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"Les pays de la zone euro vont réévaluer la force de leurs facilités d'assistance financière en mars. Cela formera une contribution essentielle à nos réflexions en cours pour mobiliser des ressources pour le FMI", ont indiqué les ministres des Finances du G20 dans un communiqué. Les Européens auraient aimé que le reste du monde suive leur engagement à injecter de l'argent dans le FMI. Mais leurs partenaires sont tombés d'accord pour que la zone euro achève d'abord son propre édifice, appelé par tous les ministres "pare-feu".
Même si les tensions se sont apaisées depuis le début de l'année sur les marchés financiers, et même si les négociations autour d'un nouveau plan d'aide à la Grèce se sont enfin achevées, le G20 souhaite que l'Union européenne ne relâche pas son effort pour venir à bout de la crise de la dette. Le calendrier se décline en plusieurs étapes. Dès le 23 février, les dirigeants de l'UE se retrouvent à Bruxelles pour lancer les discussions sur la dimension du Mécanisme européen de stabilité (MES), une structure commune permanente pour financer les États incapables de le faire sur les marchés de la dette.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a prévenu qu'une décision ne serait pas nécessairement prise à cette réunion. D'après lui, l'Europe a tout le mois de mars. "Je suis d'accord avec Wolfgang Schäuble, le mois de mars, c'est bon", mais "objectivement, le plus tôt sera le mieux", a estimé le 26 février son homologue français, François Baroin. "Il ne s'agit pas de répondre à la question : qui de la poule ou de l'œuf arrive en premier, est-ce que c'est d'abord l'augmentation du pare-feu européen puis des ressources du FMI ou l'inverse. Il s'agit d'avancer d'un même pied, en parallèle, sur ces deux sujets", a-t-il ajouté.
Étape suivante : lors de la prochaine réunion ministérielle du G20, prévue à Washington à la mi-avril, les progrès européens seront examinés par l'ensemble du groupe. Le G20 a rappelé le 26 février que ses chefs d'États et de gouvernement avaient demandé à "assurer que des ressources pourront être mobilisées pour le FMI en temps utile".
"Deuxième ligne de défense"
Face à la crise de la zone euro et à ses répercussions ailleurs, le FMI a annoncé en janvier qu'il était à la recherche de contributions pour augmenter de 500 milliards de dollars sa capacité de prêts. Jusqu'ici, seule la zone euro a promis d'apporter 150 milliards d'euros (202 milliards de dollars). Sa directrice générale, Christine Lagarde, a répété l'importance de ces sommes. "L'économie mondiale n'est toujours pas sortie de la zone dangereuse", a-t-elle écrit dans un communiqué.
Les États-Unis ont indiqué avec constance qu'ils n'étaient pas prêts à mettre la main au porte-monnaie. Ils estiment que le FMI, qu'ils qualifient de "deuxième ligne de défense", est suffisamment armé pour le moment, et que c'est à l'Europe d'ériger l'édifice de défense le plus haut possible. "La meilleure manière si vous voulez résoudre une crise qui met en péril votre économie et votre position budgétaire, c'est de prendre l'engagement d'en faire plus que nécessaire", disait le 25 février le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner.
À l'opposé, l'Allemagne veut que la zone euro reste dans l'orthodoxie budgétaire et monétaire. "Cela n'a aucun sens économique de suivre les appels (...) à injecter de l'argent indéfiniment dans les fonds de sauvetage ni de mettre en route la planche à billets de la BCE", rétorquait le 25 février le ministre allemand Wolfang Schäuble. Aucun pays n'a évoqué de montant précis propre à rendre le "pare-feu" satisfaisant, a rapporté un responsable d'une délégation du G20.
AFP/VNA/CVN