L'annonce d'une injection de fonds par l'État, conjuguée à une mise à contribution des actionnaires, devait intervenir dès dimanche 3 août, alors que le titre Banco Espirito Santo, en chute libre, a été suspendu vendredi 1er août par le gendarme de la Bourse.
Le gouverneur de la Banque du Portugal, Carlos Costa, annoncera dès dimanche 3 août vers 22h30 locales (21h30 GMT) une "solution pour Banco Espirito Santo", a indiqué le porte-parole, sans confirmer des détails du plan.
Une agence de la banque portugaise Banco Espirito Santo à Lisbonne |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Faute de pouvoir honorer leurs dettes, cinq sociétés de l'empire familial Espirito Santo, principal actionnaire de BES, ont désormais déposé le bilan, mettant sous pression la banque, qui a tenté en vain de s'isoler des déboires de sa maison mère.
La facture a été lourde, avec une perte semestrielle record de 3,57 milliards d'euros. La capitalisation boursière a été divisée par trois, à 674 millions d'euros, et le ratio de fonds propres a chuté à 5%, en-dessous du minimum requis de 7%.
Une injection de fonds publics, puisés dans l'enveloppe destinée à la recapitalisation des banques dans le cadre du plan de sauvetage du Portugal, serait de nature à calmer l'inquiétude des épargnants, qui ne seront pas mis à contribution.
"Cela fait un moment que des clients de BES retirent leur argent. Il n'y a aucune raison à cela, mais la panique n'a rien de raisonnable", a commenté Joao Cesar das Neves, professeur d'économie à l'Université catholique de Lisbonne.
Actionnaires mis à contribution
En vertu des nouvelles règles européennes, les actionnaires et créanciers non prioritaires sont désormais priés de mettre la main à la poche en premier ressort avant qu'une banque ne puisse solliciter une aide de l'État. D'où la panique des actionnaires de BES, qui ont massivement vendu le titre en Bourse, le précipitant à des plus bas historiques.
Pour arrêter l'hémorragie, les autorités portugaises envisagent de retirer Banco Espirito Santo de la Bourse de Lisbonne dès lundi 4 août. Parmi les scénarios à l'étude figure la mise à l'écart des actifs toxiques, dont les titres de dette de la famille Espirito Santo, qui seraient logés au sein d'une structure de défaisance (bad bank), chargée de les liquider.
Les actifs sains seraient confiés au Fonds de résolution des banques portugaises, créé en 2012 à la demande de la troïka (UE-FMI-BCE) des créanciers du Portugal. C'est à travers ce fonds que le gouvernement envisage d'injecter dans BES une partie des 6,4 milliards d'euros qui lui restent de l'enveloppe de 12 milliards réservés aux banques. Quant à la "bad bank", elle resterait entre les mains des actuels actionnaires, qui risquent d'être lourdement pénalisés car ils seraient amenés à en assumer les pertes.
AFP/VNA/CVN