Selon le classement en 2010 de la Banque mondiale, le pays se classe 53e parmi 155 pays en termes d'indice de réalisation des logistiques, occupant le premier rang dans le groupe des pays à bas moyen revenus.
Au Vietnam, les services de logistique contribuent pour environ 15-20% au PIB national. Pourtant, une grande partie de ce secteur est entre les mains d'entreprises étrangères (70% des parts de marché, selon des estimations). Cette tendance se renforcera en 2014 une fois que le marché de la logistique sera totalement ouvert aux entreprises étrangères, dans le cadre des engagements du pays envers de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Selon l'Association vietnamienne de transport et de réception (Viffas), le Vietnam recense actuellement 1.200 entreprises de services de logistique, surtout dans le transport maritime. Mais seulement 20% des marchandises d'import-export sont prises en charge par des entreprises nationales. Le plus inquiétant, c'est que celles-ci ne jouent qu'un rôle de "satellite" pour les sociétés de logistique étrangères. Elles assument seulement un maillon de la chaîne comme le remplissage des formalités douanières, la location de véhicules, de dépôts de marchandises..., alors que les services de logistique constituent un processus complet englobant fourniture, transport, surveillance de la production, entreposage, distribution... "Le Vietnam n'a pas encore de véritable compagnie de logistique", considère le directeur général étranger d'une multinationale implantée à Hô Chi Minh-Ville.
Les entreprises vietnamiennes de ce secteur, du fait qu'elles ont vu le jour beaucoup plus tard que leurs consoeurs étrangères, manquent d'expériences et de fonds pour espérer concurrencer leurs homologues internationales telles que APL Logistics, NYK Logistics, OOCL Logistics, Schenker Logistics... Celles-ci appartiennent à des groupes puissants, expérimentés, dotés d'une forte compétitivité, d'une puissance financière, d'un grand réseau de concessionnaires, d'un réseau d'entrepôts spécialisés et de services dans le monde entier.
Intégration aséanienne, avantages et défis
La libéralisation de la logistique a été un des secteurs prioritaires de l'ASEAN, qui a défini un itinéraire concret pour y parvenir. L'objectif est de faire de l'ASEAN un pôle de logistique de niveau régional (Asie-Pacifique). Mais plusieurs pays aséaniens, dont le Vietnam, se heurtent à des difficultés, liées à des différences de réglementations sur le transport, de formalités douanières, administratives, de normes techniques... Le manque de personnel qualifié est également en cause. Les pays aséaniens doivent élaborer une norme juridique et l'observer à la lettre s'ils veulent surmonter les difficultés.
Le volume de marchandises d'import-export du Vietnam augmente de plus en plus. Cela signifie que les services de logistiques deviennent de plus en plus lucratifs pour les entreprises en particulier et l'économie en général. Selon les prévisions, en 2015, si la valeur des importations et des exportations nationales atteignait 200 milliards de dollars, celle des logistiques serait d'environ 40 milliards (soit 20%). Il s'agit là d'un chiffre colossal ! La question qui se pose, c'est de comment s'y prendre pour que les entreprises nationales aient une part de ce gâteau appétissant... et non plus les miettes ? Si les entreprises nationales veulent concurrencer les leaders mondiaux, elles devront s'associer pour disposer de suffisamment de ressources financières, humaines, techniques… De plus, il faudra des centres de formation spécialisés dans ce secteur, qui évolue sans cesse. Ces établissements devront aussi établir des partenariats avec de grandes écoles internationales pour actualiser les connaissances et expériences en la matière.
Thê Linh/CVN