réduire leurs émissions et l'adoption d'une "feuille de route" avec un calendrier et une date pour conclure le traité contraignant si attendu. "Si cela n'est pas obtenu, alors c'est fini", a estimé son entourage. Les Français et leurs partisans se sont rangés le 10 octobre sur cette ligne. "C'est une position intermédiaire, pas aussi allante que la France le souhaitait", a commenté Mme Kosciusko-Morizet.

AFP/VNA/CVN

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