Les prêts entre particuliers en test à partir du 1er juillet

Les prêts entre particuliers seront testés pendant deux ans dans un cadre réglementaire inédit au Vietnam. Objectif : encadrer l’innovation financière tout en protégeant les utilisateurs et le système bancaire.

>> Les prêts bancaires s'accélèrent à Hô Chi Minh-Ville

>> Les banques de détail se tournent vers les entreprises pour stimuler la croissance du crédit

>> Le total des capitaux d'investissement social décaissés en neuf mois en hausse de 6,8%

Le Vietnam lancera, à partir du 1er juillet, un essai de deux ans portant sur trois solutions Fintech : les prêts entre particuliers (P2P lending en anglais), l’évaluation de crédit et le partage de données via des interfaces de programmation d’applications ouvertes (API).

Cette initiative est encadrée par le décret gouvernemental N°94, publié le 29 avril dernier, qui établit un mécanisme de test contrôlé (sandbox) pour les activités Fintech dans le secteur bancaire. Parmi les solutions autorisées figure les prêts P2P, un modèle qui connecte directement emprunteurs et prêteurs via des plateformes en ligne, contournant les institutions financières traditionnelles.

Les tests des prêts P2P seront limités au territoire vietnamien. 
Photo : VNA/CVN

Gestion des prêts et du risque de litiges

Dans le cadre de ce projet pilote, seules les sociétés de prêt P2P agréées par la Banque d’État du Vietnam (BEV) seront autorisées à opérer. Les banques étrangères sont exclues de la participation. Si les établissements de crédit et les entreprises Fintech peuvent participer à cette expérimentation, leur inclusion ne garantit pas leur conformité aux futures réglementations commerciales ou d’investissement, une fois les lois formellement établies.

Le Vietnam compte actuellement une centaine de sociétés de prêts P2P, dont plusieurs bénéficient d’investissements étrangers. Toutefois, la BEV a exprimé des inquiétudes concernant la transparence et le contrôle des accords existants, en raison de l’absence de mécanismes de gestion des prêts et du risque accru de litiges.

Au-delà du prêt, le paysage Fintech vietnamien compte environ 200 entreprises, dont 90% desservent le secteur bancaire à travers des services tels que les paiements numériques, l’évaluation du crédit et les applications financières. Le décret N°94 autorise également les tests contrôlés de ces technologies, en particulier les systèmes d’évaluation de crédit et le partage de données via API ouvertes.

Le gouvernement affirme que cette initiative vise à stimuler l’innovation, à renforcer la transparence et à améliorer l’accès à des services financiers efficaces et abordables pour les particuliers et les entreprises. Elle entend également concilier innovation et gestion des risques, tout en garantissant la protection des consommateurs dans un marché Fintech en plein essor.

Selon la BEV, le prêt entre particuliers repose sur une plateforme en ligne qui met directement en relation emprunteurs et investisseurs, éliminant les intermédiaires financiers traditionnels. Les transactions de prêt et de remboursement sont enregistrées électroniquement, stockées en toute sécurité, et accessibles au public via les systèmes mis en place par les développeurs des plateformes.

Can Van Luc, économiste en chef chez la Banque d’investissement et de développement du Vietnam (BIDV), estime que les modèle P2P est adapté aux petits prêts, car il réduit les coûts et les délais pour les emprunteurs grâce à des procédures simplifiées. Par exemple, le coût de mobilisation auprès des banques ou des organisations est d’environ 5%, le coût total d’emprunt est de 10%, ce qui implique un coût intermédiaire de 5%. Le modèle P2P permet aux investisseurs de placer des fonds inutilisés et d’en tirer des intérêts plus élevés, tandis que les emprunteurs bénéficient de taux plus avantageux.

Il avertit cependant : “Ce modèle repose sur le prêt d’argent à des inconnus, ce qui comporte un risque très élevé. Il est donc essentiel d’évaluer la solvabilité des emprunteurs, de mettre en place des mécanismes de recouvrement, de clarifier les responsabilités des acteurs impliqués, et de définir les modalités de recours ainsi que les taux d’intérêt appliqués”.

Rôle et responsabilité de chaque acteur

L’expert financier Nguyên Tri Hiêu identifie quatre niveaux dans le modèle de prêt P2P : Les entreprises Fintech dévelop-pent des applications mettant en relation investisseurs et emprunteurs. Elles évaluent ensuite la situation financière des emprunteurs et la transmettent aux investisseurs. Ces sociétés ne sont pas seulement des intermédiaires, mais deviennent également parties prenantes à la signature des contrats. Enfin, elles sont responsables du recouvrement des créances et de la liquidation des actifs des in

M. Hiêu insiste sur le fait que la BEV doit clairement définir les rôles et responsabilités de chaque acteur pour minimiser les pertes pour les investisseurs. Il appelle à un encadrement rigoureux des problèmes actuels.

Ces dernières années, les activités Fintech au Vietnam ont connu un fort développement, tant en nombre d’acteurs qu’en diversité des produits, services et investissements. Toutefois, en l’absence de cadre juridique clair, ces modèles présentent des risques potentiels pour les utilisateurs, des risques systémiques, ainsi que des risques éthiques, particulièrement en cas de manque de supervision rigoureuse.

Les tests Fintech sont limités au territoire vietnamien : les expérimentations transfrontalières sont interdites. La période d’essai peut être prolongée si nécessaire. Enfin, des certificats d’autorisation peuvent être délivrés aux établissements de crédit et aux succursales de banques étrangères pour leur permettre de participer au sandbox.

Thê Linh/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top