Ce chiffre est conforme à la fourchette de 2% à 5% du PIB mondial, établi préalablement par le Fonds monétaire international (FMI) afin d'estimer l'ampleur du blanchiment d'argent, précise l'office de l'ONU.
Cependant "moins de 1% des flux financiers illicites mondiaux sont actuellement saisis et gelés", selon le rapport "Estimation des flux financiers illicites résultant du trafic de drogues et d'autres crimes transnationaux organisés", indique l'ONUDC. "Le suivi des flux de fonds illicites générés par le trafic de drogue et le crime organisé et l'analyse de la manière avec laquelle ils ont été blanchis à travers les systèmes financiers mondiaux, restent de lourdes tâches," a cependant reconnu le directeur de l'ONUDC, Youry Fedotov, lors de la Conférence internationale de l'ONU sur la corruption qui se tient actuellement à Marrakech. "L'investissement de +l'argent sale+ peut fausser l'économie et entraver l'investissement et la croissance économique", aiii souligné le responsable onusien.
Le rapport de l'ONUDC indique que tous les bénéfices de la criminalité, à l'exclusion d'évasions fiscales, s'élèveraient à environ 2.100 milliards de dollars, ou 3,6% du PIB en 2009.
En dehors de ce montant, les bénéfices de la criminalité transnationale organisée -comme le trafic de drogue, contrefaçon, trafic d'êtres humains et contrebande de petites d'armes- s'élèvent à 1,5% du PIB mondial, dont 70% auraient pu probablement être blanchis à travers le système financier, selon le rapport. "Le commerce illicite des drogues -qui représente la moitié des bénéfices de la criminalité transnationale organisée et un cinquième de tous les bénéfices de la criminalité- est le secteur le plus rentable", selon l'étude. Celle-ci a accordé une "attention particulière au marché de la cocaïne, probablement la drogue illicite la plus lucrative pour les criminels transfrontaliers".
Ainsi, "les bénéfices bruts des trafiquants issus du commerce de la cocaïne aux États-Unis s'élevaient à environ 84 milliards de dollars en 2009", selon l'étude.
Alors que les producteurs Andins de coca ont gagné environ un milliard de dollars, la grosse quantité des revenus générés par la cocaïne a eu lieu en Amérique du Nord (35 milliards d'USD) suivie par l'Europe occidentale et centrale (26 milliards d'USD).
Près des deux tiers de ce montant ont pu être blanchis en 2009, affirme l'étude qui souligne qu' "une fois l'argent illégal est introduit dans les marchés mondiaux et financiers, il devient beaucoup plus difficile de retracer ses origines". "Le défi de l'ONUDC est de travailler (...) avec les États membres pour contribuer à renforcer la capacité pour suivre et prévenir le blanchiment d'argent, renforcer la primauté du droit et empêcher que ces fonds ne soient à l'origine d'autres souffrances", a conclu M. Fedotov.