"Nous devons d'abord nous montrer modestes car nous n'imaginons même pas ce que pourront être les services du futur, personne n'imaginait le succès des SMS, par exemple", estime Gabrielle Gauthey la vice-présidente chargée des affaires publiques d'Alcatel Lucent, lors du Forum de l'Union internationale des télécommunication qui se déroule jusqu'à jeudi dernier à Genève.
Le co-directeur du centre de recherche sur le mobile de l'opérateur chinois Datang, Weiguo Ma, imagine déjà que dès que nous nous habillerons le matin, une série de capteurs dans nos vêtements enverra des données à un expert médical qui pourra les analyser.
Il pense également que tous nos écrans (TV, mobiles et tablettes) deviendront des "équipements universels de télécommunications" qui nous identifieront grâce à des données biométriques et qu'ils ne nous permettront plus seulement de communiquer avec les autres personnes, mais aussi avec les objets, qui seront eux mêmes équipés de puces.
Une vision du futur que l'ancienne ministre des Communications de Finlande, Suvi Lindén, a du mal à admettre. "Je ne pense pas que je me glisserai dans ce genre de costume le matin", plaisante-t-elle.
Pour ce membre de la commission des Nations unies sur le développement numérique, la ville du futur devra d'abord "être agréable à vivre pour les citoyens", et les technologies de l'information et de la communication (TIC) ne devront être là que "pour renforcer les services déjà existants". "Aujourd'hui, les personnes handicapées ou âgées sont en dehors du monde des TIC, les politiciens et le secteur privé doivent s'emparer du sujet", clame-t-elle.
Une idée encouragée par Andrea Saks, spécialiste des télécommunications et de la surdité qui rappelle que selon les chiffres de l'ONU, en comprenant les personnes âgées, 10% des quelques 7 milliards d'habitants de la planète ont un handicap.
"Nous demandons d'abord que les logiciels, applications ou matériels électroniques soient compatibles entre eux", explique-t-elle, et ensuite "nous pensons qu'il faut éduquer les développeurs d'applications, les créateurs de standards et les créateurs des cités numériques".
Ce que tous demandent d'abord au numérique c'est d'améliorer la vie des citadins en donnant des informations pour un trafic automobile plus fluide et des transports en commun plus efficaces, mais aussi de gérer l'énergie et les ressources de manière plus durable.
Faire de la ville numérique un nouvel Eden, pourquoi pas, mais pour Moussa Benhamadi, ministre des TIC d'Algérie, un pays déjà touché par l'exode rural, cela n'a pas de sens si le monde rural ne bénéficie pas du même niveau d'emploi ou d'éducation que les cités. "Nous risquons d'attirer encore plus de monde dans les villes", s'inquiète-t-il, "comment faire pour que les citoyens restent dans leur pays, leur village, il faut une amélioration de la qualité de vie".
Autre pays, mais même combat, au Canada, Andrea Feunekes, co-Pdg de Remsoft, milite pour que les petites agglomérations aient un accès équivalent aux TIC que les grandes villes comme c'est le cas dans la ville de l'état rural du New Brunswick, Fredericton, où l'entreprise de logiciels a choisi de s'installer. "Dans ma petite ville de 80.000 habitants, tout le monde a accès à un réseau wi-fi, pas seulement les professionnels, et ça relève le niveau pour tous. De manière générale, avec un meilleur accès aux technologies les gens n'auraient pas besoin de partir pour de plus grandes villes", assure-t-elle.
AFP/VNA/CVN