Japon : six mois après le tsunami, un dispensaire contre la solitude des sinistrés

"La solidarité ne règle pas tout mais est irremplaçable". Six mois après le tsunami qui a dévasté le Nord-Est du Japon, le Secours populaire français a inauguré un dispensaire à Ishinomaki pour aider les rescapés à reconstruire une vie communautaire.

Quelque 4.000 résidents d'Ishinomaki sont morts le 11 mars lorsqu'une vague géante provoquée par un puissant séisme s'est abattue sur cette ville de 165.000 habitants de la préfecture ravagée de Miyagi, soit un cinquième de l'ensemble des victimes de cette catastrophe.

Les déchets ont beau avoir été regroupés et les routes nettoyées, le littoral reste sinistré, nombre d'écoles fermées et les commerces du bord de mer gardent porte close.

La plupart des sinistrés ont toutefois quitté les centres d'évacuation, souvent pour des habitations temporaires construites à marche forcée. "Le suivi sanitaire des rescapés est essentiel, les séquelles physiques et psychologiques sont courantes après une catastrophe naturelle de cette ampleur", explique le docteur Ismaïl Hassouneh, intervenu avec l'association française sur de nombreux désastres, comme le raz-de-marée d'Aceh (Indonésie) ou les inondations de Bab El Oued (Algérie).

L'aide internationale a afflué au Japon après ce cataclysme doublé d'un accident nucléaire à la centrale Fukushima Daiichi, à une centaine de kilomètres au Sud d'Ishinomaki.

Comme de nombreuses ONG, le Secours populaire a fourni des aliments et produits d'hygiène aux centres d'évacuation dans les semaines suivant le désastre. Mais les populations locales craignent aujourd'hui d'être abandonnées depuis que les médias n'en font plus leurs gros titres.

L'ouverture du dispensaire répond à cette "volonté de ne pas tourner la page" et de rester aux côtés des habitants traumatisés, souligne Julien Lauprêtre, président du Secours populaire, venu quelques jours au Japon avec une délégation pour évaluer les besoins.

Ce lieu de consultation gratuite est équipé du matériel permettant un examen médical à distance avec des médecins de Tokyo. Au-delà, il doit permettre d'améliorer la prise en charge des seniors, nombreux dans cette région semi-rurale. "En arrivant ici deux mois après la catastrophe, j'ai trouvé que le traitement des personnes âgées manquait de chaleur humaine", raconte Shinsuke Muto, un médecin originaire de Tokyo qui vient d'ouvrir la clinique You Home à Ishinomaki.

Le dispensaire assurera aussi la formation d'infirmières. Sur ses dix employés, sept sont originaires de la région, une manière de soutenir l'emploi local laminé par la catastrophe. "Il fallait aussi un lieu de rencontre pour les gens relogés dans les préfabriqués. Ici, des jeunes peuvent organiser une projection de cinéma, des moins jeunes un dîner entre amis", ajoute le docteur Muto.

La construction du bâtiment et son équipement - d'un coût de 500.000 euros avec les frais de fonctionnement pour une année - a été cofinancée par la clinique You Home et le Secours populaire.

L'organisation française a collecté en France un total de 700.000 euros pour le Japon, notamment auprès de Franco-Japonais ou de personnes émues par le sort d'un pays dont ils apprécient la culture populaire. "Des jeunes se sont mobilisés dans les lycées pour recueillir des fonds", se rappelle M. Lauprêtre.

Outre la création du centre médico-social, cet argent a permis de réhabiliter des écoles, de donner un autobus de ramassage scolaire et d'inviter des enfants de la région de Fukushima en vacances en France.

Avec les contacts pris lors de ce passage, M. Lauprêtre a promis d'intensifier le soutien à cette région éprouvée.

AFP/VNA/CVN

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