Sécurité maximum garantie pour les centrales nucléaire

Le Vietnam mettra en chantier sa centrale nucléaire de Ninh Thuân 1 en 2014 pour l'inaugurer en 2020. Premier de ce type au Vietnam, ce projet intéresse de près l'opinion publique, en particulier sur le plan de la sécurité.

Sueo Machi, ancien directeur général adjoint de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ancien commissaire de la Commission japonaise de l'énergie atomique, coordinateur du Forum de coopération nucléaire en Asie (FNCA) a accordé une interview au journal Công an nhân dân (Police populaire) sur la sécurité des centrales nucléaires. L'interview a été donnée en marge d'une conférence des coordinateurs du projet médiatique sur le développement de l'énergie nucléaire des pays membres du FNCA, tenu en février à Hanoi.

À votre avis, quels facteurs peuvent contribuer à garantir une sécurité maximale pour l'exploitation des centrales nucléaires ? Avez-vous des remarques à faire relatives aux conditions spécifiques du Vietnam ?

Le facteur sécurité a été considéré en premier lieu dans la conception des centrales au Vietnam. Si pendant le fonctionnement, une erreur quelconque est commise, un système spécifique de la centrale prendra en charge la réparation de cette erreur. Cependant, le rôle des personnes responsables du fonctionnement de la centrale est très important. Ces personnes doivent bénéficier d'une formation approfondie, notamment via le matériel de simulation. Les activités d'entretien sont aussi nécessaires pour éviter des incidents regrettables.

Le Japon aidera le Vietnam à construire sa 2e centrale nucléaire. Pourriez-vous nous présenter brièvement les technologies que le Japon va transférer au Vietnam ?

Je suis ravi que les gouvernements vietnamien et japonais soient parvenus à un accord de coopération selon lequel le Japon aidera le Vietnam à construire sa 2e centrale nucléaire. Avec ses 45 ans d'expériences dans l'exploitation de ses centrales nucléaires, le Japon transfèrera ses technologies au Vietnam. Le Japon dispose actuellement de deux types de technologies : les réacteurs à eau pressurisée (REP) et les réacteurs à eau bouillante (REB). La décision concernant le choix de la technologie appartient au gouvernement vietnamien. Une fois la décision prise, le Japon transférera l'intégralité des technologies.

En plus de la technologie, le Japon a-t-il d'autres assistances à proposer au Vietnam, tels le financement ou la formation des ressources humaines ?

Le Japon fournira au Vietnam un package complet. En 2010, le Japon a formé entre 50 et 60 cadres vietnamiens dans le domaine de l'électricité nucléaire. Prochaine- ment, le Japon continuera à assister le Vietnam dans la formation des ressources humaines au service de l'exploitation des futures centrales nucléaires.

Pour construire une centrale nucléaire, le plus difficile est de convaincre du bien-fondé de l'ouvrage les populations vivant à proximité. Elles ont en effet des raisons de s'inquiéter à propos de leur sécurité et de l'impact de l'ouvrage sur l'environnement. Votre analyse ?

Dans ce domaine, le Vietnam et le Japon sont bien différents. Le deuxième a subi des catastrophes nucléaires avec le largage des deux bombes atomiques et c'est un pays pauvre en ressources naturelles. Environ 80% des Japonais acceptent les centrales nucléaires pour assurer la sécurité énergétique nationale. Cependant la moitié d'entre eux se soucient toujours de la manière d'opérer pour faire fonctionner les centrales nucléaires en toute sécurité. Au Japon, la production de l'hydroélectricité n'occupe seulement que 4% de la production électrique nationale alors que l'électricité nucléaire en représente 14%. L'objectif du Japon à l'horizon 2030 est de porter la proportion de l'électricité nucléaire dans la production électrique nationale à 50%.

Au Vietnam, les ressources gazo-pétrolières et charbonnières sont abondantes, mais la demande en électricité de la société est en perpétuelle croissance, ce qui exige d'autres nouvelles sources d'énergie. L'électricité solaire, en dépit du fait qu'elle soit propre, coûte néanmoins dix fois plus cher à produire que l'énergie nucléaire. L'électricité éolienne coûte également deux fois plus cher que l'électricité nucléaire. Donc, le développement de l'énergie nucléaire est nécessaire au Vietnam. Les gens ne devraient pas trop se préoccuper du problème de la sécurité des centrales parce que les technologies actuelles sont très avancées, et donc très sûres.

Comment évaluez-vous les relations de coopération entre l'AIEA et le Vietnam dans le domaine de l'énergie atomique ?

J'ai travaillé pour l'AIEA pendant 12 ans. Je pense que l'AIEA peut jouer un rôle important en aidant le Vietnam dans l'application de la radiation et dans le développement de l'énergie nucléaire. Le gouvernement vietnamien a préconisé la construction de centrales nucléaires il y a dix ans. Avec son expérience, l'AIEA a beaucoup aidé le Vietnam tant dans la formation des ressources humaines que dans le partage d'expériences.

Selon Lê Van Hông, directeur adjoint de l'Institut national de l'énergie atomique, le Vietnam fera face à une grave pénurie d'électricité s'il ne construit pas de centrales nucléaires :
La demande en électricité au Vietnam augmente de 15-16% par an alors que les sources hydroélectriques et thermiques montrent de plus en plus leurs limites. Nous sommes contraints d'importer du charbon étranger pour produire de l'électricité. Si le pays ne se lance pas dans les projets d'électricité nucléaire, la pénurie ira en s'aggravant.
Actuellement dans le monde, 31 pays utilisent l'électricité nucléaire. Cette source d'énergie représente 16% de la production électrique mondiale. Par conséquent, l'État vietnamien a approuvé le programme de développement de l'électricité nucléaire pour préparer la construction de la première centrale. La construction des centrales nucléaires doit se faire avec une vision à long terme, d'un siècle. Après 2015, nous serons obligés d'importer de l'énergie. Il est donc temps pour nous de trouver une nouvelle source d'énergie pour répondre aux besoins. Je pense que, en plus des énergies renouvelables et du charbon importé, nous devons développer l'électricité nucléaire. Comme prévu, la première centrale pourra fonctionner en 2020.

Linh Thao/CVN

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