Le Premier ministre grec met en garde contre un risque de "chaos" sans vote

Le Premier ministre grec Lucas Papademos a mis en garde le 10 février contre un risque de "chaos incontrôlé" en Grèce sans accord sur le plan d'austérité, après la démission de six ministres opposés aux mesures de rigueur exigées par l'Union européenne et le FMI qui tentent d'empêcher la faillite du pays.

L'avertissement solennel de M. Papademos a été lancé au Conseil des ministres le 10 février, au soir d'une première journée de grève générale dans le pays, émaillée de violences en marge des manifestations qui protestaient contre la rigueur imposée par les créanciers du pays.

Sans vote au Parlement en faveur d'un programme économique de rigueur drastique, la Grèce n'a aucune chance de recevoir le premier centime d'une aide de 130 milliards d'euros préparée par l'UE et le FMI pour lui éviter un défaut de paiement incontrôlé en mars lorsqu'il devra rembourser une échéance de 14,5 milliards d'euros.

Georges Karatzaféris, chef du parti d'extrême droite grec Laos, le 10 février à Athènes.

Ce vote, explicitement demandé par les bailleurs de fonds doit marquer l'acceptation des Grecs des réformes d'assainissement demandées en plus de l'engagement écrit des chefs des partis politiques, car le programme de prêt doit s'étaler jusqu'en 2015, loin au delà de la durée de vie prévisible de l'actuel gouvernement.

Le retrait du soutien du parti d'extrême droite grec Laos au programme d'austérité a ajouté le 9 février un peu de confusion dans un pays qui n'en n'avait guère besoin, alors que les manifestations se sont soldées par une dizaine de blessés dont  huit policiers.

Alors que les quatre ministres d'extrême droite du gouvernement ont présenté leur démission soir du 10 février, ainsi qu'une ministre socialiste -qui s'ajoute à un autre départ en début de semaine- le Premier ministre Lucas Papademos a souligné que "quiconque était en désaccord avec le plan de rigueur ne pouvait rester au gouvernement".

Même sans le Laos, qui ne compte que 16 députés, M. Papademos disposera encore d'une majorité pour faire voter ce plan, mais le risque est grand que la coalition continue à tanguer.

En marge d'une manifestation qui a réuni à la place Syntagma au centre d'Athènes, quelque 7.000 personnes, la police a riposté par des tirs de gaz lacrymogènes à des jets de pierres et de cocktails Molotov d'un groupe de manifestants. Une manifestation séparée réunissant quelque 10.000 militants communistes du Front des travailleurs Pame à Athènes, s'est déroulée dans le calme et la discipline.

Une manifestation des Grecs devant le Parlement, le 10 février à Athènes.  
Photo : AFP/VNA/CVN

Comme en juin et octobre 2011, le centre d'Athènes a été paralysé par les débrayages dans les transports en commun et le fonctionnement au ralenti des services publics, les deux principaux syndicats du pays ayant appelé à une grève générale de 48 heures qui doit se poursuivre le 11 février.

Quelque 2.000 ouvriers des chantiers navals et dockers ont manifesté aussi au port du Pirée, où la grève bloquait les bateaux à quai.

La riposte syndicale a été lancée dès l'annonce le 9 février d'un accord des partis gouvernementaux sur le train de mesures exigé par les bailleurs de fonds.

Les mesures prévues, dont une réduction de 22% du salaire minimum dans le cadre d'une déréglementation générale du marché du travail, la suppression dans l'année de 15.000 emplois publics et des coupes sur certaines pensions de retraite, "vont être le tombeau de la société grecque", ont dénoncé les syndicats, déniant au gouvernement toute "légitimité pour les imposer".

"On est en train de faire de nous la Chine de l'Europe. Le seul résultat des nouvelles mesures ne sera pas de sauver la Grèce mais de sauver les banques", pestait place Syntagma Andréas Elmazoglou, qui termine à 24 ans des études d'ingénieur.

"Le peuple doit prendre les choses en mains (...) si ces mesures passent, la Grèce sera sous occupation", jugeait pour sa part Constantinos Amonas, ouvrier d'une usine de plasturgie.

Mais la véritable épreuve sociale doit se jouer dimanche, quand les contestataires de tous bords sont appelés à affluer devant le parlement avant le vote nocturne du plan d'austérité.

Face à cette échéance cruciale, le Premier ministre a prévenu que la Grèce se trouvait dans "un moment de responsabilité historique". "Je suis pleinement conscient que ce que vous devez décidez est douloureux", a ajouté M. Papademos à l'adresse des responsables politiques, toutefois "la faillite de la Grèce n'est pas une option que nous pouvons nous permettre".

Si le pays renonçait aux efforts demandés par les bailleurs de fonds et acceptait un défaut de paiement désordonné, l'État serait "incapable de payer les salaires, les pensions et de maintenir des services de base comme les hôpitaux et les écoles", a-t-il prédit.

M. Papademos a également annoncé que la Grèce révisait à 19 milliards d'euros, au lieu de 50 milliards, les gains attendus de son programme de privatisations devant intervenir d'ici 2015, tablant cependant sur un retour à la croissance en 2013.

AFP/VNA/CVN

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