En cinq ans, le nombre de New-Yorkais allant travailler à vélo a doublé, selon la mairie. Ils sont désormais des milliers à se frayer chaque jour un chemin au milieu des célèbres taxis jaunes, zigzaguant parfois allègrement dans les embouteillages.
Depuis 2007, New York s'est dotée de 350 km de pistes cyclables supplémentaires. Elle en compte désormais plus de 1.100 km, avec pour objectif de parvenir à 2.900 km à l'horizon 2030, selon la mairie.
Les cyclistes saluent la politique volontariste du maire Michael Bloomberg et de sa responsable des transports Janette Sadik-Khan. "Ils ont une vision incroyable", estime ainsi Brent Tongco, porte-parole de Bike New York, association qui s'applique à promouvoir ce mode de transport dans la "Grosse Pomme". "Les gens se sentent plus en sécurité, et donc ils sont plus nombreux à se déplacer en vélo", dit-il.
Selon la mairie, en dépit de leur nombre croissant, le nombre des cyclistes accidentés est resté stable ces dernières années.
Pour Brent Tongco, les New-Yorkais sont aussi de plus en plus nombreux à être sensibles aux questions de santé et d'environnement, d'où leur intérêt pour le vélo.
L'arrivée l'été prochain de 10.000 vélos en libre-service, troisième projet au monde de part sa taille (derrière la ville chinoise d'Hangzhou et derrière Paris), va encore amplifier le mouvement.
Le projet annoncé le 14 septembre enthousiasme certains New-Yorkais. En une semaine, près de 6.000 sont allés sur le site Internet de la mairie pour signaler sur une carte interactive où ils voudraient voir implantée une des 600 stations prévues.
Plusieurs présentations ont été organisées dans la ville. À Union Square, au cœur de Manhattan, une foule nombreuse se pressait, en dépit des averses, pour essayer ces gros vélos multicolores. "J'attendais ça depuis longtemps", se réjouit Quinn, un lycéen de 17 ans qui habite dans le quartier de Queens. "Le métro coûte cher", dit-il, "je ne peux pas payer un abonnement. Les vélos vont coûter 104 dollars par an (environ 76 euros), moins qu'une carte mensuelle de métro", ajoute-t-il. "Je pourrai descendre plus souvent à Manhattan". Même s'il s'inquiète du vandalisme, Victor Matos, un photographe qui fait du vélo depuis 1974, trouve aussi l'initiative intéressante, notamment pour les dizaines de millions de touristes qui visitent la ville chaque année.
La course sera gratuite si elle dure moins de 45 minutes, payante au delà. Les stations fonctionneront à l'énergie solaire.
Les opposants aux deux roues à New York, dont certains ont récemment intenté un procès -perdu- pour obtenir la fermeture d'une piste cyclable, s'insurgent.
Ils dénoncent l'argent consacré à ces projets, estiment que la mairie ferait mieux de créer des emplois (200 seront créés par les vélos en libre-service) et mettent l'accent sur les problèmes de sécurité pour les piétons.
Selon une récente étude du Hunter College, quelque 500 piétons sont heurtés chaque année par des cyclistes à New York. Mais les cyclistes et ceux qui veulent se convertir sont ravis. À Bike New York, les cours de vélo pour adultes sont déjà presque complets pour la première quinzaine d'octobre. "Nous avons de plus en plus de demandes", déclare Brent Tongco. Les sessions durent généralement deux heures. Après la pratique de base, d'autres cours permettent de se perfectionner, d'autres encore d'apprendre à réparer son vélo.
Cette année, les 156 bénévoles et instructeurs de Bike New York ont appris à faire du vélo à 3.650 adultes et enfants.
ASIE
La Chine est le pays qui compte le plus grand nombre de vélos partagés, avec notamment plus de 60.000 vélos en libre-service dans la ville touristique de Hangzhou : ses vélos rouges servent à effectuer en moyenne 220.000 déplacements par jour, soit 52 millions depuis le début de l'année, selon ses responsables. C'est le programme le plus important au monde.
Des programmes de moindre ampleur existent également à Taïwan, au Japon, et en Corée, selon une compilation des sites spécialisés.
EUROPE
En Europe, Paris et ses 20.000 "Vélib" est leader en la matière. Une trentaine d'autres villes françaises ont également un réseau de vélos en libre-service, dont Lyon, Bordeaux, Toulouse, Grenoble, Nice, Lille et Strasbourg. En Allemagne, plus de 30 villes, dont Munich (3.000) et Hambourg se sont également mises au vélo en libre-service, mais souvent en nombre très limité. L'Espagne a des vélos libre-service à Barcelone (6.000), Séville (2.500), Saragosse, et dans six autres villes. Au Royaume Uni, le système a été notamment implanté à Londres (6.000 vélos) et Nottingham. En Italie, Milan en compte 1.300 et Rome seulement 200. Bruxelles a aussi ses 2.500 "Villo", Stockholm en compte un millier.
AMÉRIQUE
Aux États-Unis, New York sera leader une fois ses 10.000 vélos installés à l'été 2012. Washington a un petit programme d'un millier de vélos, comme Miami Beach et Minneapolis. Dans des quantités moindres, une demi-douzaine d'autres villes américaines ont sauté le pas, dont Denver et San Antonio. Chicago vient d'annoncer qu'elle allait aussi mettre en place 3.000 vélos en libre-service d'ici l'été prochain. Au Canada, Montréal compte 5.000 "Bixi", Toronto un millier. Au Mexique, Mexico compte 1.200 vélos en libre-service.
OCÉANIE
En Australie, Brisbane compte plus de 1.000 "Vélib", et Melbourne 600 "Bixi". En Nouvelle-Zélande, Auckland a un petit programme de 250 vélos en libre-service.
AFP/VNA/CVN