Le PSA ("Prostate specific antigen") ne devrait plus être recommandé aux hommes en bonne santé car il ne permet pas de sauver des vies et conduit à des traitements inutiles, a conclu le Groupe de travail des services de prévention des États-Unis (USPSTF), selon ce rapport dévoilé dans la presse.
Les recommandations se fondent sur les résultats de cinq essais cliniques.
"Le manque de précision du test et son incapacité à distinguer les tumeurs bénignes des tumeurs agressives signifie qu'on diagnostique un cancer de la prostate à mauvais escient à un nombre conséquent d'hommes", pointe le rapport. "S'il y a un bénéfice, il est très mince au bout de dix ans", ajoute-t-il.
Ce test est effectué de façon routinière chez tous les hommes à partir de 50 ans. Il mesure le taux d'une protéine produite par la prostate et aide à détecter la présence de cellules cancéreuses dans cette glande. Mais une vaste majorité d'hommes, même porteurs des cellules cancéreuses, ne sont jamais affectés par ce cancer dont l'évolution est souvent très lente. Et même pour ceux qui souffrent d'une tumeur agressive de la prostate, le test ne semble pas améliorer le taux de survie, puisque rien ne montre jusqu'à présent un avantage à commencer un traitement plus tôt pour ces cancers qui font des métastases.
En 2010, l'American Cancer Society (ACS), qui ne recommande plus de pratiquer des tests PSA de routine pour la plupart des hommes depuis les années 90, avait exhorté les médecins à parler franchement avec leurs patients de ses risques et limites.
Le PSA, largement utilisé depuis les années 90, a eu des conséquences néfastes pour un grand nombre d'hommes qui ont subi à sa suite des biopsies et autres traitements souvent inutiles avec parfois de sérieuses complications.
Selon le comité fédéral, les résultats du PSA ont conduit un million d'hommes à être opérés de la prostate ou à subir des radiothérapies voire les deux. Parmi ces patients, au moins 5.000 sont décédés après l'intervention chirurgicale et de 10.000 à 70.000 ont souffert de graves complications. Le comité estime aussi que 200.000 à 300.000 d'entre eux souffrent d'impuissance, d'incontinence ou des deux.
Ces complications et le grand nombre d'hommes à en souffrir a conduit l'inventeur du test, le Dr Richard Ablin, à le qualifier de "désastre de santé publique".
Cependant, l'ONG américaine consacrée à la santé des hommes Men's Health Network, a réagi le 7 octobre en estimant que les recommandations du comité étaient "déroutantes". Ana Fadich, une responsable, a ainsi souligné qu'elles pourraient faire courir un "danger important" aux populations à risque qui pourraient être tentées de ne plus passer le test.
Un cancer de la prostate est diagnostiqué chez un Américain sur six, ce qui en fait le deuxième cancer le plus fréquent chez les hommes après celui de la peau.
Selon les statistiques fédérales, 32.000 hommes meurent du cancer de la prostate annuellement aux États-Unis et 217.730 nouveaux cas sont diagnostiqués. La plupart des décès interviennent après 75 ans.
Le comité fédéral devrait également affronter une forte résistance des laboratoires pharmaceutiques et des médecins, pour qui le PSA est très lucratif. Selon le Dr Ablin, il représente un marché d'au moins trois milliards de dollars par an.
AFP/VNA/CVN