Le chef de file de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. |
"Il semble que de nouveaux travaux techniques doivent encore être réalisés entre la Grèce et la troïka" qui rassemble les principaux bailleurs de fond du pays, et ce "dans plusieurs domaines", a-t-il dit. "Dans ce contexte, j'ai décidé de convoquer les ministres à une conférence téléphonique demain" le 15 février, en remplacement d'une réunion physique prévue à l'origine à Bruxelles pour boucler le cas de la Grèce, a-t-il ajouté dans un communiqué.
Les ministres des Finances de la zone euro se retrouveront finalement à Bruxelles le 20 février pour faire le point lors d'une rencontre cette fois-ci prévue de longue date. La réunion du 15 février au soir devait servir à l'origine débloquer un plan de soutien d'une ampleur sans précédent, totalisant 230 milliards d'euros, avec une aide publique de 130 milliards d'euros et un effacement partiel de la dette de la Grèce de 100 milliards d'euros. Sans cette aide, le pays risque de se retrouver en faillite dans les semaines qui viennent.
Avant de donner son accord à ce programme d'aide, la zone euro avait toutefois fixé la semaine passé plusieurs conditions à la Grèce, dont le vote par son parlement du programme d'austérité exigé par ses créanciers publics. Ce qui a été fait le 12 février.
"Un trou budgétaire de 325 millions d'euros à combler"
Reste encore à Athènes à trouver 325 millions d'euros d'économies supplémentaires dans son budget 2012 et pour les chefs des partis de la coalition au pouvoir à s'engager par écrit à mettre en œuvre le plan de rigueur après les élections d'avril.
Sur ces points, une réunion préparatoire de hauts fonctionnaires de la zone euro le 14 février à Bruxelles a montré qu'il restait du travail à faire, a fait savoir M. Juncker. "Je n'ai pas reçu les garanties par écrit des chefs de la coalition au pouvoir en Grèce concernant la mise en place du programme d'austérité", a-t-il affirmé. Et il reste "un trou budgétaire de 325 millions d'euros à combler", a-t-il ajouté.
En outre, il reste des problèmes à dissiper concernant l'analyse de la "soutenabilité de la dette", a souligné M. Juncker. En clair, il n'est toujours pas certain que les trois éléments du plan de soutien à la Grèce - programme d'austérité, nouveaux prêts et effacement partiel de la dette - permettent de ramener comme prévu le niveau de la dette globale du pays à un niveau jugé soutenable, à savoir 120% du Produit intérieur brut en 2020 contre 160% aujourd'hui.
Le Fonds monétaire international, qui fait partie de la troïka, fait de ce seuil une condition pour apporter sa propre contribution au sauvetage de la Grèce. Le déblocage de l'aide à la Grèce n'a cessé d'être reporté depuis une dizaine de jours par les Européens qui exigent des garanties fermes des parties politiques sur place.
Plus tôt le 14 février, le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager, s'était montré sceptique sur une issue positive lors de la réunion de l'Eurogroupe. Lors d'un entretien à la chaîne de télévision RTLZ, il avait jugé "faible" la possibilité que le plan de sauvetage de la Grèce soit approuvé "définitivement" le 15 février. "Ils (le gouvernement grec, ndlr) doivent d'abord mieux faire leurs devoirs", a-t-il déclaré, soulignant que les Pays-Bas ne voteraient pas l'aide sans avoir pu examiner "clairement les conséquences pour l'économie, pour la croissance, pour la dette".
AFP/VNA/CVN