Gel de 3 ans des salaires des fonctionnaires, baisse de 10% des budgets des ministères, réduction du train de vie de l'État... ces mesures portant sur les années 2011 et 2012 doivent permettre à Rome de ramener le déficit public à 2,7% du PIB en 2012 contre 5,3% en 2009.
Adopté fin mai par le gouvernement, alors que la zone euro était secouée par les craintes de contagion de la crise grecque, ce plan vise à rassurer les marchés alors que l'Italie affiche l'une des dettes les plus élevées du monde qui devrait représenter 118,4% du PIB cette année. Il "protègera l'Italie de la spéculation financière et nous évitera de finir comme la Grèce", a plaidé Silvio Berlusconi, jugeant ces "sacrifices nécessaires".
En chute dans les sondages, en butte à la résistance de son allié récalcitrant, le président de la Chambre des députés Gianfranco Fini, le Cavaliere a dû engager sa confiance, tant au Sénat qu'à l'Assemblée, pour faire adopter ce texte critiqué y compris au sein de la majorité.
Les gouverneurs de régions de droite comme de gauche ont ainsi assuré qu'ils ne seraient plus en mesure d'assurer certains services en matière sociale ou de transports alors que 8,5 milliards d'économies sur les 2 ans sont imposées aux régions, soit la moitié de la réduction des dépenses prévues dans le plan.
Magistrats, fonctionnaires, médecins du service public ont également exprimé leur inquiétude. Fait inédit, les diplomates italiens du monde entier se sont mis en grève lundi contre le plan dont certaines mesures ont été qualifiées d'"absur- des" par le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini lui-même. Le monde de la culture est aussi en ébullition, craignant pour l'avenir des théâtres, opéras et musées.
Au cours du débat sur le vote de confiance, le leader du principal parti d'opposition, le Parti démocrate (PD), Pier Luigi Bersani, a dénoncé un budget "injuste" qui tuera "les faibles signaux de reprise" de l'économie. Selon lui, le plan affectera en premier lieu "les enseignants, les policiers, les infirmiers, les pompiers et les agriculteurs".
Un autre opposant, le centriste Pier Ferdinando Casini, a regretté que le plan ne prévoie pas de mesures d'incitations pour les entreprises, alors que le plus gros employeur du pays, la Fiat, a déjà décidé de produire en Serbie un modèle qui aurait du être assemblé à Turin.
Le parti de Silvio Berlusconi argue pour sa part que d'autres pays ont "adopté des mesures beaucoup plus dures", après l'adoption de plans similaires en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Allemagne ou en Grande-Bretagne.
Le plus gros syndicat du pays, la CGIL, avait organisé une grève générale le 25 juin et rassemblé selon lui un million de manifestants. Les 2 autres grands syndicats italiens, CISL et UIL, ne sont en revanche pas descendus dans la rue.
Ces divisions ont permis au passage l'adoption de mesures permettant de relever progressivement l'âge de départ à la retraite de plus de 3 ans d'ici 2050. Des modifications adop- tées sans coup férir alors que les réformes des retraites se heurtent à une vive opposition dans d'autres pays d'Europe.
AFP/VNA/CVN